Koundé : L’Appel du Chef Beda Anatole Mohamed pour l’Éducation des Enfants du Village….
Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique.
À Koundé, localité située à 570 kilomètres de Bangui et à 40km de Béloko, l’école construite en 1958 se vide progressivement de ses élèves et enseignants, attirés par les sites miniers artisanaux. Le chef du groupe numéro 1 du village, Beda Anatole Mohamed, témoin de cette déscolarisation croissante, tire la sonnette d’alarme.
En effet, nous avons eu le privilège d’écouter cet homme, monsieur Beda Anatole Mohamed , un ancien élève de ce village, un acteur politique du passé, et aujourd’hui, un gardien des traditions et des espoirs de sa communauté. À travers son récitau micro du CNC, il nous livre une analyse et sans concession des problèmes que rencontre Koundé en matière d’éducation.
Un Parcours , Une Vie au Service de la Communauté de Koundé
Le chef du groupe de Koundé, Beda Anatole Mohamed, commence d’abord par nous parler de son enfance, des années 50, où il faisait ses premiers pas à l’école du village. Il a connu l’âge d’or de cette école sous la direction de Vincent Albert Boulam. C’était une époque où l’éducation n’était pas un droit pour tous, mais une chance rare. Après Koundé, il poursuit son parcours scolaire à Baboua puis au collège de Bouar. Ces années, pointées par les rigueurs de l’école coloniale, sont aujourd’hui des souvenirs vivants qu’il raconte avec un mélange de nostalgie et de réalisme.
Son chemin l’amène à jouer un rôle important dans la politique locale. D’abord secrétaire du parti MESAN à Koundé, il quitte le village pour Berongo sous le régime de l’empereur Bokassa, où il continuera son engagement. Toutefois, l’âge et les responsabilités familiales l’incitent à revenir dans son village natal. À la mort de ses parents, il choisit de s’enraciner à Koundé, où il se lance dans l’agriculture, cultivant la terre aux côtés de ses frères et fondant sa propre famille. C’est là qu’il devient chef du groupe, héritant de la sagesse des anciens tout en portant les espoirs des jeunes générations.
L’Éducation, Un Combat de Tous les Instants du chef Beda Anatole Mohamed de Koundé
Aujourd’hui, le chef du groupe de Koundé, Beda Anatole Mohamed, a un message clair à transmettre : l’éducation des enfants du village est une priorité, mais elle est gravement compromise par plusieurs défis majeurs. Parmi les problèmes qu’il souligne, le manque criant d’enseignants est sans doute le plus frappant. Selon lui, l’école de Koundé, autrefois un symbole d’espoir et de progrès, peine aujourd’hui à répondre aux besoins des élèves. Il explique que les enseignants, souvent très peu rémunérés, sont contraints de partir travailler sur les chantiers miniers, là où l’on peut gagner de l’argent rapidement.
“Il n’y a pas suffisamment d’enseignants. On nomme un directeur pour une année avec quelques maîtres-parents. Sans rémunération, ces derniers délaissent les salles de classe pour travailler dans les chantiers miniers, tout comme leurs élèves”, explique le chef du groupe.
Ces chantiers, en pleine expansion dans la région, deviennent un piège pour de nombreux jeunes, qui abandonnent l’école pour se lancer dans l’exploitation des ressources minières.
Ce phénomène a des conséquences dramatiques. Si, à première vue, les mines semblent offrir un moyen de survie immédiat, elles engendrent un cercle vicieux où les enfants, loin d’être instruits, se retrouvent pris dans un travail précaire, sans avenir. Les chantiers miniers, selon le chef de Koundé, sont l’un des plus grands obstacles à l’éducation dans le village. Il constate, avec amertume, que de plus en plus d’enfants choisissent de quitter l’école pour se rendre sur ces sites, attirés par la promesse d’une rémunération rapide, mais sans véritable perspective d’avenir.
Les Enseignants, Maîtres et Modèles
Un autre défi qui pèse sur l’éducation dans le village est la qualité de l’enseignement. Le chef évoque la situation des enseignants, souvent désabusés, mal rémunérés et en manque de motivation. Il déplore l’absence d’une gestion stable et efficace des écoles. Un directeur est nommé, mais il arrive avec seulement un ou deux maîtres-enseignants. Et quand ceux-ci ne sont pas payés à temps, ils cherchent un autre moyen de subsistance, souvent en rejoignant les chantiers miniers eux-mêmes. Dans ces conditions, l’éducation devient un combat quotidien.
Loin d’être une simple question de salles de classe vides ou de programmes scolaires inadaptés, l’absence d’enseignants qualifiés, ou leur désertion en raison des conditions de travail précaires, est un mal profond qui touche toute la structure éducative du village. Le chef souligne qu’un enseignant, c’est plus qu’un simple transmetteur de savoir ; il incarne un modèle, une figure d’autorité et de respect pour les enfants. Si cet exemple disparaît, il ne reste que le vide.
L’Espoir pour un Avenir Meilleur à Koundé
Le chef de Koundé, dans son entretien, ne se contente pas de décrire les problèmes ; il plaide également pour des solutions. Il rêve d’un avenir où les enfants de son village pourront recevoir une éducation digne de ce nom, sans avoir à sacrifier leur avenir pour une promesse illusoire d’argent facile sur les chantiers miniers. Il appelle les autorités locales, les partenaires internationaux, ainsi que les élites de la région à se mobiliser pour soutenir l’éducation, renforcer les infrastructures scolaires, et surtout, garantir un salaire juste et régulier pour les enseignants.
L’éducation, pour lui, est la clef de tout progrès. C’est par elle que les jeunes de Koundé pourront se construire un avenir différent, plus radieux. En attendant, il continue de défendre sa terre, son village, et surtout, son peuple, convaincu que, malgré les obstacles, l’espoir peut renaître si des actions concrètes sont entreprises.
Cet entretien avec le chef de Koundé nous rappelle que derrière chaque défi se cache une volonté farouche de changement. Mais pour que ce changement soit possible, il faut agir collectivement, et l’éducation doit être la priorité de tous. C’est l’espoir de ce chef de village, un homme simple, mais porteur d’un rêve grand et noble pour son peuple.
L’avenir de Koundé, comme celui de toute communauté, repose sur les épaules de ceux qui croient en l’éducation. Le chemin sera long et semé d’embûches, mais tant que la détermination demeure, rien n’est impossible.
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