Jeunes en politique : comment Les partis politiques centrafricains cultivent une génération des mécontents

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Jeunes en politique : comment Les partis politiques centrafricains cultivent une génération des mécontents

 

Jeunes en politique : comment Les partis politiques centrafricains cultivent une génération des mécontents
Regis Lionel Dounda, ancien ministre de la jeunesse et des sports

 

Par la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique.

 À 32 ans et diplômé en droit public, Antoine pensait faire carrière en politique. Après trois ans d’engagement actif dans le parti présidentiel, le cœur uni, il reste cantonné aux tâches subalternes  de griot  des Wagner : organisation des meetings, mobilisation des jeunes pour les marches. Une situation qui reflète le sort de nombreux jeunes centrafricains dans les partis politiques centrafricains  , réduits au rôle de fantassins électoraux ou des griots des Wagner.

 

Une jeunesse marginalisée dans les partis politiques centrafricains

 

Dans les différents quartiers de la capitale centrafricaine Bangui, ils sont nombreux, ces jeunes diplômés qui rêvent de servir leur pays à travers l’engagement politique. Bardés de diplômes, débordant d’énergie et d’idées nouvelles, ils se heurtent pourtant à un plafond de verre. “Les partis politiques centrafricains  nous utilisent comme des appâts électoraux”, témoigne un jeune militant du MCU qui préfère garder l’anonymat. “On nous promet monts et merveilles pendant les campagnes, mais une fois les élections passées, nous retournons dans l’ombre“.

 

Le constat traverse les clivages politiques. Du MCU au pouvoir jusqu’aux formations d’opposition, les jeunes peinent à accéder aux instances décisionnelles des partis politiques centrafricains. Sur les organigrammes officiels, quelques noms de trentenaires apparaissent parfois, mais leur influence réelle reste limitée.

 

L’argent, nerf de la guerre

 

“Le problème n’est pas tant la compétence que les moyens financiers”, analyse Serge Bayombo, membre du parti URCA. “Même avec des capacités intellectuelles avérées, un jeune sans ressources ne peut pas s’imposer dans la sphère politique“. Cette barrière financière pousse certains à des compromissions, devenant les “griots” de responsables établis pour espérer une promotion.

 

Le système politique centrafricain, fortement monétisé, favorise cette mise à l’écart. Les campagnes électorales coûtent cher, tout comme le maintien d’un réseau d’influence. Sans appui financier conséquent, les jeunes talents se retrouvent prisonniers des échelons inférieurs des appareils partisans.

 

Une démocratie interne défaillante  aux partis politiques centrafricains

 

“Il n’y a même pas de démocratie à l’intérieur des partis politiques centrafricains  “, déplore Elisée Nguimalé, observateur de la vie politique. “Celui qui crée son parti le gère comme une propriété personnelle“. Cette personnalisation excessive bloque le renouvellement des cadres et l’émergence de nouvelles figures.

 

Les rares tentatives de promotion des jeunes se heurtent souvent au prétexte de l’inexpérience. “On nous dit d’attendre notre tour, que nous ne sommes pas prêts”, raconte un militant de 29 ans. “Mais comment acquérir de l’expérience si on nous maintient toujours aux mêmes postes ?”

 

Des conséquences dangereuses

 

Cette frustration politique de la jeunesse n’est pas sans risque. Certains, désabusés par les partis politiques centrafricains  traditionnels, se laissent tenter par des groupes armés. D’autres monnayent leur militantisme, passant d’un camp à l’autre au gré des offres financières.

 

“Notre système des partis politiques centrafricains  fabrique une génération de cyniques“, alerte un professeur de sciences politiques à l’Université de Bangui. “Ces jeunes perdent foi en la démocratie et développent une vision purement mercantile de l’engagement politique“.

 

Des exemples ne manquent pas

 

Pourtant, d’autres pays africains montrent qu’une autre voie est possible. Au Rwanda, au Sénégal, en Éthiopie ou au Ghana, des trentenaires occupent des postes ministériels ou dirigent des institutions importantes. Leur réussite prouve que la jeunesse, quand on lui en donne les moyens, peut contribuer efficacement à la gouvernance.

 

Pour sortir de l’impasse, plusieurs voix suggèrent l’instauration de quotas jeunes dans les instances dirigeantes des partis. D’autres préconisent la création d’un fonds de soutien aux jeunes engagés en politique. Mais la vraie solution passe peut-être par un changement de mentalité des responsables politiques actuels.

 

L’avenir de la démocratie centrafricaine dépend largement de sa capacité à intégrer sa jeunesse dans le processus décisionnel. Sans cette évolution, le risque est grand de voir une génération entière se détourner de la politique traditionnelle, au profit de formes d’engagement plus radicales.​​​​​​​​​​​​​​​​

 

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