La torture mentale comme arme politique : Dologuélé accuse Touadéra de pratiquer une violence qui détruit l’âme des Centrafricains

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La torture mentale comme arme politique : Dologuélé accuse Touadéra de pratiquer une violence qui détruit l’âme des Centrafricains

 

La torture mentale comme arme politique : Dologuélé accuse Touadéra de pratiquer une violence qui détruit l’âme des Centrafricains

 

Rédigé le 12 novembre 2025 .

Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC). 

Dans sa lettre du 14 octobre 2025 adressée au président Touadéra, Anicet-Georges Dologuélé formule une accusation d’une gravité exceptionnelle qui dépasse largement sa situation personnelle. Il accuse le régime Touadéra de pratiquer une forme de violence psychologique qui détruit non seulement les corps, mais surtout les esprits, la dignité humaine, et l’âme même des Centrafricains.

 

 

Voici les mots exacts de Dologuélé : “Il est à la fois surprenant et consternant de noter qu’au cours de cette décennie à la tête de notre pays, tous vos actes et décisions n’ont été guidés que par des sentiments négatifs : la rancune, la méchanceté, le désir d’écraser, d’humilier et de réduire à néant vos adversaires ou quiconque émet un avis qui vous contrarie. En généralisant cette pratique dans le fonctionnement de l’État, vous avez changé le logiciel éducatif des citoyens et réussi à détruire tous les fondements culturels de la société centrafricaine. Cette pratique est une forme de violence pire que la violence armée, car elle ne détruit pas seulement le corps, elle détruit la dignité de l’homme, son esprit et son mental”.

 

Cette analyse de Dologuélé mérite qu’on s’y arrête longuement. Ce qu’il décrit ici n’est pas simplement de la répression politique classique. Ce n’est pas simplement de l’autoritarisme ordinaire. C’est quelque chose de plus profond, de plus insidieux, de plus destructeur : une violence psychologique institutionnalisée qui vise à briser l’esprit des citoyens, à détruire leur dignité, à les réduire à l’état de masses apeurées et soumises.

 

Dologuélé identifie les sentiments qui guident tous les actes de Touadéra : la rancune, la méchanceté, le désir d’écraser, d’humilier, de réduire à néant. Ce ne sont pas des motivations politiques rationnelles. Ce ne sont pas des stratégies de gouvernance. Ce sont des pulsions destructrices, des affects négatifs qui transforment l’exercice du pouvoir en une entreprise de démolition psychologique des adversaires et de tous ceux qui osent exprimer un désaccord.

 

La rancune d’abord. Touadéra ne pardonne jamais. Il n’oublie jamais. Chaque critique, chaque opposition, chaque désaccord est enregistré, catalogué, conservé dans sa mémoire comme une offense personnelle qui appelle vengeance. Des années peuvent passer, mais la rancune reste intacte. Et un jour, quand l’occasion se présente, la vengeance tombe. Brutale. Disproportionnée. Implacable, exactement comme il l’a fait avec l’ancien Président François Bozizé.

 

La méchanceté ensuite. Pas simplement la dureté ou la fermeté qu’on pourrait attendre d’un dirigeant. Non, une méchanceté gratuite, un plaisir pris à faire souffrir, à humilier, à détruire. Dologuélé parle d’une “image de méchanceté primitive qui commence à coller à la peau” de Touadéra. Primitive, c’est le mot juste. Une cruauté instinctive, non raffinée, qui ne cherche même pas à se justifier par des raisons d’État.

 

Le désir d’écraser, d’humilier, de réduire à néant. Touadéra ne cherche pas simplement à neutraliser ses adversaires, à les écarter de la scène politique. Il veut les détruire complètement. Les anéantir. Les effacer. Les réduire au silence définitif. Et surtout, les humilier publiquement avant de les éliminer. Parce que l’humiliation fait partie du processus. Elle est essentielle. Elle sert d’exemple aux autres. Elle dit : voilà ce qui arrive à ceux qui osent s’opposer à moi.

 

Mais ce qui est encore plus grave, selon Dologuélé, c’est que Touadéra a “généralisé cette pratique dans le fonctionnement de l’État”. La violence psychologique n’est pas réservée aux opposants politiques de haut niveau. Elle est devenue la norme dans toutes les institutions. Tous les fonctionnaires, tous les agents de l’État, tous les citoyens qui interagissent avec l’administration sont soumis à cette violence.

 

Les Centrafricains qui vont dans les ministères sont humiliés par des fonctionnaires qui ont appris que l’humiliation est la manière normale de traiter les citoyens. Les enseignants contractuels qui demandent leurs salaires sont écrasés par une administration qui trouve normal de les laisser sans revenus pendant des mois. Les malades qui cherchent des soins dans les hôpitaux publics sont traités avec mépris par un système qui ne voit en eux que des nuisances. Les commerçants sont rackettés par des agents qui considèrent que leur pouvoir leur donne le droit d’écraser économiquement les faibles.

 

Cette généralisation de la violence psychologique dans tout l’appareil d’État a, selon Dologuélé, “changé le logiciel éducatif des citoyens”. Cette expression est puissante. Le “logiciel éducatif”, c’est la manière dont une société apprend à ses membres comment se comporter, quelles valeurs adopter, comment interagir les uns avec les autres.

 

Avant Touadéra, le logiciel éducatif centrafricain, malgré toutes ses imperfections, contenait encore des valeurs de solidarité, de respect mutuel, de dignité humaine. On apprenait aux enfants à respecter les aînés, à aider les faibles, à dire la vérité, à tenir ses engagements. Ces valeurs étaient transmises dans les familles, dans les écoles, dans les églises.

 

Touadéra a reprogrammé ce logiciel. Le nouveau programme apprend aux Centrafricains que la force écrase le droit, que l’humiliation est normale, que le mensonge est acceptable si on a le pouvoir, que la trahison est récompensée, que la cruauté est une vertu si elle sert le pouvoir. Les enfants qui grandissent sous le régime Touadéra apprennent que pour réussir dans la vie, il faut être prêt à écraser les autres, à mentir, à voler, à trahir.

 

Dologuélé va encore plus loin : Touadéra a “réussi à détruire tous les fondements culturels de la société centrafricaine”. Les fondements culturels, ce sont les croyances profondes, les valeurs partagées, les normes sociales qui permettent à une société de fonctionner, de maintenir sa cohésion, de se reproduire génération après génération.

 

Quand ces fondements sont détruits, la société se fragmente. Les gens ne se font plus confiance. Les familles se déchirent. Les communautés se divisent. Chacun devient un loup pour les autres. La loi de la jungle remplace les règles sociales. C’est exactement ce qu’on observe en Centrafrique aujourd’hui après dix ans de Touadéra.

 

Mais l’accusation la plus grave de Dologuélé est celle-ci : “Cette pratique est une forme de violence pire que la violence armée, car elle ne détruit pas seulement le corps, elle détruit la dignité de l’homme, son esprit et son mental

 

Pire que la violence armée. Réfléchissons à ce que cela signifie. La violence armée tue, mutile, fait souffrir physiquement. C’est horrible. C’est condamnable. Mais selon Dologuélé, la violence psychologique pratiquée par Touadéra est encore pire. Pourquoi ?

 

Parce qu’un corps blessé peut guérir. Un corps mutilé peut s’adapter. Même un corps mort ne souffre plus. Mais un esprit détruit, une dignité anéantie, un mental brisé, cela ne guérit pas facilement. Cela laisse des cicatrices invisibles mais profondes qui durent toute une vie, qui se transmettent même aux générations suivantes.

 

La violence psychologique tue quelque chose de plus fondamental que le corps : elle tue l’humanité de la personne. Elle détruit sa capacité à se voir comme un être humain digne de respect. Elle brise sa confiance en elle-même, sa confiance dans les autres, sa confiance dans la possibilité même d’une vie meilleure.

 

Quand Touadéra humilie publiquement un opposant, quand il le déclare apatride après des années de service à la nation, quand il le persécute méthodiquement pendant des années, il ne cherche pas simplement à l’éliminer de la scène politique. Il cherche à briser son esprit, à détruire sa dignité, à le réduire psychologiquement à rien.

 

Et les millions de Centrafricains qui observent ce spectacle apprennent la leçon : voilà ce qui arrive à ceux qui osent défier le pouvoir. Ils apprennent à courber l’échine, à accepter l’inacceptable, à vivre dans la peur permanente. Leur esprit est dressé comme on dresse un animal : par la peur de la punition, par l’humiliation répétée, par la destruction de toute velléité de résistance.

 

Cette violence psychologique a des conséquences concrètes sur la société centrafricaine. Dologuélé l’identifie clairement : “Du fait des pratiques de votre régime, la politique est devenue dans l’imaginaire collectif centrafricain synonyme de tout ce que l’on réprouve : mensonge, manipulation, intérêts personnels, trahison, injustice, violence, roublardise, corruption, débauche, machiavélisme…”

 

La politique, qui devrait être l’art de gouverner pour le bien commun, est devenue synonyme de toutes les pires qualités humaines. Les jeunes Centrafricains qui observent la scène politique ne voient que des menteurs, des manipulateurs, des voleurs, des traîtres. Comment voulez-vous qu’ils aient envie de s’engager en politique ? Comment voulez-vous qu’ils croient encore en la possibilité d’un changement positif ?

 

Cette destruction de l’image de la politique est peut-être le crime le plus grave de Touadéra. Parce qu’elle hypothèque l’avenir du pays. Si les jeunes Centrafricains associent la politique au mensonge et à la corruption, ils n’essaieront jamais de changer le système. Ils deviendront cyniques, apathiques, résignés. Ou pire, ils décideront que pour réussir en politique, il faut être encore plus menteur, encore plus corrompu, encore plus cruel que Touadéra.

 

La violence psychologique institutionnalisée par Touadéra crée ainsi un cercle vicieux qui menace de détruire durablement la société centrafricaine. Les valeurs morales sont inversées. Le vice devient vertu. La cruauté devient force. La trahison devient intelligence. Et les jeunes générations intériorisent ces valeurs inversées.

 

Dologuélé, dans sa lettre, identifie aussi le paradoxe le plus choquant du régime Touadéra : les démonstrations publiques de piété religieuse. “Vous nous habituez pourtant à visionner sur les réseaux sociaux des scènes de démonstration publique de votre piété et de votre dévotion à l’Éternel, notamment la dernière qui vous montre à genoux, en train de recevoir la bénédiction de pasteurs et de dignitaires religieux. Mais ces scènes sont malheureusement aux antipodes des réalités que vous faites vivre aux Centrafricains.

 

L’accusation de Dologuélé est donc bien plus qu’une plainte personnelle d’un opposant persécuté. C’est un diagnostic lucide sur la nature profonde du régime Touadéra et sur les dégâts qu’il inflige à la société centrafricaine. C’est aussi un avertissement : si nous ne mettons pas fin à cette violence psychologique institutionnalisée, elle détruira durablement l’âme de la nation centrafricaine.

 

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