Les prélats ont publié un communiqué dans lequel ils incriminent autant les anti-balakas que les ex-sélékas
Dans un message publié à Bangui, les évêques centrafricains ont décrié les comportements des groupes armés en évoquant notamment l’ex-rébellion Séléka et les milices anti-balaka. La loi appartient aux détenteurs illégaux d’armes et aux groupes armés, en l’occurrence les ex-Séléka, les anti-balaka, des groupes d’autodéfense, des archers (peuls) de la commune d’élevage d’Ourou Djafoun de Bambari (centre), des Mbararas (nomades tchadiens) et l’armée de résistance du seigneur LRA (guérilla ougandaise), affirment-ils. Les tueries de masse ont certes diminué à Bangui, mais la République Centrafricaine est loin de retrouver sa quiétude d’antan. L’insécurité a encore droit de cité, poursuivent les évêques qui décrivent leur pays comme une grande prison à ciel ouvert où les groupes armés écument la campagne en semant la mort.
Dans les conflits opposant principalement l’ex-rébellion Séléka, aux milices anti-balaka, tuer, incendier des maisons voire des villages entiers, traquer des gens en brousse deviennent désormais des actes anodins et sans poursuite judiciaire. La vie humaine ne semble plus avoir de prix, disent les évêques. Ce message été publié mercredi 2 juillet alors que 03 personnes étaient tuées et une blessée au cours d’une attaque lancée dans la matinée par des ex-Séléka contre le village de Ngakobo, situé près de Bambari (centre), faisant fuir la population en brousse, selon une source de la force africaine de paix déployée en Centrafrique (Misca).Joint par l’AFP, Ahmad Nejad, porte-parole de l’état-major Séléka, a déclaré que des éléments sont allés à Ngakobo pour protéger la population, après avoir été informés d’une attaque d’anti-balaka contre des civils. Mais ce n’était pas pour tuer des habitants. A chaque attaque menée contre les civils, les Séléka comme les anti-balaka démentent être responsables.
Les évêques notent que face à la recrudescence des actes abominables et criminels, la déliquescence de l’Etat consacre un régime fondé sur l’impunité et compromet la garantie des droits fondamentaux inhérents à chaque citoyen. Voilà la raison pour laquelle, ils dénoncent les innombrables attaques contre les religieux en plusieurs points du pays notamment les tortures et la tentative d’assassinat de l’évêque de Bossangoa (ouest) en compagnie de trois de ses prêtres, l’abominable et cruel assassinat de l’abbé Christ Foreman Wilibona du diocèse de Bossangoa, la torture psychologique imposée aux prêtres et aux religieux de Dékoa (centre).Ils citent également le récent massacre perpétré contre les déplacés du site de la paroisse Notre Dame de Fatima à Bangui (17 morts le 28 mai) durant lequel l’abbé Paul-Emile Nzalé a été abattu et les crimes odieux contre les pasteurs de l’association des églises évangéliques en Centrafrique.
Centrafrique: 82 morts et 176 maisons détruites à Bambari
Le ministre de l’Administration du territoire, de la Décentralisation et de la Régionalisation Centrafricain, Aristide Sokambi a effectué une visite en compagnie du Général chef d’état-major de l’opération Sangaris, Eric Bellot Desminières à Bambari, localité touchée par des violents combats entre groupes armés depuis quelques jours. Le dernier officiel fait état de 82 personnes mortes et 176 maisons détruites. Selon les témoignages, la série d’affrontements et de représailles perpétrée par les ex-rebelles et les miliciens anti-balaka se sont transposées dans la population locale désormais «ce sont des civils armés qui s’en prennent à leurs voisins et cela complique beaucoup la donne» a déclaré un curé de la ville, l’Abbé Félicien Bernard Endjimoyo. Les combats sont partis de l’annonce de la mort de 17 peuhls musulmans qui auraient été tués par des miliciens anti-balaka présumés, hostiles aux séléka, à Bambari.