Bangui (République centrafricaine) – La mobilisation des policiers centrafricains en faveur de l’application intégrale du décret du statut particulier de la police nationale revendiqué depuis 2009 ne faiblit pas. En dépit de la rencontre de leur syndicat avec le chef de l’État Faustin Archange TOUADERA la semaine dernière, les policiers semblent plus que jamais déterminer à poursuivre leur grève générale.
Décidément, le bras de fer continue entre le gouvernement centrafricain et le syndicat de la police nationale au sujet de l’application intégrale du décret portant statut particulier du corps de la police nationale.
Pour rappel, un premier décret portant statut particulier de la police avait été signé par l’ancien président François Bozizé en 2009. Dans ce premier décret, la feuille concernant la partie financière a été arrachée tandis que celles concernant la militarisation de la police, des sanctions et de la dotation sont restées intactes. Du coup, les policiers peuvent travailler comme les gendarmes ou les militaires, mais ils ne pourraient pas percevoir les mêmes primes de risques comme les autres corps, et donc il faut le corriger.
En 2015, quelques jours avant le forum national tenu à Bangui, les policiers ont manifesté à nouveau pour réclamer la correction du décret de la mise en application de leur statut particulier dans lequel ils n’ont pas droit à la compensation financière comme prévu dans l’entente avec le syndicat de la police.
La présidente de la transition d’alors Catherine Samba-Panza, dos au mur, signe un autre décret correctif de la mise en application totale du statut particulier de la police en 2016.
Là encore, à travers une petite phrase cachée juste à la fin de la page, le nouveau décret signé devient immédiatement obsolète.
« Le présent décret prend effet à compter d’une date ultérieure… », une phrase de piège qui remet tout à zéro après une lutte acharnée du syndicat de la police.
En 2018, et après l’élection de l’éminent professeur de mathématique Faustin Archange TOUADERA à la magistrature suprême de l’État, le syndicat de la police, en dépit de leur nombreuse rencontres avec les nouvelles autorités en place, n’a pas pu obtenir un consensus avec le gouvernement.
Pour des nombreux policiers, le gouvernement devient subitement sourd lorsqu’on parle de leur statut particulier.
Ainsi, depuis l’année dernière jusqu’à ce jour, le syndicat tente en vain de mettre la pression sur le gouvernement à travers la multiplication des préavis de grève.
Conscient que sans aucune action robuste, une solution à propos de leur statut particulier ne serait envisagée par le gouvernement dans les prochains mois ou années, le syndicat, sur proposition de sa base, avait déclenché une grève générale de huit jours à compter du mardi 17 décembre dernier.
Suite à cette action, une rencontre avec le chef de l’État Faustin Archange TOUADERA a eu lieu le mardi 24 décembre en présence du directeur général de la police et des représentants du syndicat. Là encore, aucune proposition concrète n’a été faite par le chef de l’État, sauf l’histoire de la mise en place d’une commission interministérielle déjà proposée par le Premier ministre Firmin NGRÉBADA qui, jusqu’à ce jour, n’a pas été formée.
Pour le syndicat, pas question de lâcher sous quelconque pression, y compris celle de leur directeur général qui ne cesse d’interférer dans leur affaire.
Ainsi, le jeudi 26 décembre, le syndicat, sur proposition de sa base, ordonne pour la poursuite de leur grève générale pour 21 jours reconductibles à l’infini à compter du lundi prochain.
Furieux d’apprendre que les policiers ont décidé de poursuivre leur grève, cette fois pour 21 jours, le chef de l’État met la pression sur le directeur général de la police et des représentants du syndicat qui ont finalement décidé la reprise du travail sans avis préalable de sa base qui ne l’a guerre appréciée.
En attendant la mise en place de la commission interministérielle pouvant statuer sur les revendications du syndicat de la police nationale, les policiers, pour la plupart, ne sont plus motivés à reprendre du boulot sans une décision ferme à leur revendication.
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