Le Spiegel a tenté de se rendre dans les bureaux de la CGTN à Nairobi. Cette chaine de télévision contrôlée par l’Etat chinois a établi sa forteresse dans la capitale Kenyane afin de “montrer sous une lumière positive les intentions de Pékin, surtout en Afrique, où l’image de la Chine a souffert depuis qu’elle s’étend de façon agressive entre Khartoum et Le Cap.”
La chaîne occupe trois étages d’un grand building. Un premier contrôle se fait à l’entrée, il faut passer une fouille, puis “se confronter aux questions pleines de méfiances de la réceptionniste”.
Les journalistes du Spiegel ne réussiront pas à rencontrer le patron de la chaîne qui emploie quelque 150 personnes. “Des Chinois, des Sud-Africains, des Britanniques, des Nigérians et des Kenyans.”
Opération séduction
L’opération de séduction médiatique comprend également la formation chaque année de “1.000 jeunes journalistes africains en Chine. Les investisseurs chinois achètent des parts dans des medias africains. La chaîne de télévision StarTimes diffuse dans 30 pays africains”.
CGTN affirme faire de l’information indépendante. Et pourtant, ce n’est pas ce que raconte l’un des journalistes de la chaîne, qui finira par accepter de parler.
Par peur d’être reconnu, il ne veut même pas qu’on évoque la couleur de sa chemise. On doit simplement l’appeler James M. ”
Et voici ce qu’il dit : “Nous ne faisons pas de journalisme indépendant mais de la pure propagande aux ordres du parti communiste. Nous travaillons avec le ciseau de la censure dans nos têtes. La critique du gouvernement, les droits de l’homme ou des analyses sur le fort endettement des Africains vis-à-vis de la Chine sont des tabous”.
Le Spiegel conclut : “La chaine joue pour la Chine en Afrique à peu près le même rôle que la chaîne d’Etat russe Russia Today joue pour le Kremlin en Europe.”
Avec DW