Les groupes armés font la loi : une vingtaine de réfugiés ont été tués le 8 juillet à l’intérieur des bâtiments de la cathédrale Saint-Joseph à Bambari, alors qu’à Bangui monte l’angoisse d’une flambée de violence.
Entre 17 à 22 personnes ayant trouvé refuge à l’intérieur du complexe de la Cathédrale Saint-Joseph, dans le centre de Bambari, au cœur de la Centrafrique, ont été tuées, le 8 juillet, dans le cadre d’un assaut perpétré par 30 à 50 rebelles de l’ex-Séléka pour beaucoup, par des combattants musulmans non apparentés aux anciens rebelles pour d’autres.
D’après des informations de l’Eglise en République Centrafricaine, rapportées par l’agence Fides, les rebelles auraient également dépouillé les évacués et mis à sac le complexe de la Cathédrale qui comprend l’Evêché et une école privée où, depuis plusieurs semaines, sont réfugiées des milliers de personnes fuyant les violences entre les combattants Seleka et anti-balaka.
Sur l’identité des auteurs de la sanglante attaque de la cathédrale, les versions divergent : selon une source de la Misca (la force africaine présente sur place avec Sangaris, la force française, et l’Eufor, la force européenne). il s’agissait d’ « hommes armés portant des boubous et des uniformes militaires identifiés comme étant des ex-Séléka ». Joints par Jeune Afrique, l’entourage du ministère français de la Défense et autres sources ont eux aussi accusé des éléments de l’ancienne rébellion. Or, selon Mgr Edouard Mathos, l’évêque de Bambari, il s’agirait de jeunes musulmans non apparentés aux anciens rebelles. Il soutient même que lundi, vers 16h 30 (locales), des membres de la Séléka ont porté secours aux civils de l’évêché, chassant les assaillants.
Tous s’accordent pour dire que cette question est d’autant plus délicate que les anciens rebelles sont particulièrement divisés, en fonction de leurs origines géographiques et ethniques, car issus de deux branches différentes dont les intérêts et positions ne sont pas les mêmes.
« Ce qui se passe à Bambari est indicatif de la tendance présente dans le pays, qui risque de se briser,et c’est là la préoccupation de tous » déclaraient d’autres sources à l’agence Fides, qui signale également une situation explosive à Bangui, la capitale, où la situation semble calme pour le moment, mais où une flambée de violence soudaine pourrait se déclencher.
Le 1 juillet dernier, Mgr Edouard Mathos, débordé par l’affluence des réfugiés (12 000) dans la cathédrale, avait lancé un appel de détresse pour obtenir de toute urgence une aide humanitaire. Plusieurs ONG étaient venues constater la situation, mais aucune aide e n’est arrivée. Il manque de tout, non seulement de nourriture, mais aussi des grandes toiles pour permettre aux gens de s’allonger. Seule la Croix-Rouge leur apporte de l’eau.
Dans ce climat particulièrement tendu et inquiétant, les évêques centrafricains ont lancé un appel désespéré : « Les groupes armées font la loi en Centrafrique … Tuer, incendier des maisons, voire des villages entiers, traquer des gens en brousse deviennent désormais des actes anodins et sans poursuite judiciaire. La vie humaine ne semble plus avoir de prix (…) », dénoncent-ils dans un message publié le 2 juillet à Bangui (cf. Aleteia)
Les évêques, qui décrivent leur pays comme « une grande prison à ciel ouvert où les groupes armés écument la campagne en semant la mort », dénoncent les innombrables attaques contre les religieux en plusieurs endroits du pays notamment les tortures et la tentative d’assassinat de l’évêque de Bossangoa, dans l’ouest du pays, l’horrible et cruel assassinat de l’abbé Christ Foreman Wilibona du diocèse de Bossangoa, la torture psychologique imposée aux prêtres et aux religieux de Dékoa (centre du pays).
Les évêques citent également le récent massacre perpétré contre les déplacés du site de la paroisse Notre-Dame de Fatima à Bangui (17 morts le 28 mai) au cours duquel l’abbé Paul-Emile Nzalé a été abattu et les crimes odieux commis contre les pasteurs de l’association des églises évangéliques en Centrafrique.
Dans un message publié à l’issue de leur assemblée plénière, le 28 juin dernier, la Conférence épiscopale de Centrafrique fait part de sa détresse et désespoir, listant toute une série d’obstacles qui empêchent le pays de ce temps de crise et de tensions intercommunautaires. Insécurité, impunité, menaces visant le personnel pastoral, institution de l’Etat en panne, précarité et insécurité alimentaire, précarité sanitaire, économie exsangue et partition du pays en deux (cf. Message intégral sur Radio Vatican /Afrique) .
Sources: agence Fides – Jeune Afrique – Radio Vatican /Afrique/Aleteia