Touadera : l’Architecte de son propre troisième mandat illégal

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
Le président centrafricain Faustin Archange Touadera a neutralisé toute opposition pour s’assurer un troisième mandat déguisé.
L’émission Patara de la radio Ndékè Luka du samedi 26 juillet a dévoilé l’ampleur de la manipulation politique menée par Faustin-Archange Touadéra en vue de l’élection de décembre 2025. Face à Armando Yanguendji, Hugues Francis Mongombé, Dieudonné Ngoumbango et Fidèle Gouandjika ont présenté les mécanismes d’un système où la démocratie centrafricaine a été vidée de sa substance pour garantir la perpétuation du pouvoir présidentiel.
Le congrès du Mouvement des Cœurs Unis a désigné le 26 juillet dernier Touadéra comme candidat pour ce qu’il ose appeler le “premier mandat de la septième République”. Cette pirouette sémantique, rendue possible par la Constitution taillée sur mesure en 2023, cache mal la réalité : l’ancien recteur de l’Université de Bangui, , brigue un troisième mandat consécutif en foulant aux pieds l’esprit démocratique.
Hugues Francis Mongombé dresse un bilan accablant de cette dérive autoritaire. L’ancien président du Conseil national de la Genèse centrafricaine dénonce sans détour : “Toutes les règles sont faussées” et Touadéra “a détruit tous ses adversaires“. Sa métaphore du match truqué où “l’arbitre porte le maillot de l’équipe adverse” décrit parfaitement un système électoral perverti où l’impartialité n’existe plus.
L’analyse de Mongombé va au cœur du problème : Touadéra ne tolère aucune opposition véritable. Il a “pulvérisé le MRPC” et “détruit le RDC”, les deux principales formations qui auraient pu lui tenir tête. À leur place, le régime fabrique des “zombies politiques”, des opposants de façade destinés à donner l’illusion d’une compétition démocratique. Cette stratégie de destruction systématique de l’adversité politique constitue l’essence même de la dérive dictatoriale.
Dieudonné Ngoumbango, malgré son ton respectueux envers celui qu’il appelle “très cher grand frère”, livre un réquisitoire implacable. Son conseil à Touadéra de “finir tranquillement ses mandats” et de “se retirer” cache un avertissement grave : continuer dans cette voie conduira à “sortir par la fenêtre de l’histoire du pays”. Cette formule évoque le sort des autocrates qui s’accrochent au pouvoir jusqu’à leur chute brutale.
Ngoumbango touche au paradoxe du régime Touadéra : un homme respecté, ancien professeur émérite, qui salit son héritage en transformant la présidence en propriété personnelle. Cette trahison des valeurs démocratiques qu’il était censé incarner rend sa dérive d’autant plus amère pour ceux qui l’ont admiré.
Face à ces critiques, Fidèle Gouandjika déploie une défense pathétique. Le ministre-conseiller se retranche derrière la légalité formelle : “c’est un congrès” qui a désigné le candidat et Touadéra “a sauvé le peuple centrafricain“. Cette rhétorique du sauveur providentiel rappelle les pires heures de l’autoritarisme africain, où les dirigeants s’auto-proclament indispensables pour justifier leur maintien au pouvoir.
L’ironie est cruelle : Gouandjika, qui conseille aujourd’hui Touadéra, avait également conseillé François Bozizé avant sa chute en 2013. Mongombé le lui rappelle brutalement : “conseiller Bozizé, qui a joué la constitution, est tombé“. Cette filiation entre les deux régimes n’est pas fortuite – elle montre la continuité des méthodes autoritaires qui gangrènent la politique centrafricaine.
L’élection de 2025 s’annonce comme une parodie démocratique. Touadéra a méticuleusement détruit toute opposition crédible pour s’assurer un “boulevard” électoral. Mongombé prédit qu’il “jouera seul” et “triomphera sans gloire” – une victoire pyrrhique qui privera sa réélection de toute légitimité populaire.
Cette confiscation du processus démocratique s’inscrit dans une stratégie plus large de verrouillage du système politique. Le régime contrôle les institutions électorales, manipule la Constitution à volonté et neutralise toute voix dissidente. La Centrafrique s’enfonce ainsi dans un autoritarisme soft, habillé des oripeaux de la légalité mais vidé de tout contenu démocratique.
La passivité de la communauté internationale face à cette dérive encourage Touadéra dans sa fuite en avant. Obsédés par la stabilité sécuritaire dans une zone troublée, les partenaires extérieurs ferment les yeux sur la mort lente de la démocratie centrafricaine. Cette complaisance nourrit l’impunité d’un régime qui se croit tout permis.
L’opposition résiduelle, atomisée et privée de moyens, ne peut qu’assister impuissante à cette confiscation du pouvoir. Les quelques voix qui s’élèvent encore, comme celles de Martin Ziguelé, Anicet Georges Dologuelé, Crépin Mboli-Goumba, Nicolas Tiangaye, Mongombé et Ngoumbango, témoignent d’un courage certain mais de leur isolement politique. Elles représentent les derniers vestiges d’une démocratie centrafricaine agonisante.
Le peuple centrafricain, las des crises successives, semble résigné à subir cette nouvelle forme d’autoritarisme. Cette apathie politique, fruit de décennies de désillusions, constitue le terreau idéal pour l’épanouissement de la dictature douce que Touadéra installe progressivement.
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