Centrafrique : affaire des députés oisifs et corrompus, l’étau se resserre contre l’honorable Andiba Daguerre de Berberati 1.
Bangui, le 23 janvier 2018.
Par : Anselme Mbata, CNC.
Depuis l’élection controversée de la dernière législative en 2016, les Centrafricains sont surpris, si l’on peut dire, de constater avec stupéfaction que près de 40% de leurs élus sont, non seulement, analphabètes, mais surtout des corrompus, des repris de justice et en sus très volatiles comparativement à leurs homologues de la sous-région. La pratique de certains, qui n’ont pas hésité à changer des étiquettes politiques pour des raisons alimentaires, commence à soulever des inquiétudes et interrogations au sein du parlement. Le cas, trop flagrant du député « indépendant » de Berberati 1, l’honorable Andiba Daguerre défraie déjà la chronique.
Alors que le peuple centrafricain ne cesse de se plaindre du comportement volatile de leurs élus à l’Assemblée nationale, quelques-uns ne tirent pas les conséquences de leurs actes et continuent de manigancer au péril de fragiliser davantage le pays.
Le dernier cas en vue, c’est la tumultueuse oisiveté du député indépendant de Berberati 1 Andiba Daguerre au sein de l’hémicycle parlementaire à Bangui.
Selon notre enquête menée depuis plusieurs mois, l’honorable Andiba Daguerre fut un candidat indépendant soutenu financièrement par le parti URCA de l’honorable Dologuélé au moment de la compagne législative. Mais une fois élu comme député, l’homme change automatiquement sa veste politique pour le groupe parlementaire « Cœur uni » du Président Faustin Archange Touadera.
Ayant siégé au sein du groupe « Cœur uni » quelques mois, il sauté miraculeusement pour atterrir cette fois au sein du groupe « Chemin de l’espérance » du Président de l’Assemblée nationale. Selon les dernières informations qui viennent de nous parvenir, l’honorable Andiba Daguerre s’apprête à passer dans le groupe parlementaire du MLPC dont les membres, qui connaissent sa pratique, s’apprêtent à refuser son entrée.
« C’est depuis l’an dernier qu’il marchande sa voix » lâche un élu qui requiert son anonymat.
À quoi sert vraiment de changer d’étiquette politique comme des pagnes ?
Difficile de comprendre. Mais d’après un ancien honorable contacté par CNC, « c’est le désir d’avoir tout, véhicules, soupes, maisons, dépenses électorales, en un jour, qui les poussent à vendre leurs âmes ». Pourtant, sous la Constitution défunte, un texte de loi voté par l’ancien parlement et repris dans le Règlement intérieur de l’Assemblée nationale, avait instauré des gardes fours qui empêchaient les députés, marchant-d’intérêt, de s’enfuir de leur parti et vadrouiller. Mais la Constitution du 30 mars 2016, rédigée à la va-vite, n’a pas daigné prendre en compte ces transhumances politiques. Conséquence, le Règlement intérieur de l’actuelle législature a vu effacer par la Cour Constitutionnelle, une phrase tentant d’insérer ces grades-fours.
Malheureusement, l’honorable Andiba Daguerre n’est pas le seul dans cette situation. C’est le jeu préféré de certains députés, une fois élus comme députés, n’hésitent pas de changer d’étiquette politique sans conséquence visible sur leurs statuts. Ce qu’ils n’ont pas compris, cette pratique fragilise considérablement la pratique démocratique dans le pays et favorise la corruption, le vagabondage pontique d’après un leader d’un parti politique.
Rappelons que le député Andiba Daguerre est celui qui a été renversé par un véhicule de la MINUSCA il y a quelques semaines devant l’Assemblée nationale sur l’avenue de l’indépendance. Sa vie n’est pas en danger, mais c’est la pratique politique courante dans le pays de « Tè ka, mo tè gué » en français, bouffer là-bas et bouffer ici, qu’il a fait usage depuis son élection, qui se coince à l’horizon.
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