Est-ce que la mort de Boganda, Dacko et Bokassa a enterré les diplômes dans la Lobaye ?

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
Depuis 2016, la lobaye est représentée à l’assemblée nationale par des députés sans baccalauréat. Alors, on se demande si Boganda, Dacko et Bokassa sont-ils partis avec le savoir de leur région ?
La Lobaye, cette préfecture du sud-ouest de la Centrafrique, a donné au pays trois figures historiques et très respectées : Barthélemy Boganda, prêtre catholique et père de l’indépendance, David Dacko, instituteur devenu premier président, et Jean-Bédel Bokassa, militaire au parcours controversé, mais bâtisseur de la nation. Ces hommes, tous nés dans la Lobaye, avaient un point commun : ils incarnaient une forme de savoir, une ambition intellectuelle qui faisait la fierté de leur région. Mais aujourd’hui, quand on regarde les députés qui représentent la Lobaye, élus en 2016 et soutenus à nouveau par le Mouvement Cœurs Unis (MCU) pour les législatives de 2025, on se demande : où sont passés les diplômes ? Pourquoi la région semble-t-elle dirigée par des élus qui, pour beaucoup, n’ont pas le baccalauréat, voire aucun bagage scolaire solide ?
Prenons quelques noms. Magloire Makango, député actuel de Mbaïki 5, est pointé du doigt par son collègue Brice Kevin Kakpayen pour n’avoir aucun diplôme de niveau baccalauréat. Narcisse Dambalet à Boda, Jean-Claude Ngonga à Mbaïki, Michael Yengbé du village Boganda, qui n’aurait pas dépassé le CE1, et même Ngoïta, musicien à Mongiumba, forment une liste d’élus ou de candidats reconduits par le MCU sans répondre aux exigences de la Constitution de 2023. Ce texte, adopté en août 2023, demande pourtant un baccalauréat ou équivalent pour tout candidat à l’Assemblée nationale (article 153). Alors, comment ces élus, déjà en place depuis 2016, peuvent-ils être soutenus pour un nouveau mandat ?
La réponse semble tenir en un nom : Donatien Maleyombo, directeur du cabinet particulier du président Faustin-Archange Touadéra. Ces députés sans diplômes, par coïncidence, tous étaient des signataires d’une pétition contre l’obligation du baccalauréat, bénéficient de son appui. Pour beaucoup dans la Lobaye, cela montre une chose : le pouvoir préfère des élus loyaux à des élus compétents. Brice Kevin Kakpayen, député de Mbaïki 1, l’a appris à ses dépens. En dénonçant Makango et en critiquant les règles du jeu au sein du MCU, il s’est vu poussé vers la sortie. Résultat : il a quitté les primaires du parti et se présente comme indépendant pour 2025, dénonçant un système qui favorise les « sans-diplômes ».
Mais revenons à la question qui fâche : pourquoi la Lobaye, berceau de leaders instruits, en est-elle là ? Boganda, Dacko et Bokassa, malgré leurs différences, représentaient une aspiration à l’éducation. La région a des écoles, des familles qui ont vu leurs enfants réussir, une histoire riche. Pourtant, les élus actuels donnent l’impression que tout ça a disparu. « Est-ce que ces trois présidents sont morts avec les diplômes de la Lobaye ? » demandent certains habitants, mi-amers, mi-ironiques. La réalité, c’est que l’éducation n’est plus une priorité pour ceux qui choisissent les candidats. Le MCU, en soutenant des figures comme Yengbé ou Ngoïta, semble dire que le savoir ne compte pas face à la fidélité politique.
Cette situation pose un problème plus large. La Constitution de 2023, en exigeant un baccalauréat, voulait donner une image de sérieux à l’Assemblée nationale. Mais si le parti au pouvoir ferme les yeux sur ses propres élus, à quoi sert cette règle ? L’opposition, déjà méfiante, y voit une preuve que les lois ne s’appliquent qu’à ceux qui dérangent. À Mbaïki, comme à Boali où l’ancien Premier ministre Firmin Ngrébada fait face à des tensions similaires, le MCU montre des signes de division. Ces querelles, ou « coup bas » comme on dit localement, risquent de coûter cher au parti en 2025.
Pour les habitants de la Lobaye, c’est une question d’honneur. Leur région a porté des hommes qui ont façonné la Centrafrique. Voir des députés incapables de lire un texte de loi, c’est comme une insulte à cet héritage. Ils se demandent si l’école, jadis un moteur de fierté, a été abandonnée. Et ils pointent du doigt le pouvoir, incarné par Touadéra et son entourage, qui semble instrumenter cette baisse de niveau pour mieux contrôler la région….
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