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16 ans après le rapport du PNUD, l’État centrafricain en pleine déroute

16 ans après le rapport du PNUD, l’État centrafricain en pleine déroute en 2024

 

Le président Touadéra en campagne électorale en 2020. AFP
Le président Touadéra en campagne électorale en 2020. AFP

 

En 2008, le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) publiait un rapport essentiel sur le développement humain en République centrafricaine (RCA). Ce document pointait du doigt les problèmes liés au capital social et à la sécurité humaine dans un pays ravagé par des crises récurrentes et une gouvernance fragile. Près de deux décennies plus tard, en 2024, la situation s’est aggravée, plongeant la RCA dans une spirale d’insécurité, de corruption et de méfiance totale envers les autorités.

 

Bangui, 13 août 2024.

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique.

 

Le capital social en RCA : Un élément clé pour la cohésion nationale.

En 2008, le PNUD constatait un capital social extrêmement faible en RCA. Le lien entre l’État et ses citoyens était pratiquement rompu. À l’époque, 83,4 % de la population ne faisait pas confiance au gouvernement pour améliorer leurs conditions de vie. Aujourd’hui, en 2024, la situation est encore plus désastreuse. L’État, miné par la corruption, a perdu toute crédibilité. Les institutions publiques, déjà fragiles en 2008, sont désormais perçues comme inutiles, voire nuisibles. La méfiance s’est transformée en un rejet pur et simple des autorités.

 

Les interactions sociales, qui étaient déjà marquées par l’individualisme et la méfiance en 2008, ont encore régressé. Le tissu social, autrefois affaibli, est désormais en lambeaux. Les solidarités familiales et communautaires, jadis des filets de sécurité face aux crises économiques, sont en train de disparaître, remplacées par une indifférence généralisée et un sentiment d’abandon.

 

Sécurité humaine : Un impératif pour prévenir les conflits.

Le rapport du PNUD de 2008 mettait en avant l’importance de la sécurité humaine pour éviter l’éclatement de nouveaux conflits. À l’époque, 67 % de la population vivait sous le seuil de pauvreté, et l’insécurité alimentaire était une réalité quotidienne pour des milliers de Centrafricains. En 2024, ces chiffres ont grimpé, aggravant encore plus la situation. Les tensions sociales, alimentées par la pauvreté extrême, l’accès limité aux services de base, et les violations des droits de l’homme, sont désormais à un point de rupture.

 

Le taux de mortalité infanto-juvénile, qui était de 176 ‰ en 2006, reste alarmant, voire pire dans certaines régions rurales. L’accès à l’eau potable et aux soins de santé est devenu un luxe pour la majorité de la population, exacerbant l’insécurité et les conflits internes. Le nord du pays, déjà marqué par les combats en 2008, est devenu un véritable no man’s land, où les autorités ne parviennent plus à exercer le moindre contrôle.

 

État centrafricain en pleine déroute : qu’en est-il de sa refondation en 2024 ?

Le PNUD, en 2008, proposait des recommandations pour restaurer la confiance des citoyens et refonder l’État centrafricain. Il s’agissait notamment de renforcer les institutions démocratiques, de lutter contre la corruption et d’engager un dialogue inclusif avec la société civile. Mais en 2024, ces espoirs semblent bien lointains.

 

La corruption, qui était déjà endémique, s’est désormais enracinée à tous les niveaux de l’État, de la plus petite administration locale aux plus hautes sphères du pouvoir. L’impunité est devenue la norme, et les rares tentatives de réforme sont systématiquement sabotées par des intérêts personnels. Le gouvernement, incapable de payer régulièrement ses fonctionnaires et de fournir des services de base, a perdu toute légitimité. Le peuple centrafricain, qui en 2008 conservait encore un mince espoir de changement, n’a aujourd’hui plus aucune confiance dans ses dirigeants.

 

En effet, le rapport du PNUD de 2008 dressait déjà un portrait sombre de la situation en République centrafricaine, mais la réalité de 2024 est encore plus alarmante. Le capital social est en ruine, la sécurité humaine est inexistante, et l’État, rongé par la corruption, n’offre plus aucune perspective de redressement. La confiance du peuple envers les autorités est nulle, et sans une action internationale déterminée et coordonnée, la RCA risque de sombrer encore davantage dans le chaos.

 

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