Bangui (République centrafricaine) – Les russes organisent à Bangui des séances de cinéma gratuites, comme le 11 mai dernier dans le 2ème arrondissement, destinés surtout aux petits et aux plus jeunes. L’initiative est généreuse et apporte certainement de la joie et le plaisir dans les yeux des enfants.
Mais quels films sont diffusés lors de ces séances propices au délassement ? Que celui qui a des yeux, regarde !
Le public découvre un bien étrange dessin animé inventé pour les grands enfants que semblent être les centrafricains aux yeux des fils de la Volga. Au pays de « Zo kwe zo », les hommes sont représentés par les animaux. Le peuple des éléphants se déchire, sans que le Roi Lion ne puisse maintenir la paix et l’unité. Arrive alors à la rescousse un Ours brun venu de Russie pour aider le lion à restaurer les fonctions régaliennes de l’État centrafricain. Diantre ! Voilà un joli conte fait pour édifier le centrafricain lambda. Le dessin animé ne dit pas que le pays des éléphants ruisselle de succulent miel que l’ours est venu cueilllir à s’en lécher les babines ! Mais l’ours doit prendre garde à finir comme Bouki l’hyène, trahie par sa gloutonnerie, et rossé au pays des aveugles… A bon entendeur !
Bien sûr, tout cela peut prêter à sourire. Mais le même jour s’est ouvert, à l’Alliance Française de Bangui, en présence du Président de la République, le Professeur Faustin Archange Touadéra, du chef de délégation de l’Union européenne , Samuela Isopi et de l’ambassadeur de France, Eric Gérard, le festival du film européen en Centrafrique. Dix-sept (17) films seront projetés, dont onze (11) films centrafricains. C’est un projet d’éducation cinématographique et culturel mais aussi au civisme, pour l’édification au vivre-ensemble,comme le montre le court métrage « Dieu-Béni rend les armes ». Un groupe de cinéastes centrafricains a reçu des mains du Président de la République le « prix de l’initiative 2019 » et un chèque de 500 000 FCFA.
Ce festival démontre un partenariat respectueux de la culture africaine et vise à soutenir les œuvres que nos jeunes artistes portent au cœur. La renaissance du cinéma centrafricain fera demain la fierté du pays de Boganda, comme le film « Yembi » récemment projeté au Festival international du film panafricain de Cannes, en France.
Les russes préfèrent diffuser des œuvres à la gloire de leurs joueurs de Hockey sur glace, ou bien des dessins-animés très naïfs. Ils sont figés dans une attitude de paternalisme culturel au lieu d’aider le pays à se reconstruire. Ils essaient au contraire de répandre leur culture, par la langue qu’ils veulent enseigner à l’école, ou bien le cinéma, pour mieux tournebouler les jeunes esprits de nos enfants.
C’est en puisant dans ses propres racines culturelles que la Centrafrique fera croître l’arbre de la paix et de la renaissance, avec l’aide de ses partenaires. Alors vive le cinéma centrafricain !
Copyright2019CNC.