En RCA, les Pygmées défendent leurs droits
Bangui ( République centrafricaine ) – L’initiative est portée par deux jeunes Pygmées qui ont fait des études de droit à l’université de Bangui.
Il n’est pas facile d’être Akka et Bayaka en Centrafrique. Ce peuple autochtone est appelé de façon péjorative Baminga – un terme qui signifie” sous-homme”. Contrairement aux autres communautés, chez les Baminga, c’est la femme qui est le chef de foyer.Peuple laborieux, les Bamingas travaillent la terre, vivent de la chasse et des produits ligneux. Ils aiment aussi chanter et danser. Mais derrière cette joie de vivre se cache un sentiment d’infériorité que Simon Ekondo combat. “Nous les Bayaka, on a un conplexe d’infériorité depuis la naissance. Et c’est cela qui nous tue au sein de la communauté. Les non Bayaka disent que nous sommes leurs gars. Et nous aussi, on va travailler chez eux, on fait de petits jobs chez eux. Cela augmente le complexe d’infériorité qui rythme notre vie”, explique Simon Ekondo qui a désormais une vision claire de ce que signifie le complexe d’infériorité.Cecile Aya est étudiante en droit. Elle s’engage aussi pour faire valoir la capacité artistique des Bayaka en conscientisant les populations autochtones à travers des réunions communautaires et des émissions à la radio.”Mon travail en ce moment c’est de toucher la communauté et montrer qui sommes nous premièrement, quelle est notre identité pour que mes concitoyens prennent conscience. Beaucoup me traitent de Bamenga, me cela ne me fait ni chaud ni froid, car dans ma tête je me dit que je suis capable de dominer et d’exister et je suis convaincue que je peux atteindre mes objectifs.”Destruction de l’environnementAu-delà des discriminations, les Pygmées doivent aussi faire face à la déforestation qui menace leur environnement car l’économie de la Centrafrique repose en partie sur l’exportation du bois. Ceci constitue une pression sans cesse pour l’ensemble de la communauté des Pygmées qui vit dans la forêt tropicale.”C’est l’Etat qui en est le premier responsable. C’est ce qui fait que notre milieu naturel est détruit. Mais il y a des efforts de faits par les sociétés de conservation des forêts. C’est un effort qu’il faut saluer. Mais ma motivation principale est d’être décideur. Faire partie des gens qui prennent les décisions concernant ma communauté”, estime Simon qui refuse d’être un acteur résigné.Martial Yvon Amolé, responsable de la Maison de la femme et de l’enfant pygmée en CentrafriqueL’histoire de Simon et de Cécile est impressionnante, nous explique Martial Yvon Amolé, responsable de la Maison de la femme et de l’enfant pygmée. “Ils ont une histoire presque similaire, ce sont des enfants qui sont nés dans un village de parents pygmées et ont eu au début de leur scolarisation l’appui des prêtres catholiques de la société des missions africaines. Par exemple, Simon a fait jusqu’au grand séminaire et Cécile aussi a eu l’opportunité de fréquenter le foyer scolaire dans le cadre de soutien de ces prêtres.”Martial Yvon Amolé ajoute que “Simon et Cécile sont des jeunes très engagés qui n’ont pas honte de leur statut de pygmées. C’est pourquoi depuis six mois, Simon travaille avec le centre de droit de l’Homme de Bayanga.”Le chemin est encore long pour Cécile et Simon car l’exclusion, les moqueries et l’exploitation qu’ils subissent de la part des ethnies voisines les poussent à rester dans la forêt. Mais le score obtenu par Simon Ekondé aux dernières élections législatives constitue peut-être le début d’une ère nouvelle pour la communauté des Pygmées.
Avec DW français
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