Reportage du CNC : la République centrafricaine à l’arrêt,  Le calvaire des routes et l’odyssée des taxis-motos

Reportage du CNC : la République centrafricaine à l’arrêt,  Le calvaire des routes et l’odyssée des taxis-motos

Motocycliste avançant sur une route rurale boueuse avec de lourdes charges.
un taxi moto sur une route boueuse

 

 

De Bangui à Birao, en passant par Bambari et Berberati, la République centrafricaine (RCA) s’enlise. Avec l’arrivée de la saison des pluies, le pays tout entier se trouve paralysé par un réseau routier en déliquescence, révélant l’ampleur de la crise infrastructurelle qui frappe cette nation enclavée.

 

Bangui, 20  août 2024.

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique.

 

Calvaire des routes: un pays coupé en deux.

 

À 1078 km au nord-est de Bangui, la ville de Birao, chef-lieu de la préfecture de la Vakaga, est pratiquement inaccessible par voie terrestre. “Avant, on pouvait faire le trajet en deux semaines. Maintenant, c’est une expédition d’au moins six mois, quand on y arrive”, témoigne Adama, chauffeur de camion expérimenté.

 

La situation n’est guère meilleure dans l’ouest du pays. Pour parcourir les 584 km séparant Bangui de Berberati, dans la Mambéré-Kadéï, il faut s’armer de patience et de courage. “On passe plus de temps à pousser les véhicules embourbés qu’à rouler”, explique François, un commerçant habitué de cet axe. “Certains conducteurs abandonnent leurs véhicules enlisés et continuent à pied pour sortir et appeler le propriétaire “.

Voilà la route entre Bambari et Bria
Voilà la route entre Bambari et Bria

 

Les taxis-motos, héros malgré eux.

 

Face à l’effondrement du réseau routier, les taxis-motos sont devenus le seul lien entre de nombreuses communautés isolées. À Obo, à 1320 km à l’est de Bangui, ces conducteurs intrépides bravent tous les dangers. “On transporte tout : des vivres, des médicaments, même des femmes enceintes sur le point d’accoucher”, raconte Ibrahim, un jeune conducteur. “Sans nous, des villages entiers  par exemple sur la route de Zémio ou de Mboki seraient coupés du monde.”

 

Mais ce rôle vital a un coût. Sur l’axe Bambari-Alindao, long de 120 km, les conducteurs font face à des risques mortels. “Entre les groupes armés qui nous rançonnent et les éléments de Wagner qui confisquent nos motos, chaque trajet est un pari sur la vie”, confie Ousmane, président d’une association locale de taxis-motos.

 

Une économie asphyxiée.

 

Les conséquences de cette situation sont désastreuses pour l’économie centrafricaine. À Bouar, à 452 km au nord-ouest de Bangui, le marché autrefois florissant est aujourd’hui moribond. “Les prix ont triplé, quand les produits arrivent”, se lamente Marie, vendeuse de produits agricoles. “Beaucoup de commerçants ont fermé boutique”.

 

Dans la Lobaye, à seulement 192 km de la capitale, la ville de Boda, jadis surnommée “Boda la belle”, voit son économie s’effondrer. “Nos plantations de café pourrissent sur pied”, explique Jean, un producteur local. “Les acheteurs ne viennent plus, les routes sont impraticables”.

La Dégradation Alarmante de la Route Mbaïki-Boda en Saison des Pluies
La Dégradation Alarmante de la Route Mbaïki-Boda en Saison des Pluies

 

L’inaction gouvernementale en question.

 

Face à cette crise, l’absence de réaction du gouvernement est flagrante. Le ministre des Transports, Gontran Ndjono-Ahaba, reste muet, malgré nos sollicitations répétées. Cette inaction provoque l’incompréhension et la colère de la population.

Les mercenaires russes basés à Gbokologbo sortis espionner les camions bloqués sur la route de Dimbi
Les mercenaires russes sur la route de Dimbi. CNC/Botty-Banga

 

À Bambari, à 385 km de Bangui, un transporteur exprime son désarroi : “Le gouvernement préfère dépenser des milliards pour Wagner plutôt que de réparer nos routes. C’est comme s’ils voulaient nous isoler du monde.”

 

Calvaire des routes : un avenir incertain.

 

Alors que la saison des pluies s’intensifie, l’inquiétude monte dans tout le pays. À Bangassou, à 750 km à l’est de la capitale, un chef traditionnel livre un témoignage poignant : “Nos ancêtres parcouraient ces routes à pied. Aujourd’hui, avec nos véhicules modernes, nous sommes plus isolés qu’eux. C’est un retour en arrière terrible pour notre pays”.

 

De Paoua (487 km au nord-ouest) à Obo (1320 km à l’est), en passant par Bossangoa (305 km au nord) et Mobaye (611 km au sud-est), c’est tout un pays qui suffoque, coupé de ses voisins et de lui-même par des routes devenues impraticables.

 

Face à l’ampleur de la crise, l’urgence d’une action gouvernementale se fait criante. Sans un plan massif de réhabilitation des infrastructures routières et une véritable stratégie de sécurisation des axes de communication, la République centrafricaine risque de s’enfoncer davantage dans l’isolement et le sous-développement.

 

Le calvaire des routes centrafricaines est bien plus qu’un simple problème d’infrastructures : c’est le symptôme d’une nation au bord du gouffre, où les citoyens ordinaires paient le prix fort de l’inaction de leurs dirigeants. Pendant ce temps, à Bangui, les embouteillages s’allongent et la colère gronde. Comme le résume une vendeuse du marché central : “Nos dirigeants roulent en 4×4 climatisés et ne voient pas notre souffrance. Mais un jour, la route s’arrêtera aussi pour eux.”

 

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