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RCA :   selon Monsieur Christian Guenebem, « il ne faut pas penser que nous sommes prêts pour autant à accepter n’importe quel dialogue »

 

 

Bangui, République centrafricaine, mardi, 20 juillet 2021 ( Corbeaunews – Centrafrique ).  Le Président par intérim du parti KNK, Christian Dedizoum Guenebem, en exile, a accepté d’accorder une interview exclusive à CNC sur les sujets d’actualité et sécuritaire de son pays, la République centrafricaine. A l’issue de cet entretien, plusieurs points saillants ont été abordés entre autres, le dialogue républicain, l’embargo sur les armes à destination de la RCA, le débauchage au parlement des députés de l’opposition et la difficile condition de vies des militants du KNK depuis que son président fondateur, l’ex-président François Bozizé est devenu coordonnateur de la CPC. Une coalition de certains groupes armés qui menace de destituer le régime de Bangui.    

Monsieur Christian Genebem, Président par intérim du parti KNK
Monsieur Christian Genebem, Président par intérim du parti KNK

 

Corbeau News Centrafrique (CNC) : Bonjour ! Vous êtes le Président par intérim de Kwa Na Kwa (KNK). Le Président de la République a récemment signé le décret portant création du comité préparatoire du dialogue dit « républicain ». Et à peine ce décret fut-il officialisé que certains partis politiques d’opposition et quelques organisations de la société civile ont exprimé leurs inquiétudes suite au format de ce comité. Quelle est alors la position du KNK vis-à-vis de ce décret qui continue de faire du bruit dans le pays malgré le fait que la Présidence de la République a convoqué une réunion d’urgence visant à mettre fin à cette polémique ?

 

Christian GUENEBEM (CG) : Bonjour à vous et merci de vouloir bien me donner la parole.

Le KNK est membre à ce jour de la COD-2020 et, à ce titre, partage donc ses opinions et prises de positions. C’est dire qu’en ce qui concerne le décret dont vous parlez, le KNK n’a pu que, malheureusement, constater la poursuite de la logique de l’unilatéralisme choisi comme mode de résolution de la crise centrafricaine par le pouvoir de Bangui. L’autisme est ce qui a, depuis le 30 mars 2016, caractérisé la gouvernance du Président TOUADÉRA. Et le fait est que cela n’a pas changé.

Alors oui, des discussions ont été ouvertes suite aux protestations tous azimuts. Mais cela n’augure en rien le fait que le Président TOUADÉRA ait changé son fusil d’épaule. L’inclusivité réclamée au niveau du Comité préparatoire n’est toujours pas de mise avec, par exemple, la mise à l’écart des acteurs de la diaspora qui n’auront pas de porte-voix dans cette phase cruciale pour l’avenir des discussions en vue, mais surtout pour l’avenir de notre pays.

Pire encore est le fait que la réunion d’harmonisation prévue entre les différentes parties s’est tenue en l’absence des représentants de la COD-2020, parce que l’heure de ladite réunion a été modifiée et avancée à la dernière minute sans en avoir avisé nos représentants. Ces derniers ont donc été finalement reçus par le Ministre d’État Directeur de Cabinet à la Présidence de la République, après coup, pour se voir présenter les amendements au décret retenus.

Cette manière de faire les choses n’est pas de nature à instaurer un véritable climat de confiance qui doit pourtant prévaloir en de pareilles circonstances. Le KNK regrette cela et demeure donc en alerte pour la suite du processus.

 

CNC : Pensez-vous que ce dialogue, tant réclamé par les forces vives de la nation et la communauté internationale, est la seule option du retour définitif de la paix en République centrafricaine ?

 

CG : Au KNK, nous ne voyons pas par quel autre moyen la paix définitive peut être obtenue. Et de ce point de vue, nous avons toujours été constants, même lorsque nous étions les seuls à réclamer le dialogue. Simplement, il ne faut pas penser que nous sommes prêts pour autant à accepter n’importe quel dialogue.

Ce dialogue se doit d’être inclusif. C’est-à-dire qu’il doit regrouper l’ensemble des fils et filles de Centrafrique dans toute leur diversité et toutes leurs tendances.

Il se doit aussi d’être placé sous une médiation neutre car nous ne devons pas l’oublier, le Président TOUADÉRA et son camp, sont une des parties au conflit. D’ailleurs, à ce titre, et en sa qualité de patron des Pouvoirs publics, on ne peut penser que ces derniers jouissent d’une quelconque indépendance de vue au cours des discussions à venir. Aussi, les associer aux discussions au même titre que tous les autres participants équivalent à gonfler artificiellement le nombre de participants pro-régimes pour mieux contrôler les discussions et leur issue. C’est pourquoi, il est fort préoccupant que le Comité préparatoire de ce dialogue soit placé sous l’autorité du Président TOUADÉRA.

Le dialogue doit se tenir dans un cadre qui garantit à tous ses participants, de pouvoir être en sécurité et de ne pas craindre pour leur vie au sortir de la salle des débats. Or, à ce jour, Bangui n’offre aucune garantie en ce sens. En effet, l’existence des requins, la milice du régime de TOUADÉRA, et les nombreux cas d’enlèvement, de tortures, d’assassinats ou encore de tentatives d’intimidation sont autant de signaux négatifs qui ne plaident pas en faveur de la tenue du dialogue en terre centrafricaine.

Voilà ici énumérés quelques éléments qui font que les choses  ne s’annoncent pas forcément sous les meilleurs auspices mais il nous faut, face à cela, continuer de plaider en faveur d’un véritable dialogue où le peuple restera au centre des débats et dans lequel la Paix sera la seule chose qui préoccupera l’ensemble des participants.

 

CNC : Le 23 juin dernier, le Président a signé le décret portant nomination des 32 membres du gouvernement DONDRA, qui est censé l’accompagner dans sa vision politique de son second quinquennat. Quelle lecture faite-vous de ce gouvernement dit de « large ouverture et d’action » par le nouveau Premier ministre Henri Marie DONDRA ?

 

CG : Nul n’est besoin d’épiloguer longuement sur ce sujet qui a déjà fait couler tant de salive. Je dirais simplement que ce Gouvernement n’est pas large que l’on veut bien nous le faire croire puisqu’il ne regroupe que le MCU et ses alliés.

 

CNC : L’actualité oblige ! Le conseil de sécurité des Nations-Unies doit renouveler l’embargo sur les armes à destination de la RCA fin juillet. Mais la diplomatie russe s’oppose farouchement à ce que le renouvellement défendu par la France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis, et menace pour la première fois d’user de son droit de véto. Comment vous analysez cette situation qui risque d’être électrique ?

 

CG : Depuis sa mise en place, le KNK a toujours été opposé à l’embargo sur les armes à destination de la République centrafricaine, car, nous l’avons toujours perçu comme une entrave au libre exercice de la violence légitime par un Gouvernement légitime en Centrafrique. D’ailleurs c’est une position que nous avons largement défendue.

Cela étant dit, il nous faut aujourd’hui observer que les autorités centrafricaines ont accumulé les motifs de voir l’embargo être prolongé. Cela a été déjà le cas, lorsque les experts des Nations Unies avaient relevé que des armes dont les numéros de série avaient été répertoriés comme appartenant aux arsenaux de l’Armée nationale et entreposés au Camp de Roux, ont été retrouvées entre les mains des groupes armés au Nord-est de notre pays.

C’est encore le cas lorsque ces mêmes experts font état de recrutements parallèles du supplétif pour les FDSI parmi les milices présentes dans la capitale avec distribution d’armes, de tenues militaires et de véhicules en dehors de toute traçabilité.

 

CNC : Vous êtes le président par intérim d’un parti où la quasi-totalité des militants vivent en cachette depuis que le fondateur de votre mouvement politique s’est engagé dans une coalition rebelle dont il a pris la tête et qui a juré de mettre fin au régime actuel. Cette aventure menée par votre ex-champion ne risque-t-elle pas de fragiliser votre parti ? Et au rythme où certains sont à l’extérieur tandis que les autres sont en cavale, comment allez-vous réorganiser votre parti ?

 

CG : C’est une vaste problématique que vous abordez-là. Mais il est important de relever comme préalable, que, contrairement à un certain nombre d’idées reçues, le fait que le Président Fondateur du KNK soit aujourd’hui le Coordonnateur de la CPC, n’engage en rien l’ensemble des militants de notre parti. Et vous l’avez souligné vous-mêmes, nous payons un lourd tribut à cette crise, notamment nos militants.

Le parti en sort à ce jour, fragilisé, mais la détermination du noyau dur demeure intacte et c’est ce qui nous permet de rassurer les militants avec lesquels nous restons en contact partout où ils sont. C’est vrai que la vie et devenue difficile pour nombre d’entre eux, mais nous n’avons aujourd’hui pas  que le droit de renoncer à nous battre pour ce que nous estimons juste. D’ailleurs, le fait de savoir que nombreux d’entre eux ont perdu la vie dans ce combat pour la démocratie véritable, nous confère davantage de responsabilités.

La réorganisation du KNK est un chantier qui n’est pas insurmontable car la colonne vertébrale du parti est demeurée intacte. Un travail important se fait en ce moment. Vous aurez le loisir d’en constater les fruits le moment venu.

 

CNC : N’est-pas cette situation qui est à l’origine du débauchage de vos députés à l’Assemblée nationale ?

 

CG : Au niveau du Parlement, entre décisions contradictoires de la Cour constitutionnelle, intimidations du régime et débauchage à coup de millions de nos élus, nous sommes passés de près d’une quinzaine de députés à 3 à ce jour. Les discussions se poursuivent avec d’autres forces politiques afin de former prochainement un groupe parlementaire avec d’autres acteurs de l’opposition.

Retenons que la situation du KNK, que le Président TOUADÉRA et ses affidés ont résolument décidé de détruire, n’a pas favorisé la stabilité de notre situation au sein du Parlement.

 

CNC : Pour finir, quel est actuellement le niveau de votre relation avec le Président fondateur de votre parti, l’ex-Président François Bozizé et le lieu où il se trouve ?

 

CG : Et bien c’est simple. A ce jour, je n’ai aucune relation avec le Président fondateur du KNK qui a choisi de se retirer de la direction du parti en raison de son engagement actuel au sein de la CPC.

Aussi, je ne suis donc pas en mesure de vous dire là où il se trouve. Ceci dit, il me semble que la CPC a des communicants auxquels vous feriez mieux de poser cette question.

 

CNC : La rédaction du CNC vous remercie. 

 

CG : C’est plutôt à moi de vous remercier pour cet échange.

 

Par la rédaction

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