Centrafrique : mort suspecte d’un détenu de la prison du Camp de Roux

Centrafrique : mort suspecte d’un détenu de la prison du Camp de Roux

 

Sortie du véhicule de Croix-rouge de la prison de Ngaragba le 22 mai 2020. Photo CNC / Anselme Mbata sortie-ambullance-de-ngaragba-avec-la-mort-du-detenu-de-coronavirus-le-21-mai-2020 Coronavirus en prison : les deux détenus testés positifs à Ngaragba sont morts
Sortie du véhicule de Croix-rouge de la prison de Ngaragba le 22 mai 2020. CopyrightCNC

 

Bangui, CNC. Le Camp de Roux, l’une des prisons politiques de Bangui, se transforme en mouroir pour détenus. Le décès de Yacoub Gawame le 19 octobre 2024, privé de soins médicaux urgents, dévoile l’ampleur des dysfonctionnements d’un système pénitentiaire centrafricain à la dérive, où la vie des prisonniers ne vaut rien.”

 

Mort d’un détenu de la prison du Camp de Roux : des négligences fatales.

 

D’après les informations recueillies par la rédaction du CNC, l’état de santé de Yacoub Gawame s’était considérablement dégradé ces derniers jours. Malgré les alertes, l’administration pénitentiaire aurait refusé de le transférer vers un hôpital, préférant le garder dans l’infirmerie de la prison, notoirement sous-équipée et mal entretenue.

 

« Les autorités ferment les yeux sur la situation sanitaire désastreuse de détenu à la prison du Camp de Roux. Le service médical de la prison manque de tout, c’est criminel de laisser les prisonniers y mourir » , dénonce un avocat sous couvert d’anonymat.

 

Cette négligence apparente pose de graves questions sur le respect des droits fondamentaux de détenu à la prison du Camp de Roux, en particulier leur droit à la santé et à la dignité.

“Entrée de l’état-major des FACA avec une grande arche portant leur Lentree-de-letat-major-des-FACA-au-camp-de-Roux-caracterisee-par-une-arche
L’entrée du camp militaire de Roux. CopyrightCNC

 

Une pratique systémique.

 

Le cas de Yacoub Gawame ne serait pas isolé. Selon plusieurs témoignages concordants, l’administration du Camp de Roux refuserait systématiquement les transferts de détenu à la prison du Camp de Roux  malades vers les hôpitaux de la capitale. L’exemple palpable est celui du député Dominique Yandocka, malade, mais toujours détenu dans la prison sous équipée.

 

« C’est une pratique courante ici. On préfère laisser mourir les prisonniers plutôt que de les soigner correctement » , affirme un ancien détenu du Camp De Roux. Cette politique meurtrière viserait notamment à limiter les risques d’évasion, au mépris de la vie des prisonniers.

 

Le cynisme mortel de l’administration pénitentiaire

 

Des informations d’une source judiciaire obtenues par notre rédaction dévoile une fois de plus l’ampleur du scandale. D’après des témoignages concordants, l’administration du Camp de Roux aurait libéré Yacoub Gawame in extremis, alors que son état de santé était déjà critique. Le détenu a été transféré à l’hôpital de l’Amitié dans le 4ème arrondissement, où il est décédé une semaine plus tard.

 

Cette manœuvre de l’administration pénitentiaire apparaît comme une tentative désespérée d’échapper à ses responsabilités. « Ils ont préféré se débarrasser d’un homme mourant plutôt que d’assumer les conséquences de leur négligence » , dénonce un avocat spécialisé dans les droits des détenus. Ce comportement témoigne d’un mépris total pour la dignité humaine et d’une volonté manifeste d’étouffer un potentiel scandale, au détriment de la vie d’un homme.

 

Cette affaire expose au grand jour les dysfonctionnements profonds du système carcéral centrafricain et l’urgence d’une réforme en profondeur pour garantir le respect des droits fondamentaux des détenus.

 

Le corps de Yacoub Gawame a été transféré dans la matinée du 24 janvier à la mosquée Ali Babolo du quartier PK5, sans qu’aucune autopsie n’ait apparemment été pratiquée. Cette précipitation provoque des interrogations sur la volonté des autorités de faire toute la lumière sur ce décès.

 

Le décès de Yacoub Gawame dévoile les conditions de détention déplorables qui prévalent au Camp de Roux, et plus largement dans le système carcéral centrafricain. Il est urgent que les autorités prennent des mesures concrètes pour garantir le respect des droits fondamentaux des détenus, à commencer par leur droit à la santé.

 

L’ONU ignorée : des avertissements restés sans effet.

 

Le drame de détenu à la prison du Camp de Roux confirme les inquiétudes exprimées par le Secrétaire général de l’ONU il y a quelques mois. António Guterres avait alors dénoncé « les conditions de détention inhumaines et dégradantes » dans les prisons centrafricaines, appelant le gouvernement à prendre des mesures urgentes. Force est de constater que cet avertissement est resté lettre morte, avec des conséquences aujourd’hui fatales pour Yacoub Gawame et potentiellement pour d’autres détenus.

 

La sourde oreille du gouvernement face à la détresse des détenus.

 

Les prisonniers eux-mêmes, y compris de détenu à la prison du Camp de Roux,  tentent désespérément d’alerter sur leur sort. « Plusieurs mouvements de grève de la faim ont été organisés ces derniers mois pour dénoncer nos conditions de détention, mais le gouvernement reste sourd à nos appels » , témoigne un détenu sous couvert d’anonymat. Cette indifférence des autorités face à la détresse des prisonniers traduit un mépris flagrant pour la dignité humaine et les droits fondamentaux. Le décès de Yacoub Gawame n’est que la partie émergée d’une crise humanitaire qui couve dans les geôles centrafricaines.

 

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