Depuis quelques années, nous assistons, comme dans un cirque, au spectacle désolant de promotions à titre exceptionnel au sein des Forces Armées Centrafricaines. Des promotions qui font monter la grogne dans les rangs de l’armée.
Rappelons qu’une armée par essence, doit être marquée par l’ordre, la discipline et l’orthodoxie de gestion des ressources humaines. Pour passer au prochain galon, il faut passer un temps bien déterminé dans le galon inférieur et être apprécié à sa juste valeur par le commandement ou le haut-commandement. Un sous-officier ne pourra pas dépasser le grade de commandant, si jamais ce dernier accédait au rang d’officier, encore il va falloir faire preuve des qualités requises.
Les titres exceptionnels ne sont pas la règle et doivent radicalement être bannis des armées normales. De même, les nominations aux fonctions militaires sont assujetties au minimum de critères de compétence et de moralité. Ne peuvent commander une armée, que ceux qui ont la potentialité et non ceux qui sont fabriqués de toutes pièces par le politique et qui, de surcroit, ont échoué sur toute la ligne.
Dès lors, que ce passe-t-il dans notre pays et plus particulièrement au sein de l’armée centrafricaine ? Des promotions qui frisent l’insolence, source de nombreuses tensions alors qu’en ce temps de guerre, l’heure devrait être consacrée à l’unité et à la cohésion.
Depuis trois années successives, on offre au peuple centrafricain et au monde entier que décidément notre armée est condamnée à rester atypique, contrairement à celles de la sous-région centrale et au-delà, à celles des autres pays des sous-régions africaines. Bref, nous assistons continuellement à la descente aux enfers d’un outil de défense nationale qui, après toutes les mauvaises expériences connues, devraient sérieusement être refondé.
Que des nominations fallacieuses et promotions à tour de bras aux grades supérieurs des mêmes durant trois ans successivement. Ces nominations et promotions à titre exceptionnel deviennent inquiétantes pour l’avenir de notre armée, consacrant ainsi et de façon durable sa totale déliquescence.
Des nominations hasardeuses qui, malheureusement, vont encore semer la désolation et le déshonneur dans cette noble et stratégique institution. Une institution qui ne devrait pas être dirigée par des officiers ignobles, manquant tout le sens élevé du devoir et de la noblesse militaire. Une institution politiquement mal gérée, consacrant le règne de la médiocrité, de l’affairisme et de la forfaiture. Une armée dont le commandement est entre les mains des cadres aux cursus peu orthodoxes et approximatifs.
C’est comme si, faire confiance aux meilleurs cadres pour commander est une parjure. Alors que dans le contexte actuel, nommer des cadres compétents et réfléchis est gage de sureté lorsqu’on veut reconstruire une armée qui a trébuché pendant des années. Nous serons toujours des dindons de la farce aux yeux d’autres nations. Que personne ne trompe nos politiques, tant qu’ils continueront à utiliser les méthodes désuètes pour gérer l’armée, ils récolteront que de la misère.
Il faut clairement dire que finalement rien n’a bougé depuis le changement intervenu en 2016. Ce changement attendu et applaudi de tout le monde et qui semblait sonner comme un début de changement radical de notre institution militaire. Tout le monde au niveau de l’armée croyait que Touadera allait réussir la transformation de cette armée mais zut ! Et comme le disait un philosophe : « Donnez le pouvoir et l’argent aux gens, ils vous montreront leurs vrais visages »
Des promotions et nominations devraient obéir aux statuts et règlements en vigueur afin de garantir l’équité et consolider la cohésion de l’armée
Des nominations et promotions hasardeuses qui vont malheureusement encore semer le désordre, l’indiscipline et la frustration sur les rangs des armées avec des conséquences néfastes à moyens et long termes.
Pourtant, personne n’osait croire qu’avec tout ce que le peuple a subi, qu’on allait reprendre les mêmes sous un régime dit démocratique et rempli d’intellectuels bardés de diplômes et donc doués d’analyse et d’approche nouvelle pour la reconstruction de notre armée. On pensait qu’avec cette nouvelle classe politique, les choses allaient profondément changer du côté de l’armée qui a besoin que l’ordre et la discipline soient de rigueur. L’ordre et la discipline doivent régner dans la manière de ceux qui ont la charge de la gérer. L’ordre et la discipline doivent régner quand il s’agit de faire des promotions et des nominations au sein de la grande muette. Aujourd’hui, cette grande muette est obligée d’ouvrir grandement sa bouche pour décrier parce que ‘’y’en a marre’’ et qu’elle n’est pas condamnée à subir les caprices de ceux qui arrivent au pouvoir et qui veulent la détruire.
Tant qu’on ne mettra pas de l’ordre et de la discipline par une restructuration qui se veut sérieuse, basée sur le respect scrupuleux des textes qu’on a soi-même paraphés et signés, ce sera une perte de temps.
De grâce, on ne construit pas une armée pour protéger un régime mais on la construit pour qu’elle devienne un outil durable de préservation de paix, un socle de stabilité, d’émergence de la démocratie et partant, du développement harmonieux d’un pays.
Les régimes précédents peuvent être excusés mais pas celui de Touadera
On pourrait aisément accorder des mesures atténuantes aux précédents régimes BOKASSA, KOLINGBA, DACKO, PATASSE voire BOZIZE car ceux-ci obéissaient aux principes gouvernant leur génération à savoir la dictature où leurs armées étaient construites pour défendre et protéger prioritairement leurs pouvoirs se basant sur des critères subjectifs : recrutements ethniques, promotions et nominations à l’emporte-pièce privilégiant la médiocrité…
Les résultats sont ceux que nous avions connus et qui ont fait péricliter l’armée nationale et par effet d’entraînement la crucifixion aux piloris du pays tout entier.
Voyant tout ce qui se passe, le commun des mortels se pose la question de savoir : pourquoi nous ne changeons pas dans ce pays ? Qui sauvera notre armée et notre pays de cette perpétuelle misère ?
Alors que, le président professeur agrégé sur qui l’espoir était fondé aggrave la situation et creuse le fossé de division déjà très béante
A un moment, on a pensé que les civils, intellectuels et hyper diplômés, contrairement aux militaires, pouvaient nous sortir de cette situation mais peine perdue ! Patasse, agronome de son état avait aggravé ce que Kolingba a semé. Aujourd’hui Touadera, professeur d’université de son état est en train d’achever ce que Bozize a planté à savoir sa totale destruction.
On se demande qu’est-ce que Touadera a fait des nombreux textes qui ont été élaborés avant son arrivée et dont le seul respect pouvait donner une image un peu luisante de notre armée et nous accorder le privilège de commencer à avoir une armée digne de ce nom ?
Est-ce parce qu’il peut compter que sur les alliés (Russes et Rwandais) pour protéger éternellement la République Centrafricaine qu’il se permet toutes ces déviances que nous connaissons ?
Dommages que ces fructueux et importants textes ont été mis de côté pour donner privilège à la médiocrité avec des officiers et sous-officiers approximatifs et éthiquement déséquilibrés, hissés au sommet du commandement.
Attention ! Les lions ne peuvent jamais être commandés pendant longtemps par des moutons et on ne peut compter sur les bénis oui oui et les poltrons pour construire une noble et efficace institution qu’est l’armée nationale.
N’a-t-on pas dit : « qui crache en l’air reçoit sur le visage » et « celui qui sème le désordre récoltera de l’amertume »
Pourquoi toujours les mêmes ? Attention, le peuple a tant souffert !
Comment peut-on, depuis trois années consécutives, gratifier des galons aux mêmes soldats comme dans une opérette ? Comment des gens qui ont des cursus scolaires et militaires peu fiables peuvent-ils gravir aussi facilement les échelons de l’armée et se hisser au plus haut sommet ? Quelle honte et opprobre jette-t-on sur une si noble institution ? Qu’ont-il fait d’exceptionnel, pour qu’en l’espace de trois ans, ils passent de commandant à général, de colonel à général de corps d’armée, de général de brigade à maréchal ? Quels faits d’armes et prouesses opérationnelles ont-ils accomplis pour mériter de si fantaisistes promotions ? Honte à notre armée ! Les autres se rient et se riront de nous. Toute chose étant égale par ailleurs, nous reprendrons les mêmes et recommencerons ; c’est sûr !
Malheureusement, c’est le peuple qui continuera à payer le prix de toutes ces turpitudes et inconséquences de nos hommes politiques qui, une fois au pouvoir, n’ont pas la tête sur les épaules et ne font qu’à leur tête. Alors qu’ils devraient se consacrer à construire une armée au-delà de leurs intérêts égoïstes.
Les leçons du passé servent-elles nos dirigeants politiques ?
On a vu dans ce pays les régimes qui ont cru aux protections venues d’ailleurs, partir en fumée simplement parce qu’ils n’accordaient aucun sérieux dans la construction d’une armée véritablement nationale. Ils croyaient dur comme le fer que se confier aux mercenaires et armées étrangères à l’instar des libyens, des Baniamoulengué, les Tchadiens et des sud-africains étaient la solution. Malheureusement, ils ont vu que du feu et avaient tous pris la poudre d’escampette.
Honte à eux ! Des chefs d’Etat, dans ce pays, qui ont négligé leurs propres officiers et sous-officiers et qui se plient à quatre devant les officiers étrangers pour les recevoir en grande pompe dans le palais et à la primature alors que Dieu seul sait si nombreux sont des officiers centrafricains qui ont de la compétence mais ignorés et négligés. On préfère distraire la gallérie en chantant à cor et à cri qu’il n’y a pas de cadres. On préfère les éloigner du commandement en les envoyant dans les ministères pour occuper des postes bidon (Chargés de mission) où ils ne servent à rien. On préfère un Mamadou (Un Général Capécien), un Sakama (Gros général sous-officier), un Omokonzoyen (Tueur et intellectuellement limité), Un Wallot Makpanga (Gros sous-officier farceur et homme des sordides missions)…, des tams-tams retentissants, aux nombreux officiers compétents et réfléchis, qui peuvent valablement relever le défis.
Pour terminer, nos hommes politiques devraient tirer les leçons du passé pour construire une institution débarrassée des maux qui l’ont longtemps gangrénée.
La plaie étant béante avec tout le lot de frustration que le Président Touadera, le Président de l’assemblée Sarandji ainsi que le Premier ministre Dondra ont causé ; nous interpellons simplement leur conscience d’hommes d’Etat, s’ils en ont une, de revoir leurs copies avant qu’il ne soit trop tard pour le peuple centrafricain qui veut une armée digne pour le protéger.
Nous profitons pour dire non à la forfaiture, non à la CPC mais oui pour la construction d’une armée longtemps aux antipodes des normes universellement admises. Nous ne saurions continuer à faire piètre figure aux yeux du monde.
Qui vivra verra.
Le collectif des officiers républicains.