Rédigé par Afrique intelligence
Publié par Corbeaunews Centrafrique (CNC), le mercredi 16 mars 2022
Bangui (CNC) – Alors que de nouveaux éléments de Wagner ont encore rejoint le Mali fin février et que les effectifs du groupe paramilitaire russe devraient atteindre le millier d’hommes d’ici à quelques semaines, l’Union européenne (UE) s’inquiète des conséquences de ce déploiement pour ses opérations sur place.
C’est tout le sens d’une lettre envoyée par le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, à son homologue malien, Abdoulaye Diop, le 9 mars. Dans cette missive consultée par Africa Intelligence, le diplomate espagnol conditionne le maintien des missions de formation de l’UE auprès des Forces armées maliennes (FAMa) à plusieurs garanties.
Il est ainsi demandé à Bamako de pouvoir certifier que l’ensemble des soldats maliens formés par les missions de l’UE dans le pays – notamment l’EUTM-Mali – ne puissent pas, une fois formés, rejoindre les équipes des “instructeurs russes”, l’appellation en rigueur côté malien pour désigner les éléments de Wagner. En cas d’impossibilité pour Bamako à produire cette garantie et à suivre méticuleusement le parcours des soldats des FAMa formés par l’UE – un processus complexe pour le pays -, Bruxelles suspendra l’EUTM-Mali. Une option aujourd’hui privilégiée au sein de l’UE.
LE PRÉCÉDENT CENTRAFRICAIN
Si Bruxelles est particulièrement vigilante sur ce point, c’est qu’un précédent en République centrafricaine a éclaboussé l’année dernière sa mission de formation dans le pays, l’EUTM-RCA : plus d’une dizaine de militaires centrafricains formés par l’UE avaient dans la foulée rejoint plusieurs compagnies opérant directement avec le groupe paramilitaire russe Wagner, également présent en RCA depuis 2018.
Outre la formation militaire, l’UE a également gelé cet automne son appui budgétaire (40 millions d’euros) au bénéfice de Bamako sur fond d’influence russe, alors que la junte militaire avait fait part de son souhait de ne pas organiser l’élection présidentielle prévue en février 2022. Plusieurs officiels maliens sont depuis le début du mois de février sous sanctions de l’UE, à l’instar du chef du gouvernement Choguel Maïga ou encore du ministre de la réconciliation nationale, Ismaël Wagué.
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