Centrafrique : confusion au sommet de l’État, des déclarations contradictoires se multiplient.

Centrafrique : confusion au sommet de l’État, des déclarations contradictoires se multiplient.

 

 

Les soldats de l’armée nationale (FACA). Image d’archive.

 

 

 

Bangui, le 18 avril 2018.

Par : Gisèle Moloma, CNC.

 

Au lendemain de l’attaque des forces de l’ordre et des soldats de la MINUSCA contre les groupes armés du quartier PK5 dans le troisième arrondissement de Bangui, le gouvernement, la MINUSCA et la société civile, y compris le Président de la République Faustin Archange Touadera, multiplient des déclarations plus ou moins contradictoires, soit pour la justifier ou la condamner, jusqu’au point où la population centrafricaine, attentive depuis le début de cette opération du désarmement du PK5, se retrouve dans une situation de confusion totale. Qui dit vrai dans toutes ces déclarations ?

 

Intervention des soldats de l’armée nationale :

Alors que des nombreux témoignages crédibles confirment la participation effective des soldats de l’armée nationale (FACA) au côté des gendarmes et policiers nationaux lors de l’offensive conjointe le 10 avril dernier contre les miliciens d’autodéfense du PK5, le ministère de la Défense nationale, par la voix de son porte-parole Justin Ndagbia, a émis un communiqué de presse pour démentir cette affirmation dans laquelle les soldats FACA auraient participé au combat du PK5, oubliant au passage que la MINUSCA (mission multidimensionnelle des Nations unies pour la stabilisation en République centrafricaine), qui a dirigé ce combat à travers ses soldats du contingent rwandais, a émis elle aussi un communiqué de presse affirmant le contraire.

Ainsi, on se demande qui sont ces hommes en tenue militaire avec des insignes de l’armée nationale présents ce jour accoté des forces de sécurité intérieure lors de l’attaque du PK5 ?

 

Présence des miliciens Anti-balaka

Au quartier Boulata, proche du quartier Boeing derrière l’aéroport de Bangui Mpoko, les premières détonations d’armes entendues dans ce quartier aux environs de 14 heures locales étaient faites par des miliciens Anti-balaka qui affrontaient les autodéfenses par surprise, selon la population qui était en débandade ce jour.

Entre temps au quartier Yakité, un journaliste de la radio nationale affirme même qu’il a aperçu de ses propres yeux le 9 avril aux environs de 18 heures des nombreux miliciens Anti-balaka se masser proches de sa maison la veille de l’attaque du PK5 par les forces de l’ordre.

Cependant, le ministère de la Défense, qui a déjà balayé d’un revers de main la présence des FACA dans le combat, nie aussi celle des miliciens Anti-balaka, pourtant confirmée par la population.

Alors, on se demande pourquoi le capitaine Eugène Ngaïkosset, connu sous le sobriquet du boucher de Paoua et l’un des chefs militaires des Anti-balaka, a été reçu à la Présidence de la République par le chef de l’État la veille de l’attaque du PK5.

 

Démenti du Président Touadera

Dans son allocution solennelle à la radio nationale et à la télévision publique, le Président de la République, chef de l’État le Professeur Faustin Archange Touadera, dément quant à lui les allégations faisant état de l’attaque des forces de l’ordre contre la population musulmane. Mais ce qu’il a oublié, c’est que les miliciens Anti-balaka, nombreux dans les quartiers de Bangui, ne sont pas encore désarmés.

Pour la population du quartier PK5, désarmer les autodéfenses de leur quartier par les forces de l’ordre, revient tout simplement à attaquer les musulmans malgré la souffrance des habitants dudit quartier qui appellent à l’aide la MINUSCA et non les soldats de l’armée nationale. Pour eux, les FACA sont des Anti-balaka. Ce que quiconque ne peut enlever dans leur tête. C’est un travail de communication que le gouvernement doit faire de deux côtés car, une tentative du désarmement des miliciens Anti-balaka pourrait se déboucher par ces mêmes critiques populaires.

En tout cas, les événements du PK5 ravivent malheureusement la tension partisane dans le pays.

 

 

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