samedi, novembre 16, 2024
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Les Peuls de Centrafrique, une communauté oubliée

Les Peuls Mbororos, de simples éleveurs ou gardiens de bétail, dont ils ne sont souvent même pas propriétaires, sont depuis plus de vingt ans la cible des différents régimes qui se Peuls centrossont succédé. À chaque alternance, le nouveau pouvoir les accusant d’être à la solde du précédent, ils ont subi représailles, amendes, taxes illégales, vols de bétail… Leur situation est encore pire aujourd’hui dans ce pays où l’on chasse « les étrangers musulmans ». Les Peuls de l’ouest du pays ont fui en masse les massacres, les viols, les pillages… 60 000 se sont réfugiés au Cameroun, et 40 000 au Tchad, se mêlant aux milliers d’autres musulmans qui ont fui le pays. Quelques communautés sont restées piégées et vivent encerclées par les anti-balaka.

Certes, une minorité de Peuls a participé à des rébellions : 350 d’entre eux ont suivi Baba Laddé, chef d’un mouvement en rébellion contre le président Déby puis ont rejoint la Séléka en 2013. Mais il ne faut pas confondre les Peuls centrafricains avec les coupeurs de routes et les braconniers très nombreux dans ce pays, et surtout avec d’autres Peuls mercenaires venus du Tchad, du Soudan, du Nigeria, du Niger pour combattre aux côtés de la Séléka. Des groupes nomades très dangereux, armés et vindicatifs, viennent aussi chaque année du Tchad et du Soudan pour de longues transhumances. Tous ceux-là ne sont pas des Peuls centrafricains. Même si certains d’entre eux sont aujourd’hui dans les structures politiques et de commandement de la Séléka (un porte-parole, un chef d’opération militaire)… Il s’agit de quelques centaines de personnes sur une communauté d’environ 750 000 personnes.

Par amalgame, ceci amène les Centrafricains, mais aussi de nombreux acteurs et observateurs de la crise centrafricaine, à soupçonner la communauté peule d’être partie prenante dans le conflit. Personne ne semble s’interroger sur la situation actuelle et l’avenir de cette importante communauté centrafricaine.

En février dernier, l’Association pour l’intégration et le développement social des Peuls de Centrafrique (AIDSPC), partenaire du CCFD-Terre solidaire, a lancé sans succès un appel à la communauté internationale, pour les nombreux réfugiés qui ne bénéficient pas de l’aide internationale. Les responsables de l’AIDSPC continuent de réclamer une aide d’urgence mais aussi le retour dans leur pleine citoyenneté et justice pour les exactions perpétrées contre leur communauté. Ils souhaitent que le gouvernement centrafricain et les Nations unies prennent en compte le droit de leur communauté à rentrer dans son pays. L’enjeu est important. Si les communautés peules réfugiées, et celles qui se trouvent encore dans l’est du pays, ne reçoivent pas de signaux indiquant que leur situation est prise en compte, le risque est grand que nombre d’entre eux rejoignent la rébellion et engagent cette communauté dans un conflit sans fin. Il est urgent au contraire d’associer les Peuls au processus de réconciliation et d’en faire des alliés pour une Centrafrique réunie.

 

Bruno Angsthelm

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