CENTRAFRIQUE : LA RUSSIE VOLE AU SECOURS DES FORCES ARMÉES CENTRAFRICAINES

Publié le 15 décembre 2017 , 8:32
Mis à jour le: 15 décembre 2017 8:32 pm

CENTRAFRIQUE : LA RUSSIE VOLE AU SECOURS DES FORCES ARMÉES CENTRAFRICAINES

 

 

Les forces de défense et de sécurité centrafricaines.

 

 

Bangui, le 16 décembre 2017.

Par : Joseph Akouissonne, CNC.

 

LA FIN DE L’INJUSTE EMBARGO ?

 

          L’information va sûrement provoquer une certaine agitation dans les chancelleries occidentales. La Russie vient, en effet, de demander au Conseil de sécurité de l’ONU une exemption à l’embargo sur les armes imposé à la Centrafrique, afin d’équiper deux unités de l’armée de ce pays en cours de formation, a-t-on appris, mardi 12 décembre, de sources diplomatique.

          Il se pourrait que des puissances de l’Ouest aillent jusqu’à déterrer la hache de la guerre froide. On peut parier, en tous cas, que la France et les États-Unis d’Amérique donneront de la voix – surtout la France qui continue à considérer que la République Centrafricaine est, pour elle, une chasse gardée.

 

          Une partie des Centrafricains ont accueilli la proposition russe avec  satisfaction. La France, pour confirmer la déclaration de son président à Ouagadougou – « il n’y a pas de politique africaine de la France » devrait normalement s’abstenir d’user de son veto au Conseil de Sécurité. Voilà peut-être le commencement de la véritable émancipation de leur pays et la fin de cette Françafrique dont on annonce la mort à chaque sortie d’un président français sur le continent.

 

          On ne peut que soutenir le président Touadera pour l’initiative courageuse qu’il a prise d’aller à Moscou, étant donné que la France, principale alliée de la Centrafrique, cherche à se désengager du pays. Voilà bien longtemps que nous suggérions ici de nouveaux accords bilatéraux de défense, entre la RCA et d’autres nations – sans renier ceux signés avec l’ex-puissance coloniale.

 

          Le Conseil de Sécurité de l’ONU doit absolument décider une exemption totale à l’embargo sur les armes frappant la République Centrafricaine. Cet embargo insupportable a désarmé les forces centrafricaines et livré le pays, comme une proie facile, aux envahisseurs étrangers. Malgré l’armada dépêchée sur place par les puissances occidentales et l’ONU, la Centrafrique ne cesse de sombrer dans les abîmes. L’insécurité a gagné tout le territoire. Les massacres de population succèdent aux violences sexuelles faites aux femmes. La cohorte de miséreux fuyant les atrocités ne cesse de grossir. 80% du pays sont occupés par des bandes armées qui terrorisent les habitants. Le pouvoir légitime ne contrôle que la capitale, qui est à nouveau en proie à des violences. 

          Des soldats des FACAS (Forces Armées Centrafricaines) viennent, il est vrai, d’être formés par les forces européennes. Malheureusement, dépourvus d’armes et de munitions à cause de l’embargo, ils ne sont pas opérationnels. Situation qui rend le président Touadera impuissant.

 

 

 LA PRESSION PRÉVISIBLE DES OCCIDENTAUX ?

 

          Ni la MINUSCA, ni les Forces occidentales ne sont parvenues, jusqu’à présent, à ramener la paix (SIRIRI) et la réconciliation. Voilà environ trois ans qu’elles sont engagées en RCA. Et voilà trois ans que la situation sécuritaire ne cesse d’empirer. Malgré leur armada, les forces occidentales sont toujours défiées par une nébuleuse de bandes armées disparates.

         

          Nul doute que les Centrafricains accepteront les fournitures militaires russes pour enfin, équiper, leur armée nationale, à laquelle on inculquera les valeurs patriotiques indispensables.

 

          La France, la Grande-Bretagne et les États-Unis ont émis des réserves concernant la proposition russe, à savoir que les armes et les minutions risqueraient d’être détournées et, in fine, d’arriver dans les mains des rebelles.

          Ces réserves sont irrecevables. Pour éviter ces malversations, les autorités centrafricaines pourront autoriser des soldats russes à accompagner les fournitures militaires afin de veiller à ce qu’elles parviennent à destination. Par ailleurs, ces soldats pourront être aussi des instructeurs pour former et familiariser les FACAS aux armes russes.  

         

          Etat souverain, la République Centrafricaine dispose du droit inaliénable de choisir ce qui est bon pour le pays. Or, elle est dans l’impasse et court le risque d’être disloquée ou, pire, de disparaître. Les Centrafricains sont à la merci de la loi du plus fort. La mission du président Touadera est de les protéger et de garantir l’intégrité du territoire. Pour l’assurer pleinement, il est en droit de solliciter l’aide d’où qu’elle vienne sans pour autant se soumettre. On ne peut pas indéfiniment assister impuissant à l’agonie de son peuple et de son pays. Il aurait dû d’ailleurs, depuis longtemps, surmonter la pression des puissances occidentales et conclure d’autres accords de défense, sans renier ceux passés avec la France. Le déplacement à Moscou montre qu’il a fait ce qu’il fallait faire.

 

          Est-ce pure coïncidence ? La Russie est en train de réduire ses forces en Syrie. Peut-être sera-t-elle disposée à envoyer des soldats en Centrafrique dans le cadre d’accords bilatéraux et avec l’autorisation des Nations Unies ? On ne pourrait rêver plus mauvaise nouvelle pour les bandes armées !

 

PS : On apprend ce jeudi 14 Décembre que la Russie a obtenue une levée partielle de l’embargo qui entrave la défense de la République Centrafricaine. C’est peut-être le début pour ce pays d’assurer elle-même sa défense et protéger ses populations. D’ici lundi, un avion gros porteur russe va livrer à la RCA fusils d’assaut, pistolets ou RPG. Le règne violent, insolent et arrogant  des chefs de guerre rebelles va peut-être entamer son agonie.

 

« La Patrie ou la mort nous vaincrons » Thomas Sankara

 

                                                                                                                         

JOSEPH AKOUISSONNE 

 

(14 décembre 2017)   

 

Monsieur Joseph Akouissonne, l’auteur de l’article.

 

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