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Le gouvernement squatte illégalement la résidence d’un opposant centrafricain : un ministère hors-la-loi

Le gouvernement squatte illégalement la résidence d’un opposant : ministère hors-la-loi

Le ministre Maxime Balalou
Le ministre Maxime Balalou

 

Bangui, CNC. L’affaire de la résidence confisquée de l’opposant Gaston Mandata Guérékata par le ministère de la Communication à Bangui révèle l’ampleur de la déliquescence de l’État centrafricain. Cette occupation illégale d’une propriété privée par un organe gouvernemental témoigne du mépris total des autorités pour l’état de droit et la bonne gouvernance .

 

Un ministère hors-la-loi.

Le ministère de la Communication occupe depuis 2021 une maison appartenant à Gaston Mandata Guérékata, mathématicien réputé et figure de l’opposition vivant aux États-Unis. Située dans la cité des 36 villas de Bangui, cette résidence fait l’objet d’un véritable squat institutionnel.

 

“Le contrat de location a expiré le 31 août 2024. Malgré cela, le ministère refuse de quitter les lieux et n’a pas payé de loyer depuis des années”, révèle une source proche du dossier. Cette situation ubuesque voit donc un ministère censé faire respecter la loi bafouer ouvertement les droits de propriété d’un citoyen.

Bâtiment inachevé et abandonné du ministère de la Communication, symbole de corruption et de mauvaise gestion
Le bâtiment du ministère de la Communication, un chantier abandonné depuis des années, témoigne de la gestion désastreuse des fonds publics. CopyrightChristCAN

 

Dégradations et vandalisme d’État d’un

ministère hors-la-loi.

Non content d’occuper illégalement les lieux, ce ministère hors-la-loi  s’est illustré par des actes de vandalisme. “Ils ont détruit beaucoup de choses dans la maison et sur le terrain. Le bâtiment a été totalement dégradé”, témoigne un voisin sous couvert d’anonymat.

Ces agissements scandaleux démontrent le peu de cas que font les autorités du bien public et privé. Comment justifier qu’un ministère se comporte comme des squatteurs sans foi ni loi ?

 

Un État sans toit ni loi.

L’absurdité de la situation atteint son paroxysme quand on réalise qu’un ministère de la République est réduit à louer une modeste maison particulière de 2 à 3 chambres pour y installer son cabinet.

“C’est la honte absolue, la faillite totale de l’État”, s’insurge Jean Mboulou , activiste de la société civile. “Comment un pays peut-il fonctionner quand ses institutions n’ont même pas de locaux dignes de ce nom ?”

 

Cette gabegie immobilière prend une dimension encore plus scandaleuse au regard des pratiques de l’État. “On vend des bâtiments et terrains publics aux investisseurs étrangers, notamment libanais. Et en parallèle, on squatte des maisons privées pour loger les ministères. C’est un non-sens total”, dénonce Paul Bero , analyste politique.

 

L’ancien ministère de l’Intérieur, situé en face de l’ambassade de l’Égypte, près du tennis club, a ainsi été bradé à un homme d’affaires libanais. Pendant ce temps, les services de l’État errent de location en squat.

 

Intimidation politique et abus de pouvoir d’un ministère hors-la-loi..

Au-delà de la gestion calamiteuse du patrimoine immobilier de l’État, cette affaire prend une dimension politique inquiétante. La résidence confisquée appartient à un opposant notoire au régime en place.

“Il s’agit clairement d’une manœuvre d’intimidation contre les voix critiques”, analyse Marie Youngoula , juriste spécialiste des droits humains. “On utilise les moyens de l’État pour harceler et spolier les opposants. C’est une dérive autoritaire grave.”

Cette instrumentalisation des institutions à des fins politiciennes témoigne de la dérive du pouvoir en place. L’État de droit est bafoué au profit d’intérêts partisans, au mépris des libertés fondamentales.

 

Un gouvernement discrédité.

Face à ce scandale d’un ministère hors-la-loi, le silence de ce ministère de la Communication est assourdissant. Sollicité à de nombreuses reprises, il n’a fourni aucune explication sur cette occupation illégale.

Ce mutisme en dit long sur l’embarras des autorités, prises la main dans le sac en flagrant délit de squat et de dégradation de bien privé. Comment justifier l’injustifiable ?

Pour de nombreux Centrafricains, cette affaire est symptomatique de la déliquescence morale du pouvoir. “Les citoyens ne croient plus en ce régime corrompu et incompétent”, résume amèrement Pierre Bero.

La confiance, déjà largement érodée, entre la population et ses dirigeants, risque de s’effondrer totalement. Comment faire confiance à un gouvernement qui bafoue ouvertement les lois qu’il est censé faire respecter ?

 

Un pays au bord du gouffre.

L’affaire de la résidence Guérékata n’est que la partie émergée de l’iceberg. Elle révèle l’ampleur de la crise morale, politique et institutionnelle qui frappe la République centrafricaine.

Un État incapable de loger décemment ses ministères, qui brade son patrimoine tout en spoliant ses citoyens, est un État en faillite. La situation est d’autant plus dramatique que le pays fait face à d’immenses défis sécuritaires, économiques et sociaux.

 

Pendant que les autorités s’adonnent à ces pratiques mafieuses, les routes se dégradent, les hôpitaux manquent de tout, et la population s’enfonce dans la misère. Le contraste entre l’enrichissement des élites et l’appauvrissement du peuple n’a jamais été aussi criant.

 

L’urgence d’un sursaut national.

Face à cette situation catastrophique, un sursaut national s’impose. Il est temps que les Centrafricains prennent conscience de l’ampleur du désastre et exigent un changement radical de gouvernance.

La communauté internationale, qui soutient à bout de bras ce régime corrompu, doit également prendre ses responsabilités. Comment justifier l’aide massive accordée à un gouvernement qui bafoue aussi ouvertement l’état de droit ?

L’affaire de la résidence Guérékata doit servir d’électrochoc. Elle démontre, s’il en était encore besoin, l’urgence d’un renouveau politique en République centrafricaine. Sans un changement profond des pratiques de gouvernance, le pays risque de sombrer définitivement.

 

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