Le pont de Mann coupé en deux, population isolée
Bangui, CNC. La rupture du pont de Mann, à 60 km de Bocaranga sur l’axe menant à Ngaoundaye, plonge toute une région dans l’isolement. Cette coupure de route s’ajoute à une longue liste d’infrastructures défaillantes à travers le pays, paralysant les déplacements et l’économie locale.
La rupture du pont de Mann, et un réseau routier en déliquescence.
L’effondrement du pont de Mann n’est que la partie émergée de l’iceberg. À Berberati, le pont principal reliant deux quartiers et menant à la frontière camerounaise s’est effondré, coupant la ville en deux. Les transporteurs sont bloqués et la réhabilitation s’avère complexe. À Bozoum, le maire a récemment lancé l’alerte : le pont reliant la préfecture au centre commercial menace de céder, risquant de diviser la ville.
Les axes routiers sont dans un état désastreux à travers tout le pays. La route Mbaïki-Boda est totalement alarmante. Les liaisons Bria-Ouadda, Obo-Zémio, Bangui-Bangassou et Bangui-Ndélé sont impraticables. L’axe Boali-Bossangoa via Bossembélé n’est pas épargné.
À Bria, les récentes pluies ont provoqué l’obstruction du pont sur la rivière Samba, inondant les quartiers voisins. Les habitants se voient contraints de transporter leurs biens à dos d’animaux pour traverser les eaux.
Un quotidien bouleversé pour les populations.
Les conséquences pour les populations sont désastreuses. L’impossibilité de circuler entrave l’accès aux marchés, aux services de santé et à l’éducation. L’économie locale s’en trouve asphyxiée, les commerçants ne pouvant plus s’approvisionner ou écouler leurs marchandises.
Un commerçant de Ngaoundaye témoigne : « Nous sommes coupés du monde. Les produits de première nécessité commencent à manquer et les prix flambent. Sans réparation rapide du pont, c’est toute l’économie locale qui va s’effondrer ».
L’inaction des autorités pointée du doigt.
Malgré les promesses répétées de réhabilitation des infrastructures, le gouvernement brille par son inaction. Le ministre des Travaux publics reste muet face à cette situation critique. Les fonds alloués à l’entretien routier se sont évaporés sans laisser de traces sur le terrain.
Des questions se posent sur l’utilisation des ressources de l’État. Des sommes considérables – 400 millions par semaine pour le groupe Wagner et 200 millions pour les militaires rwandais – sont consacrées à ces forces étrangères, au détriment des infrastructures nationales. L’exploitation des ressources naturelles, notamment l’or et les diamants, par le groupe Wagner, ne bénéficie pas au pays.
Un paradoxe constitutionnel.
Cette déliquescence des infrastructures contraste fortement avec les déclarations optimistes du Président Touadéra lors de la promulgation de la nouvelle Constitution le 30 août dernier. Annonçant l’avènement d’une « 7e République » censée apporter paix et émergence, le chef de l’État est déconnecté des réalités du terrain.
Le système éducatif n’est pas épargné. Faute d’enseignants fonctionnaires en nombre suffisant, ce sont des « maîtres-parents », payés directement par les familles, qui assurent tant bien que mal l’instruction des enfants.
Les Centrafricains n’ont rien gagné avec cette nouvelle Constitution. Elle n’a pas permis de résoudre les problèmes fondamentaux du pays. La situation s’aggrave de jour en jour, laissant les populations dans un dénuement croissant.
Sans une prise de conscience rapide des autorités et des actions concrètes pour réhabiliter les infrastructures vitales du pays, c’est tout l’avenir de la République centrafricaine qui est en jeu. Les belles paroles ne suffiront pas à reconstruire les ponts effondrés ni à sortir les populations de leur isolement forcé.
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