Bangui, CNC. Arrêté en janvier 2021 à Bria et transféré à la Cour pénale internationale (CPI), Mahamat Said Abdel Kani est jugé pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre. Depuis neuf mois, sa famille n’a plus aucune nouvelle de lui et s’inquiète de son sort.
L’arrestation de Said Abdel Kani soulève de doute.
Le 24 janvier 2021, Mahamat Said Abdel Kani était remis à la CPI par les autorités centrafricaines, suite à un mandat d’arrêt délivré sous scellés deux ans plus tôt. Ancien commandant de la Séléka, il est accusé d’avoir commis des exactions à Bangui en 2013, lors du conflit opposant cette coalition rebelle aux anti-balaka.
Son arrestation à Bria, capitale de la Haute-Kotto, avait provoqué des tensions. Certains habitants accusaient la MINUSCA d’avoir procédé à une “déportation” plutôt qu’à une arrestation légale. Le transfert rapide de M. Said à La Haye avait également surpris.
La famille de Said Abdel Kani dans l’angoisse.
Deux ans et demi après son arrestation, la famille de Said Abdel Kani est plongée dans l’incertitude. “Depuis neuf mois, nous n’avons plus aucune nouvelle de lui. Même s’il est mort, la CPI devrait nous le dire pour qu’on puisse faire les rituels funéraires”, confie l’une de ses épouses à Bria.
Auparavant, les proches de l’accusé recevaient des informations sporadiques. “On nous a dit qu’il avait été opéré, puis qu’il s’était rétabli. Ensuite, plus rien”, raconte un parent. La famille soupçonne l’avocat de M. Said Abdel Kani de ne pas jouer franc-jeu et de cacher des informations.
Des enfants privés d’éducation.
Cette situation pèse lourdement sur les proches de l’accusé. Ses deux épouses ont dû quitter la maison familiale, l’une s’installant à Bria et l’autre à Ndélé. “Ses enfants ont dû abandonner l’école faute de moyens pour payer leur scolarité. Ils sont livrés à eux-mêmes”, déplore une tante de Said Abdel Kani.
Interrogé par notre équipe, l’un des fils de Said Abdel Kani fond en larmes : “Je n’ai pas vu papa depuis longtemps. Je ne sais pas ce qui lui est arrivé“.
Un avocat peu loquace.
La famille reproche à l’avocat de M. Said Abdel Kani son mutisme. “Quand on l’interroge, il se contente de dire que son client est vivant, sans donner plus de détails”, s’indigne un oncle. Cette attitude alimente les craintes des proches.
Certains soupçonnent même l’avocat de jouer un “double jeu” et de ne pas défendre réellement les intérêts de l’accusé. “Il ne nous dit rien de concret sur l’état de santé de Mahamat ou sur l’avancée du procès”, déplore un cousin.
Un appel à la CPI.
La famille lance un appel solennel à la Cour pénale internationale. “Nous demandons simplement un signe de vie. Qu’on autorise au moins M. Said Abdel Kani à nous téléphoner“, implore son frère aîné.
Pour les proches, cette incertitude est insoutenable. “S’il est décédé, qu’on nous le dise pour qu’on puisse faire notre deuil. Mais ce silence est inhumain“, s’insurge une belle-sœur.
La communauté musulmane mobilisée.
Au-delà du cercle familial, l’inquiétude gagne la communauté musulmane de Bria. “Beaucoup considèrent que M. Said Abdel Kani est sacrifié sur l’autel de la réconciliation”, analyse un leader religieux centrafricain.
Certains dénoncent un “deux poids, deux mesures” de la justice internationale. “D’autres responsables de groupes armés courent toujours en liberté“, s’indigne un imam de Yalinga.
La CPI reste muette.
Contactée, la Cour pénale internationale n’a pas souhaité réagir aux inquiétudes de la famille Said.
Le procès de Mahamat Said Abdel Kani devrait s’ouvrir dans les prochains mois à La Haye. En attendant, ses proches vivent dans l’angoisse, privés du moindre contact avec lui depuis trop longtemps.
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