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Politique et forfaiture: un miroir troublant entre la RDC et la République Centrafricaine

Politique et forfaiture: un miroir troublant entre la RDC et la République Centrafricaine

 

Jean-Pierre Waboé, Président de la cour constitutionnelle centrafricaine
Jean-Pierre Waboé, Président de la cour constitutionnelle centrafricaine. CopyrightJeune Afrique

 

 

Bangui, 06 septembre 2023 (CNC) –  Lorsque l’on se penche sur le fonctionnement des institutions judiciaires dans les pays africains, il est difficile de ne pas remarquer les similitudes troublantes entre la Cour constitutionnelle de la République Démocratique du Congo (RDC) et celle de la République Centrafricaine (RCA). Ben Wilson Ngassan, journaliste émérite, a récemment pointé du doigt certaines de ces similitudes dans un article au ton incisif. Il a souligné comment ces institutions ont validé des décisions controversées, créant ainsi un profond sentiment d’incohérence au sein de leurs nations respectives.

 

L’un des moments clés de la critique de Ngassan concerne Corneille Nangaa, qui a occupé la présidence de la commission électorale mixte indépendante (CEMI) en RDC sous le régime de Joseph Kabila. Ngassan rappelle le rôle de Nangaa dans l’élection présidentielle de 2018, où la victoire de Martin Fayulu a été contestée et où Félix Tshisekedi a été déclaré vainqueur. Cette décision a suscité des soupçons de fraude électorale et a été perçue comme un acte de forfaiture juridique. Pourtant, aujourd’hui, Nangaa critique sévèrement les actions du gouvernement congolais, suggérant qu’il a été “jeté dans la poubelle de l’histoire” par Tshisekedi.

 

Le parallèle entre Nangaa et le président de la Cour constitutionnelle en RCA, Jean-Pierre Waboué, est frappant. Jean-Pierre Waboué, qui est également un “pasteur évangélique,” a validé des décisions controversées, notamment la chute de Danièle Darlan et l’approbation d’une Constitution qui, selon Ngassan, “n’existe pas.” Ces actions ont généré un débat intense au sein de la société centrafricaine, tout comme cela s’est produit en RDC.

 

Ce qui rend cet article particulièrement pertinent, c’est la mise en garde de Ngassan concernant les conséquences possibles de ces décisions controversées dans un monde de plus en plus connecté. Il souligne que les nouvelles technologies de l’information permettent désormais à la société civile de s’exprimer plus librement et de tenir les responsables politiques et judiciaires pour responsables de leurs actes. Il prédit que les Centrafricains pourraient suivre l’exemple des Congolais en exprimant leur mécontentement à travers un “lynchage médiatique” et en exigeant que justice soit rendue. Pour Ngassan, le crime constitutionnel est tout aussi grave que le crime de sang, et il appelle à une réflexion approfondie sur ces questions.

 

Il y’a lieu de rappeler que l’article de Ben Wilson Ngassan met en lumière les parallèles troublants entre la commission électorale mixte indépendante de la RDC et celle de la RCA ainsi que les deux cours constitutionnelles. Il souligne l’importance de la responsabilité et de la transparence dans le fonctionnement de ces institutions, tout en avertissant que l’ère des nouvelles technologies rendra difficile l’évasion de la reddition de comptes. Ce texte incisif invite les lecteurs à réfléchir sur l’état de la démocratie et de la justice en Afrique, et sur la manière dont les citoyens peuvent influencer le cours de l’histoire à l’ère numérique.

 

Par Alain Nzilo

Directeur de publications

 

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