Bangui, République centrafricaine, samedi, 14 novembre 2020 ( Corbeaunews-Centrafrique). Invité de l’émission KEREMBESSE du vendredi 25 septembre 2020, en réponse à la 7eme question posée par l’animateur, le compatriote MAYTE, ci-transcrite, ‘’Pensez-vous que toutes les pièces du puzzle sont réunies pour une libre, transparente et crédible élection ?’’, nous avons répondu que toutes les conditions sont réunies pour une implosion pré-électorale ou pour une explosion post-électorale,
réponse qui avait suscité réellement certaines interrogations et incompréhensions et qui nécessite des réponses ou clarifications ; je me fais ici l’agréable devoir d’apporter ces réponses ou clarifications, à quelques quarante-cinq (45) jours du premier tour des élections censé se tenir le 27 décembre 2020, à travers les quelques faits et actes politiques saillants qui constituent de réels dangers, facteurs d’implosion avant ou d’explosion après les élections de décembre 2020 et de février 2021.
Depuis avril 2016, nous avons été très regardant sur les premiers actes politiques du Président TOUADERA et à partir de 2017 au nom du PDCA, nous n’avons cessé d’alerter et d’attirer l’attention de toute la classe politique centrafricaine sur certains faits et comportements politiques de l’Exécutif qui suscitaient doutes, interrogations et inquiétudes, et avons proposé un début de réflexions partagées pour toutes éventualités, proposition que beaucoup de Leaders Politiques trouvaient prématurée, ce qui ne nous a pas étonné vu notre insouciance légendaire et notre manque de sérieux politique ; et il nous a fallu l’année 2020 pour décrier le retard accumulé par l’Autorité Nationale des Elections-ANE ; et en ce mois de novembre 2020, personne ne peut récuser l’impréparation ou la mauvaise organisation voulue, le paramétrage et le formatage de l’ANE pour des résultats autres que ceux qui sortiront des urnes. Les faits évoqués ci-dessous convainquent et fondent notre affirmation du 25 septembre 2020.
Au préalable, nous voulons présenter, aussi humblement, au nom du PDCA et en notre nom personnel, nos sincères condoléances au compatriote BOKASSA Jean Serge, très éprouvé par le tragique décès de son
épouse, survenu le mardi 10 novembre 2020, à un moment où il devrait s’engager pour une importante action politique de protée nationale.
- MISE VOLONTAIRE DE LA REPUBLIQUE SOUS LA COUPE DES GROUPES ARMES PAR LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE POUR S’ACCROCHER AUX POUVOIRS
L’énième dialogue voulu à tous prix par le Président TOUADERA, et récusé par l’opinion populaire, n’était que l’acte marquant la mise en œuvre d’un agenda politique caché qui se déroule depuis dans le sang des Centrafricains. Depuis ce fameux dialogue, le Peuple Centrafricain réalise avec très grande amertume, le déroulement de cet agenda caché qui s’est déjà traduit par :
- L’octroi d’une sibylline amnistie aux groupes armés, contenue dans le second accord, dit secret et qui est toujours caché aux Centrafricains, lesquels groupes armés ont excellé dans les tueries de masse par la suite ;
- La territorialisation de l’insécurité : (1) Ali Ndarassa, le nigérien, se fait le kalifa des Préfectures de la Ouaka, de la Basse Kotto, du Mbomou et du Haut Mbomou, tuant allègrement les Centrafricains et narguant et humiliant le Préfet de la Haute Kotto qui lui reprochait ses méfaits, en lui crachant à la figure cette insulte : ‘’c’est avec l’autorisation du Président TOUADERA qu’il est en train de circuler et de faire ce qu’il fait’’, (2) Alkhatim s’érige à la fois sultan de Birao, de Bria et de Ndélé, villes qu’il a mises à feu et à sang avec la complicité des groupes armés RPCR, PRCN et MLCJ dont les responsables sont membres du gouvernement du Premier Ministre NGRABADA qui les qualifie de partenaires, (3) le hardo Sidiki sème allègrement la mort et empêche les enrôlements dans les Préfectures de l’Ouham Pendé, de la Nana Mambéré et de la Mambéré Kadéi. Avec cette territorialité astucieusement mise en place, qui pourrait facilement aller faire campagne dans telle ou telle circonscription ? Nous mettons quiconque en défi de nous démontrer le contraire. Les anciens Premiers Ministres ZIGUELE et TIANGAYE en savent quelque chose ;
- La mise en place une milice assassine à Bangui, dénommée ‘’les requins’’ au vu et su de tout le monde ;
- L’organisation d’une milice anti balaka, à la solde du Mouvement des Cœurs Unis-MCU, qui devrait semer la terreur durant les périodes des campagnes électorales pour faire imputer la responsabilité au candidat BOZIZE; ce funeste plan a été révélé suite à l’arrestation de certains anti balaka MCU au PK 12.
- Saisie du véhicule et des supports de campagne envoyés par l’ancien Premier Ministre TIANGAYE, Président du CRPS à Kabo (Sous-Préfecture de l’Ouham), sur demande du Président TOUADERA, dit-on. Rumeur ? Mais le défunt ancien Président PATASSE aimait dire ‘’ Bangui…, Bangui…, ville de rumeurs, mais les rumeurs de Bangui finissent toujours par devenir des réalités.’’.
Pourquoi le Président TOUADERA a tenu et a réussi à mettre sous la coupe des groupes armés la République ? La réponse est aussi simple et claire comme l’eau des roches. Conscient de la manière dont il est arrivé au pouvoir, et se faisant homme politique prévoyant, il a si tôt envisager sa propre succession en 2020-2021. En effet, comme tout le monde le sait maintenant, il a été placé à la tête de l’Etat centrafricain par certains milieux maçonniques français et ayant fait un pied de nez à ceux-ci, en se tournant vers la Fédération de la Russie, il a vite réalisé que cette succession ne pourrait être possible qu’avec les appuis des groupes armés. Vite penser et aussitôt envisager. Rappel oblige, c’était grâce aux hauts dignitaires et cadres du Kwa Na Kwa-KNK, francs-maçons, qui avaient plaidé sa cause auprès de leurs pairs à Lille et à Lyon (France), que le candidat TOUADERA qui occupait le 7eme ou 6eme rang à l’issue du premier tour des élections présidentielles de 2015, marquées par d’inacceptables irrégularités, a été ramené au 2eme rang après le candidat DOLOGUELE. Les Dames SAMBA PANZA et N’KOUET, qui en savent beaucoup, étaient chargées de le faire ‘’déclaré élu’’ à l’issue du second tour, ce qui fut fait. Obsédé par le pouvoir, il s’est fait très ingrat envers le KNK et a virgulé dans le dos des milieux maçonniques français, et est contraint de s’allier les groupes armés pour espérer se succéder à lui-même. Et pour que sa ré élection, qu’il voudrait qu’elle soit déclarée à l’issue du premier tour réussisse, il lui fallait aussi paramétrer et formater l’A N E.
- PARAMETRAGE ET FORMATAGE DE L’A N E POUR EN FAIRE UNE VERITABLE INDUSTRIE DE FRAUDES ELECTORALES
N’ayant pas réussi à modifier la constitution, le Président TOUADERA, la mort dans l’âme, a forcé la modification de la loi électorale que la Cour Constitutionnelle de Bangui a validée, alors l’article 4 du Protocole sur la Démocratie et la Bonne Gouvernance de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs, dûment ratifié par l’Assemblée Nationale Centrafricaine, interdit toute modification de la loi électorale dans les six (6) mois, sans consentement des Forces Vives de la Nation. Quid de la violation de la loi.
Long maintien de l’A N E en tant qu’organe technique, au mépris l’article 15 de la Constitution du 30 mars 2016 pour en faire une véritable industrie de fraudes électorales… Nécessité de fraude oblige…
Enrôlements électoraux uniquement en faveur du M C U :
- Refus de recenser les réfugiés centrafricains à l’étranger
- Non enrôlements dans de nombreuses localités en province, jugées hostiles au MCU ;
- Enrôlements préférentiels en France : les quelques 3 000 votants recensés en France, auraient été réalisés pour la majorité aux domiciles des recensés, prétendus sympathisants ou membres du M C U, alors qu’en France, il y a au moins 13 000 foyers centrafricains.
- Massive importation de votants étrangers de la RDC, du Cameroun, du Tchad, des deux Soudans, voire même du lointain Niger, à qui de faux jugements supplétifs d’actes de naissance ont été remis, actes décriés par tous les quotidiens de Faux et usage de faux et braderie de la nationalité centrafricaine. Véritable bombe explosive pour ces prochaines années ;
- Le nombre, de plus de 1.800.000 électeurs, publié par l’ANE suscite doutes et interrogations. Naturellement, les femmes représentent depuis toujours 52 % et les hommes 48 % de la population. Depuis 2012, les hommes centrafricains ne cessent d’être tués par les mercenaires importés. En principe ce différentiel de 4 % devrait être logiquement à 5 ou 6 % pour expliquer l’écart. Or la catégorisation des électeurs par l’ANE nous ressort un effectif d’hommes supérieur à celui des femmes. Nous déduisons que ce nombre supérieur des hommes par rapport à celui des femmes ne peut s’expliquer que la massive importation des éleveurs mbororo des pays voisins.
Carte à puce et carte sans puce : astucieuse fraude devant faciliter les votes en faveur du Président TOUADERA. Le fameux serveur russe de l’A N E est censé insérer une puce sur les cartes d’électeurs destinés aux militants et sympathisants MCU, alors que les autres électeurs auront des cartes sans puce. Si cette fraude aboutit, il y a grave risque que de nombreux électeurs mécontents, faute de ne pouvoir voter, se livrent au vandalisme dans certains bureaux de vote. Attention, couteau à double tranchant. Nous recommandons aussi humblement à tous les candidats présidentiels de s’assurer les expertises de nos ingénieurs en génie informatique ou d’en solliciter à l’extérieur, s’il y a nécessité.
- FAIRE FINANCER LES ELECTIONS NATIONALES PAR LES PARTENAIRES
L’article 10 du code électoral fait obligation au Président de la République de provisionner chaque année, et durant tout son mandat, des ressources financières pour l’organisation des élections et ne l’autorise à solliciter l’aide des partenaires, qu’en cas de gap. En fin roublard de Bangui, de gangster de Bangui ou de violeur des lois comme l’aiment le qualifier certaines rédactions de presse, le Président TOUADERA n’a attendu que la loi des finances 2020 pour faire inscrire une provision de deux (2) milliards de fcfa, que le Trésor Public ne réussit pas encore, à quarante-cinq (45) jours des élections, à mettre à la disposition de l’A N E, et par voie de conséquence, il est obligé de ‘ ’ tendre la main de mendiant ‘ ’ (dixit feu ancien Président PATASSE) aux partenaires, alors qu’il envisage des hold-up électoraux pour s’accrocher au pouvoir ; et tout le monde sait que les partenaires, qui financent les élections, s’entendent toujours pour faire déclarer élu leur homme de main, pour récupérer 10 euros pour 1 euro donné. Où est le sérieux politique ?
- GESTION DESASTREUSE DU COVID-19
Obsédé par les manœuvres dilatoires pour son accrochage au pouvoir, le Président TOUIADERA et son gouvernement depuis des mois ne se préoccupent plus des malades du COVID-19, mal qui, dans le silence politique, décime la population en province. Fait encore plus sidérant, aucune transparence dans la gestion des 130,73 milliards de fcfa, octroyés par les partenaires pour les prises en charges des malades de ce mal sorti d’un laboratoire quelque part. Il faudrait que le successeur du Président TOUADERA, non seulement, soit très regardant dans les emplois de ces appuis pour ne pas léguer de dettes illégitimes aux générations futures, mais surtout envisage un plan d’urgence sanitaire.
- LES BRAS DE FER ENTRE LE PRESIDENT TOUADERA ET L’ANCIEN PRESIDENT BOZIZE Depuis le retour inopiné de l’ancien Président BOZIZE à Bangui, la vie politique nationale semble se réduire aux querelles de personnes entre le Président TOUADERA et son parrain l’ancien Président BOZIZE et au combat de coqs entre les camps MCU et KNK, alors que le Peuple Centrafricain voudrait faire des prochaines élections (1) un moyen de retrouver la paix du cœur et la paix sociale, (2) un moyen de retrouver sa dignité, son orgueil et son respect longtemps bafoués et, (3) un moyen de sortir du cul de sac dans lequel le Président TOUADERA l’y a conduit.
Or, ce Peuple Centrafricain, maintenu politiquement et volontairement dans l’analphabétisme pour mieux le piller, réalise avec sagesse que ces inutiles bras de fer, non seulement mettent en relief une inconcevable ingratitude du camp du filleul politique et une certaine volonté de revanche du camp du parrain politique, mais surtout convainquent des faiblesses du Président TOUADERA qui veut brouiller les cartes, parce qu’il n’arrive pas à maîtriser les problématiques qui émergent de la boîte de Pandore qu’il a ouverte avec son dialogue de Khartoum.
N’ayant pas réussi à empêcher la candidature de l’ancien Président BOZIZE dont le dossier a été déposé en bonne et due forme, qui pourrait présager d’autres réactivités négatives de la part du Président TOUADERA d’ici le premier tour des élections, si réellement ces élections arrivent à se tenir, ou après s’il n’est pas réélu ? C’est ici qu’il y a lieu de dire haut et fort, qu’on ne participe pas aux élections par obsession d’occuper le fauteuil présidentiel, ni pour exister politiquement. Participer à une élection présidentielle, signifie ou sous- entend qu’on porte des espoirs, qu’on porte un projet de société avec d’idoines alternatives devant faciliter l’amélioration des conditions de vie du Centrafricain. Nous osons croire que le déroulé des campagnes nous permettra de percevoir ou comprendre les messages politiques forts, les perspectives de reconstruction de notre pays que nous avons, par nos inconséquences et turpitudes politiciennes néanti et immergé dans une insécurité érigée en méthode de gestion des pouvoirs de l’Etat. Personne ne souhaite pas que ces inutiles bras de fer, entre le camp du Président TOUADERA et celui de l’ancien Président BOZIZE, se transforment en un pugilat électoral suicidaire.
Le Président TOUADERA, durant son mandat finissant, ne nous a convaincus de rien, et n’a cessé de démontrer au quotidien qu’il ne maîtrise rien et qu’il va laisser à jamais dans notre conscience collective l’image d’un apprenti sorcier en politique et opportuniste. Et faute d’être un stratège, toutes ses approches de grossières fraudes électorales se révèlent et font déjà de lui un mauvais tricheur et un virtuel mauvais perdant. Un mauvais tricheur privilégie souvent l’approche : ‘’ça passe ou ça casse’’
Voilà et voici les fondamentales raisons qui ont fondé notre réponse du 25 septembre 2020, et nous mettons quiconque en défit de nous rassurer que ces élections, ne seront pas celles de tous les dangers, vu l’arrivée massive des mercenaires et militaires étrangers depuis des mois, celle des chars sortis de nulle part et l’autorisation des Nations Unies données aux militaires français de protéger la MINUSCA en Centrafrique.
Bizarre et très bizarre. Résurgence de la guerre froide entre l’Est et l’Ouest en Centrafrique ? A quelle sauce nous serons mangés ? Et voilà comment pour ses richesses nationales, tout un peuple est sacrifié.
Merci et sincères considérations.
WAFIO JEAN SERGE
Président du PDCA