Bangui, République centrafricaine, mercredi, 15 septembre 2021 ( Corbeaunews – Centrafrique ). Les autorités françaises se sont ouvertement inquiétées, ce mardi, des discussions entre Bamako et la société privée russe Wagner, avertissant qu’un déploiement de ces paramilitaires au Mali pourrait entraîner un retrait des troupes françaises, qui y combattent depuis huit ans les groupes jihadistes.
Une implication de la société privée russe Wagner au Mali serait « incompatible » avec le maintien d’une force française, a averti, ce mardi, le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, devant la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale.
« C’est absolument inconciliable avec notre présence » et « incompatible avec l’action des partenaires sahéliens et internationaux du Mali », a-t-il martelé, en soulignant que les paramilitaires de Wagner « se sont illustrés dans le passé singulièrement en Syrie, en Centrafrique beaucoup avec des exactions, des prédations, des violations en tous genres (et) ne peuvent pas correspondre à une solution quelconque ».
« Si les autorités maliennes devaient contractualiser avec la société Wagner, ce serait extrêmement préoccupant et contradictoire, incohérent »
« Si les autorités maliennes devaient contractualiser avec la société Wagner, ce serait extrêmement préoccupant et contradictoire, incohérent » avec l’action de la France au Sahel, avait auparavant réagi la ministre des Armées Florence Parly devant la Commission de la Défense nationale de l’Assemblée.
Des contreparties minières en discussion
De source française proche du dossier, la junte au pouvoir à Bamako étudie la possibilité de conclure avec Wagner un contrat sur le déploiement d’un millier de paramilitaires russes au Mali moyennant finances, pour former ses forces armées et assurer la protection des dirigeants. De source sécuritaire ouest-africaine, des contreparties minières seraient discutées. Ces sources confirmaient des informations révélées par l’agence Reuters.
Sollicité par l’AFP, le ministère malien de la Défense a admis mener des pourparlers avec la sulfureuse société russe. « Le Mali entend désormais diversifier, et à moyen terme, ses relations pour assurer la sécurité du pays. Nous n’avons rien signé avec Wagner, mais nous discutons avec tout le monde », a-t-il réagi.
Takuba, une force de 500 hommes
Si le scénario Wagner se concrétisait, un départ rapide des troupes françaises du Mali vers le Niger voisin serait étudié, affirme-t-on de source française. D’autant qu’en cas d’intervention russe au Mali, s’alarme-t-elle, « les États-Unis arrêteraient tout » sur place, privant la France de moyens cruciaux, et « certains pays européens pourraient aussi décider de se désengager », alors que Paris s’évertue, depuis deux ans, à les convaincre de rejoindre le groupement de forces spéciales Takuba, une force de 500 hommes affectée à l’accompagnement au combat des soldats maliens.
Le groupe Wagner, avec qui Moscou dément tout lien, fournit des services de maintenance d’équipements militaires et de formation mais est également accusé de mercenariat et suspecté d’appartenir à un homme d’affaires proche du Kremlin, Evguéni Prigojine.
Ses hommes sont déjà présents en Afrique : en Libye, on les dit alliés au maréchal Haftar, l’homme fort de l’est du pays. Des médias occidentaux ont fait état d’une présence au Soudan et ils seraient passés au Mozambique. Et début 2018, l’arrivée d’armes et de dizaines de « conseillers militaires » russes en Centrafrique avait permis à la Russie de faire un spectaculaire retour sur le théâtre africain, agrémenté d’une violente campagne de désinformation anti-française.
Avec AFP