UNOPS à la MINUSCA : quand Olga Lubazandio avoue une fraude salariale de six ans et tente de la justifier par le contrat

Rédigé le 02 novembre 2025 .
Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC).
Lors de l’assemblée générale des travailleurs journaliers de l’UNOPS à la MINUSCA, Madame Olga Lubazandio a tenté d’expliquer pourquoi les journaliers voient 36 000 francs CFA sur leur fiche de paie alors qu’ils ne reçoivent que 20 000 francs. Mais son explication, loin de clarifier la situation, confirme une fraude salariale qui dure depuis six ans. Une fraude que l’UNOPS essaie maintenant de légitimer en invoquant “le contrat” et en prétendant que “cet argent n’existe pas parce qu’il n’est pas budgétisé.”
Analysons juridiquement cette déclaration scandaleuse et montrons en quoi elle constitue un aveu de pratiques illégales qui violent le droit du travail centrafricain.
Le statut de “travailleur journalier” : une fiction juridique après six ans
Madame Olga Lubazandio insiste lourdement sur le fait que les travailleurs sont des “journaliers” payés “au prorata des jours prestés”. Elle déclare : “Vous êtes des contractants de journée. Ça veut dire que vous êtes payés au prorata des jours que vous prestez. C’est pour ça que nous prenons vos présences en compte pour calculer vos salaires”.
Mais voici ce que dit le droit du travail centrafricain : même si on appelle quelqu’un “journalier”, dès qu’un travailleur est employé régulièrement, même sans contrat écrit formel, il devient salarié permanent. Après six ans de travail régulier pour le même employeur, il n’y a plus aucun doute : le lien de subordination est établi et l’employeur a des obligations légales complètes.
Ces travailleurs ne sont plus des “journaliers occasionnels”. Ce sont des employés permanents qui devraient bénéficier de tous les droits d’un salarié régulier : salaire déclaré correctement, congés payés complets, cotisations sociales, et surtout, le paiement du salaire réellement indiqué sur leur fiche de paie.
Trois montants différents : contrat à 20 000 F, fiche de paie à 36 000 F, paiement réel à 20 000 F
C’est ici que la fraude devient évidente. Regardons les chiffres :
– Contrat signé : 20 000 francs CFA
– Fiche de paie (payslip) : 36 000 francs CFA
– Paiement réel reçu : 20 000 francs CFA
Cette incohérence entre trois documents officiels ne peut pas être qualifiée d’erreur technique, surtout quand elle dure depuis six ans. C’est une pratique volontaire qui montre soit une tromperie envers les contrôleurs (inspection du travail, CNSS) en affichant un salaire plus élevé, soit la dissimulation de retenues illégales, soit le masquage d’une partie du salaire due aux travailleurs.
Madame Olga Lubazandio tente de justifier cela en disant : “Le payslip n’est pas un contrat. Personne d’entre vous n’a signé sur un payslip. Le payslip vient vous prouver qu’on vous a payé votre argent du mois et vous montre comment on l’a calculé”.
Mais juridiquement, c’est faux. La fiche de paie est un document officiel qui fait foi devant les tribunaux. C’est une preuve de ce que l’employeur déclare avoir payé. Si la fiche de paie indique 36 000 francs, c’est ce montant que l’employeur est censé avoir versé. Le fait de ne verser que 20 000 francs constitue une retenue illégale de 16 000 francs.
Les 16 000 francs manquants : une dette salariale de plusieurs millions
Sur la base de la fiche de paie affichant 36 000 francs, chaque travailleur peut réclamer la différence de 16 000 francs par jour travaillé pendant toute la période, jusqu’à six ans en arrière.
Faisons le calcul pour un travailleur qui a presté 25 jours par mois pendant 6 ans :
16 000 F × 25 jours × 12 mois × 6 ans = 28 800 000 F CFA de salaire non payé
Même si le tribunal applique une prescription partielle et réduit la période à 3 ans, cela reste plus de 14 millions de francs CFA dus à chaque travailleur.
Multipliez cela par le nombre de journaliers concernés, et on parle de centaines de millions, voire de milliards de francs CFA détournés sur le dos de travailleurs précaires.
L’argument des week-ends : une manipulation juridique
Madame Olga Lubazandio explique : “Puisqu’on ne compte pas les week-ends pendant que tu es en congé, ça veut dire que quand tu es en congé, on ne compte pas les week-ends. Et c’est écrit dans le contrat. Ça veut dire que cet argent n’existe pas. Tout simplement, cet argent n’existe pas puisque ce n’est pas budgétisé”.
C’est une manipulation. Voici pourquoi :
- Si l’argent “n’existe pas” et “n’est pas budgétisé”, pourquoi figure-t-il sur la fiche de paie ? Une fiche de paie est censée refléter ce qui est réellement payé, pas des montants fictifs.
- Le fait de ne pas budgétiser un salaire ne dispense pas l’employeur de le payer si ce salaire est dû selon le contrat de travail ou selon la loi.
- La question des week-ends ne justifie pas un écart de 16 000 francs par jour. Si on applique la règle des congés sans week-ends, l’écart devrait être marginal, pas de 44% du salaire affiché.
L’aveu du problème avec les auditeurs
Madame Olga Lubazandio révèle involontairement la fraude en déclarant : “C’est le problème que nous avons eu avec les auditeurs qui nous ont tapé sur les doigts parce que nous avons au début négligé cet aspect. Ça nous a été fortement reproché et depuis, nous sommes très vigilants sur ce sujet”.
Attendez. Les auditeurs ont “tapé sur les doigts” de l’UNOPS pour quoi exactement ? Pour avoir payé trop ? Pour avoir été trop généreux ? Non. Les auditeurs ont reproché à l’UNOPS d’avoir initialement payé des montants qui n’étaient pas conformes à ce qui était déclaré ou budgétisé.
Et la solution de l’UNOPS a été de créer ce système tordu où :
– On affiche 36 000 francs sur la fiche de paie (pour satisfaire certaines exigences administratives ou pour gonfler artificiellement les dépenses déclarées)
– Mais on ne paie réellement que 20 000 francs (le montant du contrat)
C’est exactement la définition d’une double comptabilité : une pour les contrôleurs, une pour les travailleurs.
Ce n’est pas une “erreur”, c’est une fraude grave.
Une erreur administrative ne dure jamais six ans. La constance de cet écart montre soit une fausse fiche de paie fabriquée pour des déclarations fictives, soit une double comptabilité interne. C’est donc une fraude sociale et salariale caractérisée.
Le droit du travail centrafricain est clair : un employeur ne peut pas afficher un montant sur une fiche de paie officielle et payer un montant inférieur sans justification légale claire (retenues légales comme impôts, cotisations sociales, etc.). Toute retenue doit être détaillée et justifiée sur la fiche de paie elle-même.
Les recours possibles pour les travailleurs
Même sans contrat écrit complet ni déclaration CNSS régulière, les travailleurs peuvent :
- Réunir les preuves : anciennes fiches de paie, attestations de collègues, messages de paiement, reçus, témoignages.
- Saisir l’inspection du travail : Une plainte collective (puisque plusieurs centaines de journaliers sont concernés) peut être déposée. L’inspecteur du travail peut exiger la présentation des registres de paie et vérifier les montants réels versés.
- Engager une action devant le tribunal du travail : Les travailleurs peuvent réclamer :
– Le rappel de salaires sur la base des fiches de paie affichant 36 000 francs
– Les indemnités pour travail non déclaré correctement
– Des dommages et intérêts pour pratiques illégales prolongées
L’UNOPS ne peut pas se cacher derrière “le contrat”
Madame Olga Lubazandio répète en boucle : “Ce qui nous réunit ici légalement, c’est le contrat que vous avez signé. Sans le contrat, il n’y a pas cette réunion. La signature d’un contrat veut dire que vous acceptez les conditions du contrat”.
Mais voici ce qu’elle oublie de dire : un contrat ne peut pas violer la loi. Un contrat qui viole le droit du travail est nul dans ses clauses illégales. Un travailleur ne peut pas “accepter” par contrat d’être payé moins que ce qui figure sur sa fiche de paie officielle. C’est contraire à l’ordre public social.
De plus, après six ans de travail régulier, ces travailleurs ont acquis des droits que l’UNOPS ne peut pas balayer d’un revers de main en invoquant un contrat de trois mois renouvelé continuellement.
L’UNOPS doit régulariser et payer
L’UNOPS a deux options :
- Soit les fiches de paie à 36 000 francs sont correctes, et dans ce cas, l’UNOPS doit payer ce montant et régulariser tous les arriérés depuis six ans.
- Soit les fiches de paie sont fausses, et dans ce cas, l’UNOPS commet une fraude documentaire et doit être sanctionnée, tout en régularisant la situation réelle des travailleurs avec des contrats conformes à la loi.
Dans les deux cas, les travailleurs ont droit à réparation.
Par Alain Nzilo
Directeur de publications
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