Centrafrique : affaire de la liste des OPJ truquée, Karim MECKASSOUA s’en mêle.
Bangui, le 23 novembre 2017.
Par: Gisèle MOLOMA.
Après la révélation en public de l’affaire dite de « liste truquée des Officiers de la Police judiciaire (OPJ) de la CPS » par la Presse nationale et internationale, l’Assemblée nationale, conduite par son président Abdoul Karim MECKASSOUA, semble être impatiente de connaître les en dessous de cette honteuse tricherie de son challenger Faustin Archange Touadéra et de son complice Simplice Mathieu SARANDJI sous la plume de Flavien Mbata, ministre de la Justice et frère de Touadéra. A ce titre, plusieurs ministres sont attendus vendredi à l’Assemblée nationale. S’agit-il d’une contre-attaque du PAN MECKASSOUA contre le gouvernement ?
Longtemps malmené par le président Touadéra et par son Premier ministre Simplice Mathieu SARANDJI à travers leurs griots populaires Kossimatchi et consorts, le président de l’Assemblée nationale le Très honorable Abdoul Karim MECKASSOUA donne l’impression d’être un homme désormais réveillé après la dénonciation et la médiatisation du faux en écriture du ministre de la Justice Flavien Mbata sur les noms des Officiers de la Police Judiciaire (OPJ) retenus par un Comité mixte chargé de les recruter.
Alors que l’affaire continue de défrayer la chronique à Bangui, dans les bureaux, les ambassades et les États-majors des partis politiques, le bureau de l’Assemblée nationale convoque à la va-vite et en toute urgence pour une séance de question-réponse vendredi prochain devant les députés trois ministres du gouvernement Sarandji.
Selon une source gouvernementale, les ministres de l’Intérieur, de la Justice et leur collègue de la Défense sont les principaux concernés et interpellés pour expliquer comment ils ont laissé Flavien Mbata, falsifier un document officiel, notamment le trucage de la liste des Officiers de la Police judiciaire (OPJ) censés mener des enquêtes indépendantes pour la Cour Pénale Spéciale (CPS).
A quoi vont servir les questions des députés aux ministres convoqués ?
Il est vrai que la convocation des ministres devant l’Assemblée nationale est un exercice démocratique prévu par la Constitution, mais les Centrafricains ne sont pas dupes pour ignorer que la décision de recaler 10 OPJ sur 20 retenus au profit de leurs parents amis et connaissances vient directement du président de la République et de son Premier ministre Simplice Mathieu SARANDJI. Quel que soit la réponse fournie par le ministre de la Justice Flavien Mbata, rien ne va changer si son frère Touadéra et son clan de l’ethnie gbakamandja, en tête Arthur PIRI, ne pas donnent leur accord.
Mais comment les choses se sont orchestrées ?
D’après nos informations, au de la liste arrêtée par le Comité d’organisation dudit concours, les chefs de file de la famille « gbakamandja », dont issue le président Touadéra, Arthur PIRI et bien d’autres encore, se sont concertés et ont estimé que les OPJ retenus étaient à 99% de l’ethnie yakoma et aucun des leurs ne fait partie. Là, ils ont décidé d’informer le chef de l’État et de modifier la liste à leur niveau pour y introduire des policiers et gendarmes ggbakamandjas.
D’après cette source, le président Touadéra aurait donné lui-même deux noms, sur les dix. Et parmi ceux-ci, certains ont œuvré dans la milice animiste anti-balaka. C’est ce qui a choqué la communauté internationale à boycotter leur intronisation.
Que va-t-il se passer vendredi ?
Difficile de le savoir au moment où nous mettons en ligne cet article. Pour un Juriste contacté par CNC, la balle est dans le camp des élus de la nation. Vendredi, quels que soient les alibis avancés par le falsificateur Mbata, sa démission doit être mise sur table par les députés qui doivent montrer qu’ils sont là et qu’ils ont cette puissance d’inquiéter les membres du gouvernement à respecter la déontologie de leur métier.
« L’impunité que nous prônons ne doit pas concerner uniquement les criminels. Même les voleurs, délinquants, les truqueurs, les falsificateurs, les stars de la pornographie au col blanc doivent être aussi sanctionnés » affirme un étudiant contacté par CNC qui estime que Flavien Mbata n’a plus sa place dans le gouvernement.
Démettre les délinquants de leur poste de responsabilité, oui, mais le couple Touadéra – Sarandji, marié pour le meilleur et pour le pire, a déjà prouvé dans un passé récent qu’il ne faut pas compter sur eux pour mener une politique de rupture et de moralité publique. Qui ne se souvient pas de la scandaleuse affaire sextape du ministre de Mines Léopold MBOLI FATRANE. Non seulement le couple Touadéra – Sarandji avait usé des moyens de l’État et de l’argent pour taire les journalistes de Bangui, mais surtout, autorisé Léopold MBOLI FATRANE à se rendre en catimini en France pour y rester un mois oublier et se faire oublier le temps que l’affaire soit étouffée. Encore plus grave scandaleux, maintenu dans le gouvernement Sarandji 2 lors du dernier remaniement de septembre 2017.
…Et le président Touadéra ?
Sa peu de popularité, totalement amoindrie depuis une année, est complètement, à nouveau, mise en mal. Plusieurs observateurs issus de l’ethnie des OPJ recalés prient, mains levées à Dieu, pour demander la fin anticipée de son régime. D’après les informations murmurantes circulant dans les couloirs de l’Assemblée nationale au sein des députés ayant l’ethnie en partage avec ces OPJ recalés, si le président Touadéra ne limoge pas son frère Mbata, ministre de la Justice, ils mettront tout en œuvre pour engager la procédure de sa destitution pour violation de la Constitution et de son serment. L’argument avancé pour écarter certains Centrafricains comme les autres n’est pas digne d’un Chef d’État et donc Chef des familles centrafricaines.
« Le président Touadéra a juré d’être le Président de tous les Centrafricains, sans distinction de race, d’ethnie ou de religion. Il peut nommer qui il veut comme il le fait. Cela relève de son pouvoir discrétionnaire. Mais, truquer une décision prise de manière collégiale et surtout prise sur base d’un mérite en faveur de ses parents n’est pas du tout admissible ».
En attendant d’entendre ces députés et ministres ce vendredi, une chose est sûre, le président de l’Assemblée nationale Abdoul Karim MECKASSOUA est décidé à gratter peu à peu les orteils du Premier ministre Sarandji qu’il n’hésiterait pas à brandir la menace de motion de censure, souvent, déroutée par coup des billets de F CFA.
Il y’a lieu de rappeler que le président de l’Assemblée nationale Abdoul Karim MECKASSOUA avait boudé la cérémonie de la prestation de serment des vrais-faux Officiers de la Police Judiciaire de Mbata-Sarandji6touadéra, visiblement informé par la communauté internationale qui a elle aussi, opté pour la politique de la chaise vide, suite au micmac décelé.
Affaire à suivre…
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