RDC : où va l’argent de la lutte contre les épidémies ?
Bangui ( République centrafricaine ) – Un nouveau rapport souligne les problèmes structurels dans la gestion des ressources allouées à la lutte contre les épidémies.
D’Ebola à la rougeole en passant par le choléra, le Groupe d’études sur le Congo de l’Université de New York (GEC) souligne que le système de santé congolais ne peut pas faire face aux épidémies sans les soutiens financiers extérieurs.Pour Trésor Kibangula, chercheur au sein de cette structure, l’une des solutions serait de renforcer le système sanitaire en RDC en instituant un système de redevabilité. Il s’explique dans cet entretien accordé à la DW.Le GEC a récemment sorti un rapport sur le covid business en RDC. Ce n’est malheureusement pas le premier rapport du genre. Il y a quelques mois, votre structure dénonçait le business autour de l’épidémie d’Ebola. Vous parlez même de structures budgétivores mises en place par l’État congolais. Ce dernier est-il de plus en plus gourmand dans la gestion des épidémies ?Trésor Kibangula : Aujourd’hui encore, en 2021, après avoir été confronté à plusieurs flambées épidémiques ces dix dernières années, l’Etat congolais n’est toujours pas parvenu à construire un système de santé capable de faire face à des nouvelles épidémies sans un important soutien financier de ses partenaires extérieurs. Lorsque cet argent arrive, au lieu d’essayer de renforcer les structures sanitaires existantes, les gouvernants créent plutôt d’autres structures ad hoc, souvent budgétivore. Dans la lutte contre le Covid-19 par exemple, on a vu la mise en place tour à tour de comités multisectoriels, d’un secrétariat technique, de conseils consultatifs, dela task force présidentielle et du Fonds national de solidarité contre le coronavirus. Forcément, cette multiplication des structures impacte sur les fonds disponibles pour lutter contre l’épidémie.A qui profite le crime ? A l’État congolais ? Aux bailleurs internationaux ?Trésor Kibangula : en tout cas, aujourd’hui, on sait à qui ces crimes ne profitent pas assez, c’est au système de santé congolais avec une incidence sur la prise en charge des patients et la motivation des personnels de santé. C’est pourquoi notre rapport insiste sur la nécessité d’améliorer la capacité de suivi des fonds alloués à la riposte aux épidémies, tant du côté du gouvernement congolais que des bailleurs de fonds. Il faudrait mettre en place des mécanismes de contrôle.D’une part votre rapport souligne des structures budgétivores en RDC, d’autre part, tous ceux qui dénoncent les malversations de ces structures étatiques finissent en prison. O faudrait-il placer le curseur selon vous ?Trésor Kibangula : Il faut rappeler que deux ministres de la Santé ont aussi été arrêtés, puisque soupçonnés d’avoir détourné des fonds alloués à la riposte aux épidémies. Aussi, il y a eu des progrès dans la gestion de la lutte contre le Covid-19, notamment grâce à plusieurs contrôles de l’Inspection générale des finances et ceux de l’Inspection générale de la santé. Ceci dit, je pense que tout va se jouer demain dans la capacité des dirigeants congolais à engager des réformes structurelles. C’est là qu’il faut placer ce curseur et faire en sorte que ces réformes puissent renforcer l’efficacité et la redevabilité de cette riposte.
Avec DW français
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