L’hypocrisie de l’État centrafricain face aux alcools frelatés de Wagner

L’hypocrisie de l’État centrafricain face aux alcools frelatés de Wagner

 

L'arrivée à Béloko de la bière de Wagner Wa Na Wa arrivee-de-la-biere-de-Wagner-Wa-Na-Wan Sous tension : la bière de Wagner Wa-Na-Wa arrive à Cantonnier
Arrivée du camion d’alcools frelatés de Wagner à Cantonnier. CopyrightaCNC

 

 

Bangui, CNC. La lutte contre les alcools frelatés en République centrafricaine prend des allures de farce tragique. Alors que le gouvernement multiplie les opérations coup de poing contre les produits illicites importés, il ferme les yeux sur la production massive d’alcools frelatés de Wagner  . Cette situation ubuesque révèle l’emprise des mercenaires russes sur l’État centrafricain, au mépris de la santé publique et de l’État de droit.

 

Alcools frelatés de Wagner : une production hors de tout contrôle.

 

Depuis deux années, le groupe Wagner inonde le marché centrafricain d’alcools frelatés produits dans le pays, sans aucun contrôle sanitaire. Leur produit phare, baptisé “Wanawa”, est commercialisé en sachets de 100 FCFA. L’étiquette annonce un degré d’alcool de 45 à 50°, mais la réalité pourrait être bien plus alarmante.

 

« Personne ne peut vérifier le degré réel d’alcools frelatés de Wagner  dans ces sachets. Ça pourrait être 150 ou 200 degrés, c’est extrêmement dangereux » , s’alarme un médecin de l’hôpital communautaire de Bangui sous couvert d’anonymat. « Wagner ne subit aucun contrôle sur sa production. Leurs usines sont des zones de non-droit » .

 

La gamme de produits Wagner ne s’arrête pas là. Des bouteilles d’un litre sont vendues 1000 FCFA, présentées comme de la bière Africa ti l’or à 6 degrés. « C’est un mélange de vodka et d’eau avec des additifs douteux. Ils appellent ça de la bière, mais c’est une arnaque qui peut tuer » , témoigne un ancien employé de l’usine Wagner.

 

Ces breuvages sont distribués massivement dans tout le pays, y compris dans les zones frontalières où les autorités prétendent lutter contre les trafics. « À Cantonnier, Wagner a installé son bar d’alcools frelatés de Wagner  juste à côté du poste-frontière. Ils vendent de l’alcool frelaté en masse sous les yeux des douaniers qui n’osent rien dire » , rapporte un commerçant local.

Paquet orange de Vodka Wa Na Wa de 50 ml avec un rhinocéros en image de marque sachet_vodka_wanawa-_vendu_par_wagner Wagner rend la jeunesse centrafricaine accro à ses poisons alcoolisés
sachet_vodka_wanawa-_vendu_par_wagner – Wagner rend la jeunesse centrafricaine accro à ses poisons alcoolisés

 

Alcools frelatés de Wagner : l’omerta des autorités.

 

Face à cette situation, le silence des autorités centrafricaines est assourdissant. Malgré les nombreuses alertes lancées par des travailleurs et des médecins, aucune enquête n’a été ouverte sur les activités de Wagner dans ce domaine.

 

« Le gouvernement a peur de Wagner. Personne n’ose contrôler leurs activités par crainte de représailles » , explique un haut fonctionnaire sous couvert d’anonymat. « Wagner est au-dessus des lois en Centrafrique. Ils font ce qu’ils veulent » .

 

Cette impunité contraste violemment avec le zèle déployé contre les produits importés. Le mardi 15 octobre dernier, les autorités ont organisé une opération médiatique de destruction d’alcools frelatés saisis à la frontière camerounaise, plus précisement à Cantonnier. Des centaines de sachets et bouteilles ont été brûlés publiquement.

 

« C’est du théâtre. Pendant qu’ils brûlaient quelques cartons de produits camerounais, les camions de Wagner déversaient des milliers de litres d’alcool frelaté dans tout le pays » , dénonce un leader d’une association de la jeunesse centrafricaine. « Le gouvernement fait semblant de lutter contre ce fléau, mais il laisse Wagner empoisonner la jeunesse centrafricaine » .

Paquet rose de Vodka Wa Na Wa de 50 ml avec un rhinocéros en image de marque sachet_vodka_wanawa_de_wagner Wagner rend la jeunesse centrafricaine accro à ses poisons alcoolisés
sachet_vodka_wanawa_de_wagner – Wagner rend la jeunesse centrafricaine accro à ses poisons alcoolisés

 

Une campagne de sensibilisation hypocrite.

 

Comble de l’ironie, le gouvernement centrafricain a récemment lancé une campagne de sensibilisation sur les dangers de l’alcool frelaté. Des diffusion radio et des affiches mettent en garde contre ces « poisons qui détruisent notre jeunesse » .

 

« Cette campagne a été imposée par Wagner » , révèle une source au ministère de la Santé. « Ils veulent éliminer la concurrence des produits importés pour avoir le monopole du marché. C’est du cynisme pur » .

 

En effet, la campagne ne mentionne jamais les produits Wagner, pourtant omniprésents dans le pays. « On nous dit de ne pas boire les alcools en provenance du Cameroun ou du Congo, mais on ne parle pas du Wanawa qui coule à flots » , s’indigne un jeune de Bangui. « Tout le monde sait que c’est du poison, mais c’est moins cher alors les gens en boivent quand même » .

 

Alcools frelatés de Wagner : Un enjeu de santé publique ignoré.

 

Au-delà des considérations politiques et économiques, c’est la santé des Centrafricains qui est en jeu. Les alcools frelatés causent chaque année des milliers de décès et d’intoxications graves dans le pays.

 

« Nous voyons de plus en plus de patients, surtout des jeunes, avec des lésions hépatiques et neurologiques irréversibles » , alerte un médecin de l’hôpital général de Bangui. « Beaucoup meurent dans d’atroces souffrances. C’est une catastrophe sanitaire silencieuse » .

 

Malgré l’ampleur du problème, les autorités sanitaires semblent paralysées face aux activités de Wagner. « Nous n’avons pas le droit d’analyser leurs produits ou de mener des enquêtes épidémiologiques » , confie un cadre du ministère de la Santé. « C’est frustrant de voir qu’on sacrifie la santé de notre peuple pour des intérêts obscurs » .

La bière de Wagner baptisé Africa ti l'or La-biere-de-Wagner-baptise-Africa-ti-lor De l’alcool russe qui tourne au vinaigre…
La-biere-de-Wagner-baptise-Africa-ti-lor – De l’alcool russe qui tourne au vinaigre…

 

L’État de droit bafoué.

 

Cette situation dévoile l’étendue de l’emprise de Wagner sur l’État centrafricain. En violant ouvertement les lois du pays sans être inquiétés, les mercenaires russes démontrent qu’ils sont au-dessus de toute autorité légale.

 

« C’est un cas d’école de capture de l’État par des intérêts privés étrangers » , analyse un diplomate occidental en poste à Bangui. « Wagner a réussi à se placer au-dessus des lois, au-dessus du gouvernement même. C’est extrêmement préoccupant pour l’avenir de la Centrafrique » .

 

L’alcool frelaté n’est qu’un exemple parmi d’autres des activités illégales de Wagner en Centrafrique. Exploitation minière sauvage, trafics en tous genres, exactions contre les civils : la liste des crimes impunis s’allonge. Jusqu’à quand l’État centrafricain laissera-t-il ces mercenaires bafouer sa souveraineté et mettre en danger sa population ?

 

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