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Sinophobie et russophobie, stade suprême de la Françafric en Centrafrique

Le Drian, Ministre français des affaires étrangères. CopyrightAFP

 

 

Sinophobie et russophobie, stade suprême de la Françafric en Centrafrique

 

 

La haine du Chinois et du Russe est une véritable pathologie des Français et leurs valets en République centrafricaine. Depuis toujours mais avec une marque particulière depuis 2010, année où la République populaire de Chine (RPC) a clairement affiché des grandes ambitions pour le décollage de la République centrafricaine en acceptant de travailler pour la mise en valeur du pétrole centrafricain qui dort tranquillement sous terre depuis que le monde est monde et que la RCA existe. Cela aura suffit pour que les rebelles sélékas venus de partout marchent sur Bangui le 24 mars 2013, avec la bénédiction de la France et ses valets locaux de la sous-région. Et les nouvelles ambitions chinoises appuyées par la Fédération de Russie au plan sécuritaire en fin 2017 ont mis la France néocolonialiste mal à l’aise au point que bizarrement, alors que ce sont les Français qui sont les plus mal vus en Centrafrique, qui sont même hués par la population à leurs passages dans des chars blindés et autres véhicules humanitaires ou pseudo humanitaires, ce sont paradoxalement les Russes et les Chinois qui sont lâchement et sauvagement assassinés en Centrafrique. Décryptage.

 

Seuls les Russes et les Chinois sont sauvagement assassinés en Centrafrique

En effet, trois (3) sujets russes, journalistes de profession, ont été sauvagement tués en juillet 2018 à Dékoa sur l’axe Sibut-Kaga Bandoro au centre-nord du pays, suivis de trois (3) citoyens chinois œuvrant pour le compte d’une société minière à Sosso-Nakombo, dans l’ouest de la RCA frontalier au Cameroun, le 04 octobre de la même année. Mais jamais un seul citoyen français, Blanc ou Noir, n’a été sauvagement tué de cette manière en dépit du fait que l’opinion publique centrafricaine en général n’est pas favorable à la France. Sinon, à qui le prochain tour?

En vérité en vérité, l’assassinat des Chinois et des Russes en Centrafrique, pays qui a accepté leurs offres originales de salut (mise en valeur du pétrole, exploitation industrielle des ressources minières, livraison des moyens matériels et logistiques militaires, formation des forces publiques pour des réponses appropriées aux défis sécuritaires du moment, etc.), fait partie d’une stratégie concoctée par la France tutélaire pour dresser l’opinion russe et chinoise puis internationale contre la RCA afin de pousser la Chine et la Russie à quitter la RCA, sinon à se désintéresser des problèmes névralgiques centrafricains pour ne laisser que le fameux panel des facilitateurs de l’Union africaine aux ordres de la France jouer le jeu de l’enlisement et de la néantisation de la RCA.

Les Centrafricains dans leur écrasante majorité pensent et disent que ce sont les Français et les hommes liges de la France, à travers leurs valets locaux, qui sont à l’origine des assassinats des sujets russes et chinois à Dékoa et Sosso-Nakombo, dans des modes opératoires qui poussent franchement à la révolte. Et on comprend pourquoi les Chinois ne cachent pas leur colère devant la manière sauvage, barbare, inhumaine et primitive que des individus certainement manipulés ont utilisée pour tuer trois des leurs à Sosso-Nakombo. Cet acte est un très mauvais message pour la suite de la coopération entre la République populaire de Chine et la République centrafricaine.

En effet et sans verser dans une sinophilie puérile, il est incompréhensible et inadmissible que ce soit au moment où la coopération sino-centrafricaine est en train d’être hissée à un nouveau pallier très bénéfique pour les Centrafricains en général, qu’un groupuscule d’individus pose un acte de nature à porter un coup d’arrêt ou un ralentissement de la coopération entre la RPC et la Chine, surtout que cette coopération est résolument orientée vers le décollage économique, la pacification et la stabilisation du pays avec notamment:

-la poursuite des travaux exploratoires du potentiel pétrolier de Birao, dans la région nord-est du pays;

-la signature le 06 septembre 2018 à Beijing, capitale de la Chine, en marge du Sommet du Forum de coopération sino-africaine (FOCSA), des accords de coopération entre le président chinois Xi Jinping et son homologue centrafricain Faustin-Archange Touadéra dans les domaines agropastoral, énergétique, éducatif et formatif, infrastructurel, largement profitable à la partie centrafricaine;

-la volonté exprimée par la Chine auprès du Conseil de sécurité des Nations unies de fournir des moyens militaires à la RCA pour le rétablissement de la paix et de la sécurité dans ce pays meurtri par des actes de folie des diables au visage humain manipulés par la France;

-le soutien constant de la Chine à la RCA à travers l’octroi des bourses d’études, de stage de formation de courte et longue durée, à des centaines de jeunes étudiants ainsi qu’aux fonctionnaires et cadres tant de l’Administration publique que du privé, dans tous les domaines, en vue de renforcer leurs capacités et les mettre à jour des progrès de la modernité, ce qu’aucun pays du monde ne le fait en comparaison de la Chine;

-l’inscription de la RCA sur la liste des pays devant bénéficier, en priorité, de financements des grands projets dans le cadre de l’Initiative « La Ceinture et la Route » lancée par le président Xi Jinping en 2013, pour ne citer que ces quelques réalités et projets qui rendent jaloux et malades les Français qui n’ont jamais pensé la coopération avec la RCA en termes gagnant-gagnant.

 

Les Français sont plus nombreux chez ceux qu’ils exposent à notre haine

Et alors que les Français disent aux Centrafricains de se méfier des Chinois et des Russes, de ne pas accepter leur présence en Centrafrique voire de les tuer, les mêmes Français sont en surnombre en Chine et en Russie pour leurs intérêts. Ils ont des entreprises dans ces pays qu’ils demandent aux Centrafricains de haïr. Les véhicules de marque française (Peugeot, Renault, etc.) ont pion sur rue jusque dans des villages de la Chine où ils sont montés. Ces Français font de grosses affaires et ont plusieurs intérêts en Chine et en Russie, mais ils nous demandent à nous, Africains en général et Centrafricains en particulier, de ne pas coopérer avec les Chinois et les Russes, ce qui est illogique.

Chez nous et ailleurs, les Français nous disent que les Chinois et les Russes ne sont pas bons, qu’il faut les haïr parce qu’ils ne respectent pas les droits de l’homme et la démocratie chez eux, etc. Mais les mêmes Français sont plus nombreux en Chine et en Russie que les Centrafricains. Pourquoi nous apprennent-ils à détester ceux qu’ils aiment les pays tant au point d’y créer et installer de nombreuses et importantes entreprises, d’y  envoyer leurs enfants pour faire des études éminemment stratégiques et profitables à leurs pays? Sont-ils sérieux?

 

L’urgence du moment

Il est temps pour nous de demander aux Français de nous dire pourquoi ils nous « imposent » de détester les Chinois. Que l’on se rappelle de ce que le colonel Jean Bedel Bokassa avait avancé comme « raison » l’ayant amené à renverser le président David Dacko et à prendre le pouvoir dans la nuit de la saint Sylvestre 1966: « J’ai fait ce coup d’Etat parce que Dacko a vendu le pays aux Chinois et aux Israéliens » (sic). On aura compris: Bokassa n’avait fait qu’exécuter la volonté de la France qui ne voyait pas d’un bon œil la présence de la Chine et d’Israël en Centrafrique pour le développement de ce pays grâce aux activités de la Jeunesse pionnière nationale (JPN) qui bénéficiait de l’encadrement technique et financier des deux pays frères et amis dans le domaine agropastoral et technique. Et on connaît la suite.

Nous, Africains en général, et Centrafricains en particulier, devons ne pas céder aux manipulations, aux menaces et aux chantages des Français qui n’ont jamais été pour notre développement. La haine du Chinois et du Russe qu’ils distillent chez nous n’est que l’expression d’une panique compréhensible: la peur de perdre les champs de pétrole, de fromage et de chocolat qu’ils ont pourtant déjà perdus dans le subconscient des Africains que nous sommes.

Ces Français savent que nous avons d’énormes potentialités qui aiguisent tous les appétits et veulent s’en accaparer seuls et, plus grave, contre nous. Notre pétrole, notre diamant, notre or et notre bois, au lieu de nous fournir le bonheur espéré et tant recherché depuis notre premier contact avec les Français, sont paradoxalement devenus la cause de notre misère et de notre malheur, un malheur sans fin et qui a plusieurs facettes et noms: division, insécurité, pauvreté, et même la peur. C’est ainsi que fonctionne la Françafric: les richesses de l’Afrique créent le malheur aux Africains mais le bonheur aux Français.

Il est temps que les Africains en général et les Centrafricains en particulier comprennent cela et prennent la courageuse résolution suivante: Nous ne dirons NON à la présence chinoise et russe chez nous que lorsque tous les Français auront quitté la Chine et la Russie. Pour de bon. Sinon, ce sont les Français qui ne doivent plus être les bienvenus chez nous. Et Barthélemy Boganda* de nous dire: «Qu’ils partent ! Que nos femmes et nos enfants jettent derrière eux des tisons ardents, symbole de leur départ définitif».

 

Par: Cyrus-Emmanuel Sandy, Coordonnateur National du Réseau des Journalistes et Médias Centrafricains pour l’Initiative ‘’La Ceinture et la Route’’, Directeur de publication du quotidien privé et indépendant MEDIAS+;

e-mail: cyrussandy@yahoo.com

NB: Article publié dans le quotidien MEDIAS+ N°2020 du Mercredi 14 novembre 2018

*Abbé Barthélemy Boganda (1910-1959), premier prêtre et premier député centrafricain, Président du Grand Conseil de l’AEF (Afrique équatoriale française, l’ancêtre de l’UDEAC et de la CEMAC) à l’époque, Président fondateur de la République centrafricaine (1er décembre 1958), premier Président du tout premier Conseil du Gouvernement de la jeune République, disparu dans un crash d’avion le 29 mars 1959 de retour d’une mission officielle à Berbérati à l’Ouest de la Centrafrique où il était allé présenter à la population la devise, l’hymne national, l’armoirie et les autres signes distinctifs de la RCA et hisser haut le drapeau de la nouvelle République en marche pour son Indépendance. Celle-ci sera proclamée le 13 août 1960 par son successeur feu David Dacko.

 

 

 

 

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