Bangui (République centrafricaine) – 18 oct. 2019 01:46
Le préfet du Pool, le colonel Georges Kilebe a appelé les populations de son département à accepter les moustiquaires imprégnées d’insecticide distribuée gratuitement pour se mettre à l’abri du paludisme. Ce message vise à mettre fin à la rumeur qui parle d’empoisonnement de ces moustiquaires.
A la suite d’un message posté sur les réseaux sociaux, les populations, surtout celle de Brazzaville, sont restées réticentes aux moustiquaires imprégnées d’insecticide.
Elles redoutent un empoisonnement en masse qui serait organisé par les autorités, selon la rumeur. Pourtant, sur financement des Etats-Unis, le gouvernement a obtenu plus de trois millions de moustiquaires, à distribuer gratuitement.
L’ambassadeur des Etats-Unis à Brazzaville, Todd Haskel a dû se rendre à Kinkala dans le Pool, pour dissiper la rumeur.
“C’est une partie importante de l’engagement des Etats-Unis dans le Pool. J’utilise la moustiquaire, les autres membres de l’ambassade l’utilisent également. C’est notre engagement avec le gouvernement et les partenaires de corriger (ce qui se dit) et de faire la distribution”, a indiqué le diplomate américain.
Georges Kileba, le préfet du Pool appelle les populations à accepter la moustiquaire imprégnée, à Kinkala, le 15 octobre (VOA/Arsène Séverin)
Le préfet du Pool, Georges Kilebe, dit aussi qu’il utilise la même moustiquaire. “Plusieurs personnes ont tenté de torpiller cette opération en distillant des nouvelles mensongères. Je peux vous rassurer que moi-même je ne dors que sous la moustiquaire imprégnée d’insecticides depuis longtemps et je suis encore débout, j’ai 64 ans”, a témoigné le préfet, encourageant les populations à vaincre la rumeur.
Ce message a permis à plusieurs familles de prendre les moustiquaires pour se mettre à l’abri de l’anophèle, le moustique vecteur du paludisme, première cause de mortalité dans le pays.
Les habitants de Kinkala, favorables à la moustiquaire imprégnée, reconnaissent qu’ils sont sans défense face au paludisme. “Le paludisme menace Kinkala. Dans les réunions avec le comité de santé, on nous dit que le paludisme est une menace”, a-t-il dit.
Un autre a ajouté : “C’est bien de dormir sous la moustiquaire imprégnée, c’est pour nous protéger contre les moustiques”.
Fulgence Mayela, chef du quartier Mabi à Kinkala, déplore les cas de paludisme, le 15 octobre (VOA/Arsène Séverin)
Par ailleurs, Fulgence Mayela, le chef des quartiers Mabi et Kinkala avoue son impuissance à faire respecter l’opération d’assainissement des habitations.
“C’est une population semi-rurale. En fait l’opération se fait chaque premier mercredi du mois, mais les populations préfèrent vaquer à leurs occupations champêtres. Ce sont des maraîchers, des malafoutiers… Donc pour elles perdre une journée à ne faire de l’assainissement, c’est embêtant”, a-t-il déploré.
Selon le programme national de lutte contre le paludisme, l’utilisation des moustiquaires réduit les cas de malaria.
Jean Mermoz Youndouka parle de l’incidence considérable de la moustiquaire imprégnée sur la réduction des cas de paludisme, à Kinkala, le 15 octobre (VOA/Arsène Séverin)
Dr Jean Mermoz Youndouka, coordonnateur du programme. “L’opération qu’on avait réalisée en 2011-2012, on avait réduit l’incidence de 75%”, a rappelé le médecin.
L’opération de distribution en masse des moustiquaires se poursuit normalement dans les quartiers de Kinkala. La durée d’efficacité de ces moustiquaires imprégnées est de trois ans. La dernière distribution de masse des moustiquaires imprégnées dans le pays remonte à 2011.
Avec AFP