Bangui (République centrafricaine) – Les élections approchent, dit le Président François BOZIZE devant des centaines des militants de son parti, le Kwa Na Kwa (KNK) le 15 Mars 2020, lors d’un meeting à Bouar et des environs.
« Ne reculez pas. Faites du bon travail. Soyez vigilants dans votre travail, parce que les dribles (yémbélé yémbélé) ont commencé. Soyez vigilants pour ne pas qu’on vous “couillonne“ ou qu’on vous trompe vos yeux ouverts. Les élections dans une démocratie doivent se dérouler normalement comme dans tous les pays démocratiques du monde. Comme çà tout le monde acceptera les résultats. Il ne s’agit pas de faire des choses en cachette en écartant certains. Une élection démocratique se déroule selon les règles démocratiques et selon la Constitution ».
La solution à la crise centrafricaine est politique pas militaire. Et donc elle passe par des élections crédibles, libres et transparentes.
Elle est « centrafricaine » comme dit M Mahamat ZACHARIA, un des constituants de 2016 : « Si c’est moi Mahamat ZACHARIA, je dois purement et simplement déchirer l’Accord de Khartoum. Et dire aux Centrafricains venons mettons-nous autour de la table voyons ce qu’on peut faire. Sans pour autant attendre l’emprise, l’ingérence de la communauté internationale » (RNL 07/10/2019, Patara).
Les enseignements tirés des élections de 2016.
L’élection de M Faustin Archange TOUADERA est contestée et reste à jamais entachées de soupçon de fraudes massives.
M Georges DOLEGUELE, leader de l’Union pour le Renouveau Centrafricain (URCA) dans le journal CARnews du 21 Septembre 2016 accuse M Faustin Archange TOUADERA d’avoir volé les élections. Sans aller jusqu’à déposer de recours. Il a rapidement reconnu la victoire de son rival.
Ses arguments sont les suivants : premièrement il ne veut pas courir le risque que la situation ne dégénère, deuxièmement c’est « un acte de cœur », troisièmement l’Agence Nationale des Elections (ANE) ne fonctionnant pas, il demande sa dissolution:
« Parce que la situation aurait dégénérée. Les jours précédant la proclamation des résultats officiels, la tension n’avait cessé de monter. Il y avait déjà des violences, la colère enflait. Comprenant qu’on allait leur voler la victoire, les jeunes menaçaient de sortir dans la rue avec des armes. Ni moi ni personne n’avions les moyens de maîtriser ce qui allait se passer».
La question de la candidature de M F A TOUADERA en 2020 est un vrai sujet. Ce que M François BOZIZE appelle des dribles ou yémbélé yémbélé se manifestent déjà, tentative de révision de la constitution, intimidation des représentants des candidats dans les zones tenues par les groupes armés. On peut lire dans un article du journal CNC du 5 Mai 2020 :
« Cri d’alarme du député MPLC de Kabo 1 Clément NABON face aux agissements belliqueux du rebelle tchadien Mahamat ALKHATIM. Après le guet-apens tendu au Président du parti MLPC Martin Ziguélé par les éléments rebelles de 3R (retour, réclamation et réhabilitation) dans la localité de Bocaranga le 11 février dernier, c’est le tour du député de MLPC Clément NOBONA d’être la cible d’un autre groupe armé, le Mouvement patriotique pour la Centrafrique (MPC), dirigé par un sujet tchadien dénommé Mahamat Alkhatim, dans la ville de Kabo le mois dernier ».
La France soutient l’Accord Khartoum mort-né contre le Rapport du Forum souverain de Bangui de 2015. On ne voit pas comment les élections de 2020 se dérouleront dans le cadre d’un accord que plusieurs signataires foulent aux pieds. La France, la Russie, la Chine, l’UE et l’UA ont pour mission avant les élections de faire respecter cet accord par leurs partenaires, les groupes armés ou autres mercenaires de tous poils. Que la sécurité soit garantie par la MINUSCA conjointement avec l’Armée nationale que l’EUTM-RCA et la Russie ont formée.
« Il n’y a aucune alternative, ni souhaitable, ni susceptible de réussir », a déclaré Jean-Yves Le Drian lors d’une conférence de presse en marge de l’Assemblée générale des Nations unies. Des déclarations qui interviennent alors que la Russie est de plus en plus présente diplomatiquement et militairement – ainsi que par mercenaires interposés – dans ce pays ».
Les attentes des Centrafricains vis-à-vis de l’UE.
Des horreurs s’abattent sur les Centrafricains depuis 2012 à Ndélé, à Baboua, à Birao, à Alindao, à l’Eglise de Fatima à Bangui, Bambari, etc. sous les yeux de l’UE, la Russie, les USA et la Chine. Les auteurs de ces crimes sont connus : M Ali DARASSA, Conseiller militaire en charge des USMS pour la zone Nord-Est ; Alkatim MAHAMAT, Conseiller en charge des USMS pour la zone Centre Nord ; M Bi SIDIK SOULEYMAN, Conseiller militaire chargé des USMS pour la zone Nord-Ouest. Ils ne sont inquiétés ni par les juridictions nationales ou internationales. Où se situe l’Armée nationale dans cette organisation ? Ils sont même récompensés par le gouvernement centrafricain qui leur confie des charges de sécurité du pays. Les centrafricains croient vivre un cauchemar.
La RCA peut travailler avec l’UE et la France en particulier sur la base de la stratégie globale de relations Afrique UE rédigée la 9 Mars 2020 à Bruxelles. Les domaines de la Paix et de la Gouvernance sont des priorités.
« L’Afrique est le voisin le plus proche de l’Europe. En raison de l’histoire, de la proximité et des intérêts partagés, les liens qui unissent l’Afrique à l’Union européenne (UE) sont vastes et profonds. Il est temps de faire passer cette relation à un niveau supérieur. Pour les relations entre l’Afrique et l’UE, 2020 sera une année charnière pour concrétiser l’ambition de développer un partenariat encore plus solide. L’Afrique comme l’Europe sont confrontées à un nombre croissant de défis communs, notamment les effets du changement climatique et la transformation numérique. La paix et la sécurité ne sont pas seulement un besoin fondamental pour tous, elles constituent également une condition préalable au développement économique et social. La paix, la sécurité, la bonne gouvernance et la prospérité économique en Afrique sont également essentielles pour la propre sécurité et prospérité de l’UE ».
L’UE et les financeurs des élections 2020 en RCA ne doivent pas laisser la sécurité de ces élections à des mercenaires, à des terroristes et autres rebelles. Ces gens-là ne connaissent pas ce que c’est la démocratie.
Les zones militaires dirigées par MM Bi SIDIK SOULEYMAN, Alkatim MAHAMAT et Ali DARASSA, alliés de M Faustin Archange TOUADERA font partie du dispositif de la fraude massive annoncée. Les candidats doivent se préoccuper.
La sécurisation des élections sera confiée à la MINUSCA, et l’Armée nationale. Des représentants des candidats, des observateurs nationaux et internationaux seront présents dans les bureaux de votes.
Les procès-verbaux transmis le jour même par voix électroniques et à l’arrivée les représentants des candidats seront sur place.
Les résultats d’une élection crédible et apaisés sont facilement acceptés. Il en découle la paix et la stabilité, facteurs que la RCA et la France et l’UE ont besoin pour combattre le terrorisme en Afrique centrale.
« La paix, la sécurité, la bonne gouvernance et la prospérité économique en Afrique sont également essentielles pour la propre sécurité et prospérité de l’UE ». (Stratégie globale avec l’Afrique 09/03/2020).
Par : Les Amis de Siloë Centrafrique
Le 11 Mai 2020