Le ras-le-bol des habitants de Boali face aux inondations
Les pluies diluviennes s’abattent sur Boali, noyant les rues et emportant les habitations sur leur passage. La situation alarme les populations de cette ville de l’Ombella-Mpoko, située à 95 km de Bangui. Que faire pour éviter ces inondations dévastatrices ?
Bangui, 04 septembre 2024.
Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique.
De passage dans la localité, Thomas Roger Wingue, directeur de la gestion durable des ressources forestières au ministère des Eaux et Forêts, a été interpellé sur cette question brûlante. Mais sa réponse a laissé les habitants sur leur faim.
Au lieu d’apporter des solutions concrètes aux problèmes qui accablent Boali, le haut fonctionnaire s’est lancé dans un éloge du président Touadera et de ses initiatives dans la capitale. “La population de Bangui, dans les différents arrondissements, essaie de nettoyer la ville tous les samedis avec l’opération Kwa ti kodro du Président Touadera “, a-t-il déclaré.
Une réponse qui a provoqué l’incompréhension et la colère de certains habitants de Boali. “On lui pose de vraies questions sur nos souffrances et il nous parle de Bangui. C’est comme s’il était malade ou quoi”, s’est indigné un habitant.
Pressé par les journalistes, M. Wingue a fini par lâcher quelques recommandations : “Il faut curer les caniveaux et ne pas y jeter d’ordures. Si la population jette des détritus dans les canaux, ça va les boucher et empêcher l’écoulement des eaux de pluie.”
Des conseils de bon sens, mais qui semblent bien dérisoires face à l’ampleur du désastre. Les Boaliens attendent des mesures plus ambitieuses de la part des autorités.
“On a besoin d’un vrai plan d’aménagement urbain, avec un système d’évacuation des eaux pluviales digne de ce nom“, explique Jean-Baptiste Kanga, chef de quartier. “Il faut aussi arrêter les constructions anarchiques dans les zones inondables”.
La déforestation massive autour de la ville est également pointée du doigt. “Avant, la forêt absorbait une grande partie des eaux. Maintenant que les arbres ont disparu, rien ne retient plus les flots”, déplore Parfait Zila, un ancien de Boali.
Les habitants réclament la plantation d’arbres et la création d’espaces verts pour lutter contre l’érosion. Ils demandent aussi la construction de digues le long des cours d’eau qui traversent la ville.
Mais pour l’heure, ces appels restent lettre morte. En attendant une réaction des pouvoirs publics, les Boaliens n’ont d’autre choix que de s’organiser entre eux pour faire face aux intempéries.
“On ne peut pas compter sur l’État, alors on se débrouille comme on peut”, résume amèrement Patrick Mbaïlao. “Mais combien de temps pourrons-nous tenir ainsi, livrés à nous-mêmes ?”
La saison des pluies ne fait que commencer. À Boali comme ailleurs en Centrafrique, les populations retiennent leur souffle, dans l’attente des prochaines averses.
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