Bangui, 31 janvier 2022 (Corbeaunews – Centrafrique ) – Lors d’une conférence de presse tenue à Bangui le samedi dernier, le porte-parole de la présidence de la République, Monsieur Albert Yaloké Mokpème a déclaré qu’il n’y a pas eu un massacre commis par les mercenaires russes et leurs alliés soldats FACA dans la localité de Bria, plus précisément dans les villages Aïgbado et Yanga. Les parents des victimes, dont certaines sont encore à l’hôpital, dénoncent un propos qu’ils qualifient de choquant.
« Ne nous trompons pas d’ennemis. Cela ne nous surprend pas lorsqu’on regarde les médias qui donnent ces informations. Je vous les cite: Agence France Presse, Media part, Ouest-France, RFI, la croix. Allez y comprendre. C’est une campagne d’acharnement contre les FACA et nos alliés. Ils veulent nous les présenter comme des assassins du peuple centrafricain. Ils veulent présenter le gouvernement et le président de la République comme des dictateurs qui tuent leur peuple. On n’entretient le chaos en RCA. Certains médias sont dans ce sens et certains groupes armés sont financés et armés pour ça. Nous voulons que ça cesse », déclare Albert Yaloké Mokpème, ministre, porte-parole de la présidence de la République, tout en niant les dérives des forces gouvernementales, pourtant reconnu par certains officiers de l’armée nationale et les Nations unies qui parlent d’un massacre.
Des propos qui créent l’émoi
Les ONG, la Minusca (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique), la société civile et certains observateurs nationaux et internationaux se disent surpris des propos tenus par Monsieur Albert Yaloké Mokpème, ministre, porte-parole de la Présidence de la République. Ils se rappellent même comment les mercenaires russes du groupe Wagner et les soldats FACA ont ignoré le sort des populations civiles lors de leur opération menée dans le village Aïgbado, 75 kilomètres de Bria sur l’axe Ndélé, et le village Yanga, situé à 145 kilomètres de Bria, toujours sur l’axe Ndélé. Mais pour les familles des victimes, ce sont des propos méprisants qui s’activent pour nier les évidences.
« C’est une atteinte à la mémoire des nombreuses victimes », dénonce un proche parent d’un collecteur de diamants tué dans le massacre du 16 janvier dernier. Pour lui, le porte-parole doit leur présenter des excuses. Mais pour ce dernier, il n’y a pas de massacre à Bria, ceci est une campagne de dénigrement visant à « détourner l’attention du public sur l’ennemi commun qui n’est autre que la rébellion dans le pays ». Et ce n’est pas tout! L’homme va même plus loin pour vanter les multiples massacres commis par les mercenaires russes dans le pays depuis un an.
« Curieusement, certains pays veulent prendre l’exemple chez nous avec les résultats probants du travail fait sur le terrain. Cela veut dire que nous sommes sur la bonne voie. Qu’on ne se trompe pas d’ennemis «, déclare le porte-parole.
Pour certains observateurs nationaux, l’attitude du chef de l’État vis-à-vis des dérives des mercenaires russes sur le terrain montre bel et bien qu’il est complice du crime contre l’humanité, crime de guerre commis par ces paramilitaires.
Rappelons que le 16 janvier dernier, sous prétexte d’une opération contre les rebelles de l’UPC dans le nord de Bria, les mercenaires russes et les soldats FACA ont tué sans distinction près de 70 personnes, et blessez une centaine d’autres.
Les nations unies, de son côté, ont ouvert une enquête sur cette tuerie de masse. Des témoins sont interrogés. Pour le pouvoir de Bangui, il pense qu’il pourrait nier les faits et tromper la communauté internationale. Ils oublient que c’est le terrain qui compte.
Par Gisèle MOLOMA
Journaliste rédacteur
Alain Nzilo
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