Bangui (République centrafricaine ) – 20 nov. 2019 20:44
Selon le ministre des Finances, Sele Yalaghuli, le budget 2018, fixé à 6 milliards de dollars, a été exécuté à 88,9% pour les recettes et à 91,15% pour les dépenses – ce qui représente un dépassement de 150 millions de dollars, qui ont été empruntés à la Banque centrale, aujourd’hui bien démunie. « Toutes les années, c’est la même chose », s’est énervé le député Lokondo, qui souligne que, selon le rapport de la Cour des Comptes, le gouvernement Tshibala a exécuté des dépenses non prévues dans le budget pour un montant de 754 milliards de francs congolais (FC), soit 444 millions de dollars. Une faute pour laquelle, dit le député de Mbandaka, la Cour des Comptes demande elle-même des sanctions aux parlementaires.
La Présidence a dépensé 9 fois le budget prévu Le débuté de Moba (Tanganyika), Christian Mwando (opposition, G7) s’est lui aussi indigné des manquements révélés par le rapport de la Cour des Comptes et a accusé le gouvernement Tshibala de détournement d’argent. Interrogé par La Libre Afrique.be, qui lui demandait de détailler ces accusations, M. Mwando a donné quelques exemples de gabegie. Ainsi, dit-il, le cabinet du Président de la République sortant, Joseph Kabila, s’était vu fixer dans le budget, pour son fonctionnement, un montant de 51 milliards de FC. Les ministères des Finances et du Budget ont autorisé qu’on lui verse… 200 milliards de FC, soit quatre fois plus. « Et quelle est la somme qui lui a été effectivement versée? », dit M. Mwando: « 465 milliards! Soit neuf fois ce qui avait été budgétisé pour ce poste! », poursuit-il. Le mauvais exemple des Finances et du Budget Cet extraordinaire dépassement n’est pas le seul. « C’est le même schéma aux ministères des Finances et du Budget. Le premier s’est vu octroyer un budget de 13,7 milliards de FC; il s’est autorisé un versement de… 83 milliards et il a reçu en paiement 98,8 milliards, soit 716% d’exécution », autrement dit, il a touché sept fois plus d’argent que ce qui lui avait été attribué par le législateur. Pour le ministère du Budget, on reste dans les mêmes eaux: 13,8 milliards de FC prévus; 88,6 milliards autorisés et 100,32 versés. « Cela veut dire que ces ministères – qui devraient donner l’exemple – ont consommé chacun en un an ce qu’ils auraient dû utiliser en sept ans », s’indigne le député de Moba. « Et ils ont utilisé de l’argent public sans base légale pour le faire. On a un problème sérieux, là ». Mwando a aussi été choqué par la manière dont ont été conduites les « dépenses de prestation », soit le total des frais de location, de mission, etc du gouvernement. Là, 261 milliards de FC avaient été prévus par les parlementaires; 346milliards ont été autorisés par les ministères des Finances et du Budget et 674 milliards ont effectivement été versés, « ce qui représente un dépassement de 413 milliards, c’est-à-dire de 256 millions de dollars si on calcule au taux moyen du cours en 2018,soit 1614 FC pour un dollar », dit Christian Mwando. 1173 projets sur les 1406 votés n’ont pas été exécutés Où la Présidence et ces deux minisères ont-ils pris l’argent qui ne leur était pas attribué? « Dans d’autres postes », explique M. Mwando, qui fut miinistre des Finances du Katanga. « Ce qui explique que de nombreux projets n’ont pas été exécutés: sur 1406 projets votés par les parlementaires, pour un montant de 1,6 milliard de dollars, très peu ont été exécutés. Il y en a 1173 qui n’ont pas été exécutés du tout. Il y a aussi 44 projets, qui ont coûté 467 millions de dollars, qui n’avaient pas été prévus; c’est donc un détournement de crédits. Et il y a 75 projets qui ont été budgétisés mais qui ont coûté quatre fois plus cher que ce qui était prévu par les parlementaires ». La Commission Eco-Fin de l’Assemblée nationale a reçu sept jours pour examiner le projet de loi de reddition des comptes et présenter des propositions.
Avec Lalibre.be