RCA: Le président Faustin Archange TOUADERA,Cinq mois Pour Rien !
par: Chancel SEKODE.
Il ne m’est jamais familier de prendre la plume au tout début d’un quinquennat pour lancer l’alerte, mais la singulière détérioration de la situation politique et sécuritaire de ces derniers jours dans mon pays m’oblige à le faire. En effet, en tant qu’homme politique engagé pour la bonne cause, celle de rendre à mon pays une partie de tout ce qu’il m’a donné, comment rester indifférent et muet face à l’interminable souffrance du peuple centrafricain ? Rester muet face à la nouvelle flambée de violences en cours, ce n’est rien d’autre qu’une faute morale.
Le Gouvernement SARANDJI malgré sa sarabande n’incarne pour l’instant que des symptômes régressifs d’un nouveau chaos prévisible.
Certes, d’aucuns diront que le Professeur TOUADERA est aux affaires depuis seulement cinq mois. Mais dans la situation actuelle, où l’on assiste avec stupéfaction à l’impuissance de l’État à rétablir un minimum de sécurité notamment dans plusieurs villes de provinces de notre pays, il faut rompre le silence.
Oui, dans la situation où se trouve la Centrafrique depuis 2013, les centrafricains attendent d’abord d’un Président de la République qu’il leur permette d’espérer dans un nouvel avenir. Hélas, en presque un semestre d’une gouvernance dite de « rupture », c’est sans doute ce qu’on appelle un sans-faute, je m’attendais personnellement au pire, au moins de ce point de vue, je n’ai pas été déçu, à l’image d’une immense majorité de centrafricains qui doutent déjà de l’incapacité des autorités actuelles à garantir un minimum de sécurité.
Je pense qu’il y a un travail urgent à engager. Il faut sans délai mettre fin au clientélisme, à la fusion-confusion-compromission, à l’impunité qui gangrène la vie de la cité, si le gouvernement veut réellement bouter l’insécurité hors du territoire national. Mais qui peut imaginer qu’on peut réussir en faisant des appels du pied à ceux-là mêmes qui ont -d’une manière ou d’une autre, été et qui continuent d’être à l’origine des souffrances du peuple centrafricain ?
D’aucuns me diront encore que le pays a besoin d’une union sacrée autour d’un chef de l’État pour rebondir, d’une majorité soudée pour venir à bout des forces négatives quelles qu’elles soient. Mais moi, je dis que la majorité ne veut absolument pas dire naïveté, l’union sacrée ne signifie pas lâcheté.
Une politique de gribouille, c’est regarder l’avenir dans le rétroviseur.
Que pense le régime de TOUADERA de plusieurs dizaines de personnes sauvagement abattues ces derniers jours au village NDOMETE dans la NANA-GRIBIZI ? Que dit le Ministre de la Défense par rapport aux incursions des bandes armées dans la Sous-préfecture de Kouango ayant occasionné de nombreuses pertes en vies humaines parmi les pauvres paysans ? Enfin, quel est le véritable plan de Sécurité mis en place par le Ministre SERGE BOKASSA pour garantir un brin de protection aux populations centrafrica ines ? Poser la question, c’est même déjà y répondre.
Oui, les centrafricains ont la réponse à ces interrogations : C’est se chamailler à longueur de journée avec la MINUSCA. C’est faire des yeux doux aux ANTI-BALAKA. C’est baisser la culotte devant la SELEKA. C’est attendre tout de la MINUSCA. Un jour on convoque les responsables de la SELEKA au Palais de la Renaissance pour discuter de la paix, mais avant même que l’on soit passé à la journée suivante, ces mêmes SELEKA tuent, pillent et saccages de pauvres innocents. Un matin on apprend qu’un gros requin des ANTIBALAKA s’est fait arrêter pour répondre devant la justice de son pays, le soir l’on apprend qu’il est remis en liberté. Un temps on nous fait croire qu’une colonne de mercenaires de la SELEKA a été stoppée et neutralisée par la MINUSCA entre Damara et Sibut, un temps l’on apprend qu’ils se sont évaporés dans la nature.
Cinq mois pour rien, ni propositions concrètes ni plans de pacification concrets, bref : Une véritable politique de gribouille. Le pouvoir exécutif oublie que quand on pratique une politique de gribouille, c’est qu’on regarde l’avenir dans le rétroviseur. Oui, quand on tresse des lauriers aux fossoyeurs de la République, c’est le peuple qui rêve éveillé.
Face à ce grand Rien, il faut à la Centrafrique une thérapie de choc.
Cinq mois pour rien, quel gâchis ! Il est vrai que le Président TOUADERA a été élu sur la base d’aucun programme de société. Disant cela, certains auront des lubies en me qualifiant de haineux. Pourtant, loin s’en faut. Je ne suis pas dans cette logique.
Que reste-t-il du programme baptisé « Les 100 JOURS » concentré par des soi-disant experts politiques représentant la classe politique centrafricaine ? Une longue litanie de mensonges. Que font les députés de la nation face à tous ces crimes récurrents ? Rien ! Cinq mois pour rien !
La RCA ne doit pas rester immobile. C’est pourquoi, il est temps de définir une véritable ligne de gouvernance politique. Il est temps d’incorporer rapidement et efficacement les soldats de la MINUSCA dans cette logique -pas simplement de force d’observation- mais de forces d’action, par la stricte application du mandat qui est le leur. Nous savons que sans nos Forces de Défenses et de Sécurité, ce ne sera pas chose facile.
Mais en attendant la refondation des FACA, la MINUSCA doit arrêter avec sa politique du tourisme diplomatique. Elle doit agir pour non simplement dissuader, mais surtout neutraliser en cas d’attaques contre les populations civiles.
Il faut donner un singulier coup d’accélérateur au processus de DDRR. En y impliquant réellement et pleinement les vrais acteurs pour éviter toutes éventuelles déconvenues.
Il faut refonder profondément la chaîne pénale, gage d’une véritable justice républicaine. On ne doit pas transiger avec la République. Aucun citoyen n’est en-dessous des autres. Mais aucun centrafricain n’est au-dessus des autres. Quand un citoyen commet une infraction, il doit être jugé, quand un citoyen commet un crime, il doit être condamné. L’impunité ne doit pas être une fatalité en Centrafrique. Quant aux éléments étrangers, la question ne devrait même pas se poser. Alors pourquoi continuer avec une politique du spectacle qui cache bien des choses réelles ?
On peut encore éviter toutes éventuelles déconvenues. Tout est encore possible, à condition de trouver les bonnes formules et surtout de bons managers et les bons endroits.
Que celui qui a des oreilles entende ! Vive la République une et indivisible pour que vive la Centrafrique !
Lorient le 21/09/2016
Chancel SEKODE, homme politique engagé.