Bangui (Corbeaunews-Centrafrique) – Pour le dire exclusivement avec les mots du Professeur Achille Mbembe, nous traversons une époque tout à fait hallucinante. Il y eut un temps, c’était peut-être avant l’apparition des technologies digitales. On ne disait pas n’importe quoi en public. On pouvait être con, mais on faisait un effort pour le cacher, dans l’espoir d’échapper à l’embarras. Il y avait un minimum de retenue. Ou, en tous cas, l’espace public n’était pas colonisé par des crétins.
Illusion, peut-être. Toujours est-il que de nos jours, la démocratisation de la bêtise est la norme. Beaucoup trop d’idiots et d’imposteurs polluent notre environnement, nous obligeant plus que jamais à redoubler de vigilance critique.
Fidèle Gouandjika est de cette espèce. Si les pitreries sont ses points forts, la cohérence et l’honnêteté le sont moins. C’est dans sa nature, me diriez-vous.
Ce samedi soir, un ami parisien m’a fait parvenir le lien de la nouvelle pitrerie de ce bouffon dont les grimaces n’amusent que son parent Faustin Archange Touadera qui l’a chargé de le présenter comme étant le « sauveur » de la RCA tandis que les autres, tous les autres, seraient des « mauvais ». Pauvres incompétents habités par l’instinct grégaire.
À l’instar d’Achille Mbembe, j’ai pour règle de ne pas lire ou de ne jamais répondre aux attaques puériles de mes adversaires. Pour deux raisons. Premièrement, ça vole toujours bas. Et pour une deuxième raison, il s’agit d’opinions très souvent sans aucun intérêt.
Pour le paraphraser, puisque j’ai prévenu que j’allais, dans la mesure du possible lui emprunter ses mots, la vidéo de Fidèle Gouandjika que m’a envoyé mon ami parisien appartient à cette catégorie et elle aurait terminé sa course dans la poubelle si elle n’était pas susceptible de tomber entre les mains de mon fils ainé qui a désormais accès aux réseaux sociaux. En répondant à ce pitre de Fidèle Gouandjika, c’est à mon fils que je veux m’adresser, lui qui porte mon nom et qui voudrait être fier de ce patronyme que nous avons hérité de son honnête grand-père.
I – Des fameux 20 millions.
Avec l’assurance d’un parvenu et les manières d’un individu dont l’équilibre mental semble avoir pris un sacré coup, Fidèle Gouadjika a déclaré qu’il aurait joué les intermédiaires entre l’ancien président François Bozize et moi-même. Tout à sa légende, Gouandjika raconte que ce dernier lui aurait un jour remis 20 millions de nos francs qu’il m’aurait fait parvenir et qu’il disposerait des preuves de ses allégations, non sans m’avoir mis au défi de le démentir.
Rien n’est moins faux. Le parent de Touadera croit vraiment qu’on a, comme eux, l’habitude de se retrouver sous l’arbre de Bagaza à Fouh, pour raconter des histoires à dormir debout afin d’agrémenter une morne existence. Mais les faits sont têtus, comme dirait le président Paul Kagame en français dans un discours écrit en anglais.
La vérité, c’est qu’en 2012, après avoir été viré d’Africa 24 à la demande entre autres de Fidèle Gouandjika qui appelait la Direction à chaque fois qu’un sujet sur la RCA ne plait pas aux autorités (je dispose de preuves matérielles de cette affirmation), j’avais créé le magazine Afrique Nouvelle que je dirigeais. En marge du sommet de la CÉMAC de juillet 2012 à Brazzaville, le président François Bozize nous avait sollicité pour un reportage. À cette occasion, il m’avait reçu en compagnie du ministre des Finances de l’époque, feu Albert Besse (paix à son âme) ainsi que de son fils Socrate Bozize qui avait organisé la rencontre. Le principe d’un numéro spécial comportant une interview exclusive du chef de l’État sur les questions d’actualité, une interview du ministre des Finances et du Budget sur la bonne tenue des finances publiques, d’une interview du ministre de l’Agriculture et du Développement rural (c’est-à-dire Gouadjika) au sujet des mutations à opérer dans le secteur de l’agriculture ainsi qu’un reportage sur la célébration le 13 août 2012 à Paris du 52e anniversaire de l’accession de notre pays à l’indépendance avait été retenu. MONTANT DE LA FACTURE : 25 MILLIONS DE FRANCS CFA.
Le dossier spécial en question a été publié dans le numéro du magazine du mois de septembre 2012. Une facture en bonne et due forme a été adressée à la République centrafricaine qui a trouvé moyen de renégocier les termes du contrat, décidant de régler 20 millions à Afrique Nouvelle. Le Trésor publique avait fait le nécessaire. Malheureusement, à cause d’un acte de malveillance sur le compte bancaire du magazine, le virement effectué par le Trésor public à partir d’un de ses comptes à la CBCA n’a pas pu être encaissé. S’en était suivi de nombreuses tracasseries. Plusieurs courriers avaient été échangées entre les Directions d’Afrique Nouvelle et de la CBCA. Le Directeur Général de la CBCA de l’époque, était le ministre Daniel Nditifei. Au final, Afrique Nouvelle a été payé par l’État centrafricain et non par un individu.
Seulement, lorsque survinrent les difficultés avec notre banque et que l’argent n’a pu être encaissé, Fidèle Gouandja a appris la nouvelle et m’avait téléphoné pour proposer ses services contre le paiement de 15% du montant global de la facture. Il disait qu’il avait la possibilité de mettre la pression sur le Directeur Général du Trésor public en vue de faire diligence. J’avais promis de lui envoyer un mail, après réflexion, afin de lui faire savoir ma décision sur les «15% » qu’il me réclamait. Finalement, j’avais poliment décliné son offre, préférant traiter directement avec la CBCA. Tous les documents relatifs à cette transaction commerciale sont joints à cette réplique.
Il convient de noter que les 20 millions de FCFA n’avait pas été remis gratuitement à l’individu Adrien Poussou mais ils avaient été payés au magazine Afrique Nouvelle à la suite d’une prestation de service. C’est comme si la République centrafricaine réglait la facture d’un publi-reportage dans Jeune Afrique par exemple.
JE METS AUX DÉFIS LE MENTEUR FORCÉNÉ GOUANDJIKA D’APPORTER LES PREUVES DU CONTRAIRE. Le mensonge prend toujours l’ascenseur et la vérité prend les escaliers. Durant les 10 ans du régime de François Bozizé, je n’ai pas mis les pieds à Bangui. À moins de disposer d’un don d’ubiquité, je ne pourrais pas me rendre à la Présidence. Pauvre menteur de Boy Rabe.
Le plus amusant dans cette affaire, c’est que Fidèle Gouandjika évoque des faits vieux de presque 10 ans. Là où on s’attendait à ce qu’il dresse le bilan du mandat désastreux de son parent. Je me suis fait un malin plaisir de dresser ce bilan à leur place dans mon prochain ouvrage à paraitre très bientôt chez L’Harmattan et dont le sous-titre est intitulé « Radioscopie d’un mandat présidentiel désastreux » Gouandjika aurait été plus crédible en mettant sur la place publique une demande ou un CV que j’aurais fait parvenir à son parent de président de la République dont la médiocrité n’a d’égale que son incompétence notoire. J’attends encore. Pour la gouverne de Gouandjika, je me suis toujours méfié de lui et de son parent que je considère comme dangereux. À preuve, entre les deux tours de la présidentielle de 2015/2016, j’avais dissuadé mes amis comme le président du PATRIE de ne pas apporter leur soutien à Touadera, leur expliquant que ce dernier s’était montré incapable d’être un Premier ministre. Donc il ne pourrait faire un bon président. Malheureusement, l’avenir semble me donner raison. Hélas.
II – Au sujet de la SÉLÉKA
C’était en tant que journaliste et patron du mensuel Afrique Nouvelle que m’étais rendu à Bangui dans le premier vol d’Air France après le coup d’État du 24 mars 2013. Je voulais être parmi les tout premiers journalistes à témoigner de ce qui se passait sur le terrain. Le hasard a voulu que des proches parents du président Michel Djotodia se trouvaient également dans le même avion. Une fois à Bangui, le bus de l’hôtel Ledger qui était du reste le seul moyen de transport à cette époque, nous avait conduit dans cet hôtel. J’ai fait mon travail de journaliste et je suis reparti sur le prochain vol. Afrique Nouvelle a été le premier magazine international a publié les photos des atrocités de la SÉLÉKA.
C’est toujours en tant que journaliste que je suis retourné en République centrafricaine en novembre 2013, cette fois à l’invitation des autorités de la transition, notamment de mon ami et frère Crépin Mboli-Goumba qui était à l’époque ministre d’État aux travaux publics et qui avait engagé les travaux de réhabilitation de l’avenue de l’indépendance.
Quand nous nous rendîmes au camp de Roux pour rencontrer le chef de l’État de la transition, c’était pour une interview qui devrait être publié dans le dossier que nous préparions. J’étais à mille lieux d’imaginer qu’il allait me proposer de me nommer au Ministère de la Communication et de la Réconciliation nationale. « C’est bien de rester à l’étranger et de critiquer son pays mais c’est encore mieux de se mettre à son service. Le ministère de la communication est vacant depuis le limogeage de Gazam-Betty. On m’a proposé trois noms dont voici les CV mais je crois qu’il faut nommer un jeune dans ce département afin de nous aider. Si tu dis oui tout de suite, je te nomme ministre d’État en remplacement de Gazam-Betty », avait lancé le président Djotodia à brûle-pourpoint après les salutations d’usage. Mon ami et frère Crépin Mboli-Goumba qui était visiblement dans le secret des dieux n’avait pas jugé utile de me prévenir préalablement. Il est encore vivant et peut le témoigner. J’apprendrai plus tard qu’il avait âprement défendu l’idée de me confier cette mission auprès des barons SÉLÉKA qui ne voulaient pas de ma nomination. La preuve, nous avons failli, le ministre Gaston Mackounzangba et moi-même être pris en otage devant la résidence présidentielle du camp de Roux par les soldats SÉLÉKA parce que quelqu’un que je préfère taire le nom leur avait dit que nous étions contre leur régime et que nous travaillons avec la France pour les faire partir.
Je reviens longuement sur cet épisode dans mes avant-mémoires. La vérité, c’est que je n’ai jamais demandé à être nommé au gouvernement. Et je n’ai jamais envoyé un CV à qui que ce soit en RCA pour solliciter un poste. D’ailleurs, il n’y a rien d’illégal à solliciter du travail dans son pays.
Encore un mot. Au moment de la passation de service entre madame la Ministre Antoinette Montaigne et moi-même après la formation du Gouvernement Nzapayeke, elle me fit cette remarque qui semblait anodine à première vue mais qui, avec le recul, a pris un autre sens : « Toi et Crépin là, vous avez eu tort de ne pas vous défendre vigoureusement des accusations de SÉLÉKA. Cela va vous poursuivre si vous croyez que ces fausses accusations vont s’estomper d’elles-mêmes », m’avait-elle dit après m’avoir appris que mon paternel était son oncle maternel et qu’il l’avait enseigné de CE1 à CM2 à Bangassou. Et qu’il était très rigoureux avec elle et l’une de mes tantes paternelles. Aujourd’hui, cette remarque est d’une pertinence aveuglante, lorsque des porcs se permettent de me faire la leçon.
Pourquoi je raconte tout cela ? Eh bien, parce que beaucoup de choses invraisemblables ont été racontées à mon sujet sans que je ne daigne répondre. J’y ai toujours opposé un mépris souverain. J’ai eu tort. Désormais, je répondrai du tic au tac. Je ne laisserai plus personne ternir mon image ni salir impunément mon nom.
Fait le 23 mai 2020
Adrien POUSSOU