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L’Assemblée nationale centrafricaine, otage d’un système de paiement défaillant

L’Assemblée nationale centrafricaine, otage d’un système de paiement défaillant

 

Hervé Ndoba, ministre centrafricain des finances et du budget. Ici, dans son bureau à Bangui, portant un costume gris et une cravate bleu clair
Hervé Ndoba, ministre centrafricain des finances et du budget

 

L’Assemblée nationale centrafricaine se trouve au cœur d’une controverse qui révèle les dysfonctionnements profonds du système de paiement des fonctionnaires. Le personnel parlementaire, privé de deux mois de salaire, menace d’une grève de trois jours, plongeant l’institution dans une crise sans précédent.

 

Bangui, 28 juillet 2024.

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique.

 

Bernard Dillah, deuxième vice-président de l’Assemblée, tente de justifier cette situation alarmante : “Nous avons une dotation globale, mais elle n’a jamais été décaissée et mise à la disposition de l’Assemblée”. Ces propos soulignent l’impuissance apparente du bureau face à un mécanisme de paiement opaque et inefficace.

 

Le paradoxe est flagrant. L’Assemblée, censée être un pilier de la démocratie, se retrouve incapable d’assurer le versement des salaires de son propre personnel. Cette situation ubuesque témoigne de la fragilité des institutions centrafricaines, prises au piège d’un système financier dysfonctionnel et sous-contrôle de Wagner.

 

Le bureau de l’Assemblée pointe du doigt le Trésor public et le gouvernement. “Nous n’avons pas le pouvoir sur le trésor public”, affirme Dillah, renvoyant la responsabilité à une “réunion de trésorerie” présidée par le chef de l’État. Cette déclaration expose la complexité et l’opacité du processus de paiement des fonctionnaires.

 

Au-delà de l’Assemblée, c’est tout le système de rémunération de la fonction publique qui est remis en question. Le gouvernement semble appliquer une politique de “deux poids, deux mesures”, payant certains fonctionnaires tout en en négligeant d’autres. Cette pratique crée des tensions et des inégalités au sein même de l’administration.

 

La crise à l’Assemblée nationale n’est que la partie visible d’un problème bien plus vaste. Elle illustre les failles d’un système où les institutions sont privées de leur autonomie financière, les rendant vulnérables aux aléas politiques et administratifs.

 

Devant cette situation critique, une refonte complète du système de paiement des fonctionnaires s’impose. Transparence, régularité et équité doivent devenir les principes directeurs d’une nouvelle politique salariale. Sans une réforme en profondeur, la crédibilité des institutions centrafricaines et la stabilité même du pays resteront menacées.

 

L’Assemblée nationale, symbole de la représentation démocratique, ne peut continuer à fonctionner dans ces conditions. Il est impératif que le gouvernement prenne des mesures immédiates pour résoudre cette crise et garantir le paiement régulier de tous les fonctionnaires, sans distinction ni favoritisme.

 

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