Les bœufs de Touadera sèment-ils la discorde dans les champs de Boali ? Une crise communautaire en gestation
Bangui, 28 décembre 2023 (CNC) – Une tension croissante dans la région de Boali menace de dégénérer en une crise communautaire majeure, alors que les bœufs appartenant au président Faustin-Archange Touadera ravagent les champs des agriculteurs locaux. Cette situation, qui oppose éleveurs et cultivateurs, soulève des questions cruciales sur la coexistence pacifique et la sécurité dans cette région déjà troublée par des conflits passés.
La Destructrice Incursion des Bœufs
Dans les villages de Boutili, Gila et Pont-Est, les agriculteurs et les éleveurs peuls se trouvent actuellement dans une impasse préoccupante. Les éleveurs ont choisi de faire paître leurs bœufs dans les champs des agriculteurs, provoquant ainsi la destruction des cultures et une montée des tensions au sein de la communauté.
Hermine, résidant à Boutili, exprime sa frustration : “Tel qu’ici, il n’y a pas de pâturage. Les autorités ont spécifiquement désigné une zone pour l’élevage à PK45, mais elles ont négligé cet espace au profit de nos champs. Ils détruisent nos récoltes. Sans agriculture, comment la population peut-elle survivre ?”
Barrière Linguistique et Violence
Le problème est exacerbé par une barrière linguistique, car de nombreux éleveurs ne parlent ni français ni sango, les langues locales. Certains d’entre eux sont originaires du Soudan et du Tchad. Les confrontations entre les agriculteurs et les éleveurs sont parfois marquées par des actes de violence verbale et, dans certains cas, des armes sont impliquées.
Eric, un habitant du village Gila, explique la difficulté de communiquer : “Il y a une barrière linguistique entre nous et ces éleveurs. Ils prétendent ne pas comprendre le sango. Beaucoup d’entre eux sont soudanais et tchadiens. Lorsque vous vous plaignez, ils vous menacent. Hier, vers 16 heures, douze autres éleveurs sont arrivés avec huit bœufs. Lorsque vous appelez les militaires, ils ne répondent pas, préférant extorquer de l’argent à la population.”
Le Pont S : Point de Conflit
Le pont S, près de Bougoula, est un point de passage critique pour ces éleveurs, et c’est là que les conflits sont les plus fréquents. Les éleveurs deviennent agressifs lorsque leurs bœufs envahissent les champs des agriculteurs et que ces derniers réagissent. Les éleveurs prétendent que ces animaux appartiennent au Président Faustin Archange Touadera, suscitant des questions sur la véracité de leurs affirmations.
Goliath, résidant à Pont S, appelle à un renforcement du dispositif de sécurité autour du pont pour protéger la population locale. Il affirme : “Nous demandons la sécurisation de ce pont.”
Inquiétudes des Autorités Locales
Même les autorités locales expriment leurs préoccupations. Antoine Kossinam, chef du village Gila, déclare que la stratégie de sécurité actuelle ne répond pas efficacement à cette situation problématique. Les militaires sont basés à Bougoula, laissant ainsi la population à son triste sort. Cette situation a également été marquée par trois assassinats de chefs de village depuis le début de l’année à Bouali.
Répercussions Économiques et Sociales
Le conflit entre éleveurs et agriculteurs a des répercussions économiques et sociales considérables. Tandis que les éleveurs profitent du manioc, les agriculteurs comptent sur la viande de bœuf pour leur subsistance. Cependant, lorsque les bœufs dévastent les champs, les agriculteurs hésitent à se plaindre par peur de représailles.
Vers une Solution Apaisée ?
Le ministre de l’Élevage a rencontré les acteurs du secteur et les services de défense et de sécurité pour tenter de résoudre cette situation tendue autour du marché à bétail, situé à 45 kilomètres de Bangui, sur la route de Bouali. Cependant, il reste à voir si cette rencontre débouchera sur des mesures concrètes pour apaiser les tensions.
La situation à Boali, où les soi-disant bœufs de Touadera provoquent des conflits entre éleveurs et agriculteurs, est préoccupante et nécessite une intervention urgente pour éviter une escalade en crise communautaire. La barrière linguistique, les problèmes de sécurité et les répercussions économiques ajoutent une complexité significative à ce conflit. Les autorités locales et le gouvernement central doivent collaborer de manière efficace pour trouver des solutions équilibrées qui permettent la coexistence pacifique de ces communautés et préservent les moyens de subsistance des agriculteurs. La sécurité et le bien-être de la population de Boali en dépendent.
Par Fortuné Boberang
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