Rédigé par Adama Bria
Publié par Corbeaunews Centrafrique (CNC), le vendredi 10 juin 2022
Bangui (CNC) – C’est l’heure du bilan. De la Centrafrique, en passant par le Mozambique ou l’Ukraine, c’est toujours le même refrain. Les mercenaires russes agissent en toute impunité.
Le comble de l’horreur!
Djamila n’a jamais su appeler à l’aide, ni se débattre. A tout juste 12 ans, cette jeune fille sourde et muette, frêle et autiste, a été victime de viols à répétition. Par qui? Des membres de Wagner chargés de la formation et de la garde rapprochée du président Touadéra. L’ancienne ministre centrafricaine des affaires étrangères, Marie-Reine Hassen, en témoigne.
La fillette a été retrouvée évidée par ses violeurs.
De son vivant, la famille de Djamila a voulu laver la honte… Son histoire a fait grand bruit à la MINUSCA, à la brigade criminelle, à l’unité mixte d’intervention rapide et de répression des violences sexuelles faites aux femmes et aux enfants (UMMIR). Mais, très rapidement, l’issue a été fatale. La fillette, alors enceinte de huit mois, a été enlevée par deux motos. Elle a été retrouvée éventrée et évidée, au bord d’une rivière. Les auteurs du viol ont supprimé toute trace, pour ne pas être inquiétés.
Anéanties par l’humiliation et la déshumanisation…
En Centrafrique, les victimes de violences sexuelles sont des dizaines de milliers. Des femmes et des filles, des hommes et des garçons, et même des personnes âgées. L’objectif est de les humilier. De les déshumaniser. C’est le cas de cette vendeuse de mangues, piégée puis violée par cinq mercenaires de Wagner, qui s’est vue remettre 1 000 FCFA par chacun, à la manière d’une prostituée. A Boali, c’est le cas de ce jeune contraint d’harponner une dizaine de filles chaque semaine, et de les violer avec eux. C’est encore le cas de femmes juste accouchées et du personnel médical agressé, à l’infirmerie du camp Henri Izamo de Bangui. Et comme si cela ne suffisait pas, les victimes contractent toutes sortes de maladies sexuellement transmissibles, faute de pénétrations non protégées.
Les victimes se murent dans le silence.
En un an, avec la montée en puissance des FACA et de ces mercenaires russes, associés à la police centrafricaine, les violences sexuelles ont été multipliées par 5. En 2021, entre janvier et juillet, il y a eu plus de 5 300 cas répertoriés dans le pays. En réalité, ils sont plus nombreux. Terrifiés à l’idée de saisir la justice et par crainte de représailles, la plupart des survivants se murent dans le silence.
Le droit de violer en toute impunité…
Selon une autorité locale, les mercenaires de Wagner sont autorisés par le régime de Touadéra “ à assouvir leurs appétits sexuels” en contrepartie de leurs interventions. Cette information a été confirmée en mars 2021 sur les réseaux sociaux avec la publication du conseiller Fidèle Ngouandjika: les mercenaires sont effectivement “ libres de violer nos mamans, nos filles et nos enfants”.
Et de tuer jusqu’en Ukraine.
Partout où ils passent, c’est le même refrain. Selon Human Rights Watch, des femmes et des filles mozambicaines, enlevées par les terroristes de l’État islamique (EI), sont revendues à des “combattants étrangers” pour des sommes comprises entre 40 000 et 120 000 meticais (365 000 à 1 100 000 FCFA). En Ukraine, la situation est démultipliée par le contexte de guerre. Filles et garçons sont violés devant leurs propres parents. Ils assistent à l’assassinat de leurs pères et aux viols de leurs mères. Une rescapée dira même cette phrase horrible: “Ils s’y sont mis à plusieurs. Je crois que seuls mes yeux et mes oreilles n’ont pas été violés”.
« Nous appelons le gouvernement centrafricain à mettre fin à toutes relations avec le personnel militaire et de sécurité privé, en particulier le groupe Wagner », ont déclaré des experts indépendants de l’ONU, dans un communiqué.
Malgré plusieurs dénonciations faites dans les médias, la situation reste inchangée. Les mercenaires de Wagner continuent leurs atrocités sur les civils, en toute impunité. Quand et où la gangrène va-t-elle s’arrêter ?
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