La France a-t-elle abandonné Éphrem Dominique Yandocka à Touadera ? Analyse de l’implication diplomatique française en Centrafrique
Bangui, 06 février 2024 (CNC) – L’arrestation illégale du député Éphrem Dominique Yandocka deux jours après son retour de France a intensifié les tensions politiques en République centrafricaine. Lors d’une récente visite au président putschiste Faustin Archange Touadera, l’ambassadeur de France à Bangui s’est entretenu en tête-à-tête avec le mathématicien Bangala de Boy-Rabe, plaidant le sort du député. Cette démarche, initialement perçue comme un geste diplomatique en faveur de la justice et des droits de l’homme, a rapidement pris une tournure controversée.
Selon les déclarations du ministre conseiller de Toadera, Fidèle Gouandjika, relayées sur les réseaux sociaux, l’ambassadeur aurait évoqué le cas de Yandocka lors de la rencontre, suscitant l’espoir d’une intervention française en sa faveur. Cependant, après le refus apparent de Touadera, l’ambassadeur aurait mentionné que Yandocka était poursuivi en France, jetant ainsi une ombre de doute sur l’engagement de la France envers les droits de l’homme et la justice en Centrafrique.
Cette situation soulève des interrogations fondamentales sur la diplomatie française et son rôle dans la protection des droits politiques des citoyens centrafricains, mettant en lumière les défis et les enjeux de la politique étrangère française dans un contexte de crise politique et de violation massive des droits de l’homme.
Contexte de l’arrestation du député Éphrem Dominique Yandocka
Dans le contexte de l’arrestation du député Éphrem Dominique Yandocka, il est crucial de comprendre les événements précédents qui ont conduit à cet acte controversé. Éphrem Dominique Yandocka, également leader du parti politique ITA, a été au centre d’une confrontation politique tendue en République centrafricaine. En septembre dernier, les leaders de l’opposition démocratique se sont réunis à Paris lors d’une rencontre avec les forces vives de la nation pour exprimer leur opposition à la fameuse nouvelle constitution instaurée par le président Touadera. Cette constitution a été vivement critiquée par l’opposition démocratique, la qualifiant de controversée, illégale, car elle a été élaborée dans des circonstances douteuses, dans un lieu et par une assemblée constituante tenus secret en violation des principes constitutionnels établis.
Pendant ce temps, à Bangui, des voix au sein du régime se sont levées pour accuser les opposants de l’opposition démocratique de haute trahison, les accusant de préparer un coup d’État. Des déclarations incendiaires ont été propagées sur les réseaux sociaux, alimentant les tensions politiques déjà exacerbées. Le président de la République, dans un discours à la veille de la fête du 1er décembre, a déclaré que les opposants étaient les bienvenus pour discuter du développement du pays, malgré l’absence d’exil des députés.
Dans ce contexte, Éphrem Dominique Yandocka, ayant des attaches familiales en France, est retourné au pays pour ses activités parlementaires. Trois jours après son retour, il a été appréhendé par les milices armées du pouvoir et conduit à la Section de Recherche et d’Investigation. Par la suite, il a été placé en détention provisoire à la prison militaire du camp de Roux, suscitant des nombreuses critiques quant au respect des droits politiques et à la liberté d’expression en République centrafricaine.
Accusations et plaidoyer.
Après son interpellation, le député Éphrem Dominique Yandocka a été accusé de flagrant délit de tentative de coup d’État, des accusations largement considérées comme farfelues par la quasi-totalité des Centrafricains. Il aurait été accusé de rassembler des fonds et des équipements pour fomenter un coup d’État, une grosse fausse allégation qui est contestée par ses partisans ainsi que ses avocats. Éphrem Dominique Yandocka a été placé en détention à la prison militaire du camp de Roux, suscitant des inquiétudes quant à la légitimité de son arrestation et des charges portées contre lui.
En raison de sa double nationalité franco-centrafricaine, sa famille a sollicité l’aide des autorités françaises pour plaider en sa faveur. Les autorités françaises ont instruit l’ambassadeur de France à Bangui, Bruno Foucher, de rencontrer les autorités centrafricaines pour discuter du sort du député Éphrem Dominique Yandocka en tant que Français. Une rencontre a été organisée, au cours de laquelle l’ambassadeur de France a été reçu par le Président putschiste Touadera en présence du conseiller présidentiel Fidèle Gouandjika.
Controverses diplomatiques.
Après avoir été reçu par le Président de la République, Bruno Foucher, l’Ambassadeur de France a plaidé le sort du député Éphrem Dominique Yandocka. Cependant, le Président putschiste Touadéra a affirmé que Yandocka était avant tout un citoyen centrafricain et devait répondre de ses actes devant la justice du pays. Malgré les appels à la clémence et à l’intervention diplomatique, le putschiste de Bangui téléguidé par les mercenaires de Wagner, a maintenu sa position selon laquelle la justice centrafricaine devait suivre son cours.
Polémique diplomatique : Déclarations confuses autour du cas d’Ephraim Dominique Yandouka.
Après la rencontre entre les deux hommes au palais de la Renaissance, sur les réseaux sociaux, le 20 janvier dernier, le ministre conseiller du président, Monsieur Fidèle Gouandjika, a alimenté les faits à sa manière en déclarant que l’ambassadeur de France aurait rapporté à Touadera que Yandocka était poursuivi deux fois en France sans être arrêté. Cette déclaration, relayée par le ministre lui-même sur les réseaux sociaux, insinue une mentalité douteuse de la part du député Yandocka et crée une polémique sur la nature des relations diplomatiques et des déclarations de cette nature dans cette affaire délicate.
Les démocrates en Centrafrique et le questionnement sur l’attitude de la France: à quel jeu joue Paris ?
Le comportement des autorités françaises vis-à-vis des démocrates et défenseurs des droits et des libertés en Centrafrique suscite depuis quelques années des interrogations et des doutes croissants au sein de la population. Après les déclarations attribuant à l’ambassadeur de France la situation juridique du député Éphrem Dominique Yandocka à Paris, de nombreuses voix se lèvent pour questionner les intentions de la France sous Macron dans cette affaire. Les Centrafricains se demandent si la France cherche réellement à livrer le député de l’opposition Éphrem Dominique Yandocka à Touadera, ou si elle joue un jeu plus complexe et subtil ?
Malgré les violences du régime de Touadera envers la France et les Occidentaux, certains observent que la France adopte une attitude conciliante envers le gouvernement en place. Cette dichotomie soulève des interrogations profondes au sein de l’opposition et de la population centrafricaine, qui se demande quelles sont les véritables motivations et intérêts de la France dans la région.
En réalité, l’affaire autour du député Éphrem Dominique Yandocka en République centrafricaine met en lumière les tensions politiques et diplomatiques qui règnent dans le pays. Les événements qui ont suivi son arrestation ont suscité des controverses et des questionnements quant au respect des droits politiques et à l’indépendance judiciaire.
L’intervention de Bruno Foucher, l’ambassadeur de France dans cette affaire, a ajouté une dimension supplémentaire à l’épaisseur de la polémique, soulevant des interrogations sur les intentions et les actions de la France dans le pays. Les déclarations contradictoires et les allégations de la part des autorités françaises et centrafricaines ont contribué à alimenter le débat et à nourrir les suspicions quant aux relations entre les deux pays.
Affaire à suivre.
Par Alain Nzilo
Directeur de publications
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