Par RFI
Le rapporteur spécial de l’ONU pour la liberté de réunion et d’association a rendu public son rapport sur le Rwanda cette semaine. Maïna Kiai était venu à Kigali en janvier dernier pour évaluer à la fois la législation et les pratiques. Et ses conclusions sont très dures à l’égard du régime rwandais.
Le rapporteur spécial s’inquiète tout d’abord de la législation, à commencer par l’autorisation préalable à l’organisation de réunions publiques. Tout manquement peut en effet être assorti d’une peine de prison. Le rapporteur spécial de l’ONU s’inquiète aussi de la criminalisation d’autres délits, comme celui de diffuser des fausses informations.
Mais ce qu’épingle surtout Maïna Kiai, c’est la pratique. Il souligne l’extrême difficulté des partis politiques à être légalisés, et dit trouver « troublant que virtuellement, tous les chefs politiques qui se montrent critiques soient en exil ou en prison ». Le rapporteur, en gardant en tête l’histoire récente du Rwanda, estime même que « ce recours à la criminalisation de tout désaccord publique pacifique inculque la peur, empêche toute dissidence et pluralisme. Ce qui se fait au détriment des intérêts du Rwanda et de ses habitants.»
« La peur d’un nouveau génocide ne peut pas être invoquée… »
Le rapporteur spécial développe aussi le cas de la Liprodhor, cette ligue des droits de l’homme dont la direction a été changée. Mais, précise-t-il, on lui a parlé d’autres cas. « La peur d’un nouveau génocide ne peut pas être invoquée pour réduire les libertés fondamentales, car elles sont nécessaires à la prévention des conflits », écrit encore Maïna Kiai. Même s’il souligne la vitalité de l’économie rwandaise et ses progrès en terme d’infrastructures, le rapporteur spécial de l’ONU insiste sur le fait qu’une société qui ne laisse aucune place à la critique n’est « pas viable. »
Le gouvernement rwandais a répondu à ce rapport estimant qu’il ne reflétait pas la réalité de la situation au Rwanda. Dans un document de six pages, Kigali rappelle que toutes les libertés sont garanties par la Constitution rwandaise et que la reconstruction au Rwanda, dont le rapporteur spécial reconnait la réussite est « un produit de plusieurs facteurs et cela inclue le droit dont jouissent les individus à critiquer ou à être en désaccord. »