La douane de Béloko révèle l’ampleur des failles de contrôle : entre pillage minier chinois et contrebande sophistiquée
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Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
La conférence-débat organisée la semaine dernière à la recette des douane de Béloko a dévoilé une situation inquiétante à la frontière centrafricano-camerounaise, où s’entremêlent exploitation minière chinois incontrôlée et contrebande de plus en plus sophistiquée. Les responsables douaniers ont dressé un tableau des multiples défaillances qui compromettent l’efficacité des contrôles frontaliers.
Au cœur des inquiétudes figure l’impuissance des services douaniers face aux exploitants miniers chinois. “Les opérateurs chinois des sites miniers sont toujours accompagnés par des militaires qui empêchent tout contrôle effectif de la douane “, a déclaré un haut responsable de la douane de Béloko. Ces escortes militaires, censées protéger les intérêts de l’État, agissent en réalité comme un bouclier protégeant les convois de toute inspection douanière.
Le système de contournement de la douane par les opérateurs miniers apparaît particulièrement bien rodé. Les convois ne se présentent même plus aux autorités locales et ignorent délibérément les procédures douanières standard. “Un simple coup de téléphone venant de loin suffit à ordonner la libération immédiate d’un véhicule en cours d’inspection”, confie un agent sous couvert d’anonymat, illustrant l’ampleur des pressions exercées sur les services douaniers.
Parallèlement à cette situation, les agents de la douane font face à une multiplication inquiétante des méthodes de contrebande traditionnelle. “Les fraudeurs exploitent désormais les pistes secondaires avec des motos et des véhicules légers pour contourner nos points de contrôle”, explique un inspecteur de douane. Cette prolifération de routes alternatives autour de Béloko crée de véritables passoires dans le dispositif de surveillance, permettant aux marchandises d’échapper à tout contrôle.
Le phénomène s’accompagne d’une sophistication croissante des méthodes de dissimulation. Les agents de la douane signalent une recrudescence des fausses déclarations où des marchandises fortement taxées sont camouflées sous l’apparence de produits moins imposés. “On découvre du sucre dans des sacs étiquetés riz, ou des produits importés d’Asie réemballés comme productions locales”, révèle un douanier chevronné.
Les échanges ont également dévoilé l’absence criante d’un système d’information partagé entre les services douaniers. Sans base de données commune ni moyens de communication moderne, les fraudeurs peuvent aisément jouer sur les incohérences entre les déclarations faites des deux côtés de la frontière. Cette situation est particulièrement problématique pour le suivi des flux financiers, avec des transferts dépassant régulièrement les limites légales sans possibilité de contrôle effectif.
Face à ces défis multiples, les services douaniers de Béloko se retrouvent dans une position délicate. D’un côté, ils doivent gérer la pression exercée par les opérateurs miniers bénéficiant de protections politiques et militaires. De l’autre, ils tentent de contenir une contrebande de plus en plus inventive avec des moyens techniques largement insuffisants.
La situation est d’autant plus préoccupante que ces failles dans le système de contrôle ont des répercussions directes sur les recettes de l’État. Le flux constant de véhicules sortant des zones minières sans contrôle, combiné à l’ingéniosité croissante des contrebandiers, représente une perte significative pour les finances publiques centrafricaines.
Les responsables douaniers appellent à “une décision suprême” pour restaurer leur autorité de contrôle, tout en reconnaissant leur incapacité actuelle à faire respecter la réglementation douanière. Cette situation met en évidence la nécessité urgente d’une réforme profonde du système de contrôle frontalier, incluant tant les aspects techniques que la question sensible des interventions extérieures dans le travail des douaniers.
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