La visite avortée du président Déby à Bangui : tentative de déstabilisation ou mesures de sécurité?
Par la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique.
Le président tchadien Mahamat Idriss Déby a annulé, le 4 décembre dernier, sa visite officielle prévue le lendemain sur le sol des ancêtres de Barthelemy Boganda. Cette annulation alimente désormais les spéculations sur les réseaux sociaux, où les partisans du régime de Bangui évoquent une tentative de coup d’État déjouée par les « alliés russes » qui aurait visé à installer l’ancien président de transition Michel Djotodia au pouvoir.
En effet, une semaine plutôt, À Bangui, les préparatifs de l’arrivée du Président Mahamat Idriss Déby étaient bien avancés. Le Mouvement Cœurs Unis (MCU) et le gouvernement du premier ministre Félix Moloua avaient mobilisé des ressources importantes : dispositifs sécuritaires renforcés et mobilisation populaire prévue le long du parcours présidentiel, avec des jeunes rémunérés 500 francs CFA chacun pour l’accueil.
Entre temps, le contexte sécuritaire tendu à N’Djamena pousse les autorités tchadiennes à être très prudentes. Depuis près de trois semaines, les services de renseignement tchadiens signalent des mouvements suspects aux frontières et des tentatives de déstabilisation. La présence de groupes armés aux frontières tchadiennes et la multiplication des rumeurs de coup d’État ont conduit les autorités à renforcer considérablement leur dispositif sécuritaire, y compris pour les déplacements présidentiels à l’étranger.
“La situation à N’Djamena est devenue très tendue ces derniers jours. Des positions militaires ont été installées dans toute la ville en réponse à des menaces d’attaques”, indique une source diplomatique à Ndjamena contactée par la rédaction du CNC.
Pour des nombreux observateurs tchadiens, cette instabilité survient dans un contexte particulier : la fin récente de l’accord militaire entre le Tchad et la France aurait privé N’Djamena d’informations stratégiques importantes. En parallèle, la Russie et le groupe Wagner intensifient leur influence dans le pays, notamment via les réseaux sociaux et certains médias en ligne tchadiens.
“Les Russes ont développé une stratégie d’influence auprès de la jeunesse tchadienne par le biais des médias numériques comme Alwida info et autres”, analyse un expert en géopolitique tchadienne interrogé par la rédaction du CNC.
Toutefois, au pays de Boganda, les préparatifs de sécurité tchadiens révèlent une autre dimension de cette visite avortée. Vingt-quatre heures avant l’arrivée prévue du président Mahamat Idriss Déby , des officiers des services de renseignement tchadiens militaires et civils se sont déployés à Bangui, logeant à l’hôtel Ledger de la capitale. Un cargo militaire tchadien a également atterri avec plusieurs pick-up armés.
“Un différend a éclaté quand les forces de Wagner et la garde présidentielle centrafricaine ont exigé le désarmement des militaires tchadiens et le dépôt de leurs véhicules au camp militaire jusqu’à la fin de la visite présidentielle”, précise une source diplomatique à Bangui joint par CNC.
Les forces tchadiennes ont refusé ces conditions, arguant des impératifs de sécurité pour leur président Mahamat Idriss Déby dans un contexte régional tendu. Suite à ce désaccord, le contingent tchadien a repris son cargo militaire pour rentrer à N’Djamena, entraînant l’annulation définitive de la visite présidentielle.
Cette séquence diplomatique tendue intervient alors que Bangui, sous l’autorité du président Faustin Archange Touadera, renforce ses liens avec Moscou via le groupe Wagner, tandis que N’Djamena, aussi une puissance militaire africaine, redéfinit ses alliances après la fin de sa coopération militaire avec Paris.
Pourtant, suite à l’annulation de la visite présidentielle, une campagne de désinformation s’est déployée sur les réseaux sociaux. Des comptes proches du régime de Bangui diffusent une théorie selon laquelle la visite officielle de Mahamat Idriss Déby aurait servi de couverture à une tentative de coup d’État. Selon ces allégations, l’opération visait à réinstaller l’ancien président de transition Michel Djotodia au pouvoir, avec le soutien présumé de la France. Ces sources établissent un lien entre ce prétendu complot et une récente rencontre entre Michel Djotodia et des représentants français à Bangui.
Joint au téléphone, un proche de l’ancien Président Djotodia dément formellement ces allégations.
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