Yaoundé (Cameroun) – 4 févr. 2020 21:16
Les commodités n’existent pas ici. L’homme nous conduit derrière ce bâtiment en construction, où il montre un ruisseau couvert d’algues et autres détritus urbains :
“Nous utilisons cette eau pour cuisiner, et pour nous laver. Mais quand nous avons soif, nous allons très loin chercher de l’eau fraîche.”
Suite à la crise anglophone, ils sont plusieurs centaines de déplacés internes à vivre ainsi, dans différents quartiers de la ville balnéaire de Limbe.
Ces derniers jours, les arrivées dans cette ville sont massives. Les populations désertent les villages de l’arrière-pays, au fur et à mesure qu’approche le double scrutin du 9 février prochain. Ketcha Chi Derrick, un habitant de Limbe, témoigne :
“Les gens sont en train de fuir leurs villages, abandonnant leurs maisons. Et quand ils restent ici, ils n’ont rien à manger. Ils n’ont pas où dormir. Et ils sont bloqués.”
La peur gagne les populations
Evoquant les élections législatives et municipales, Ketcha Chi Derrick poursuit :
“Les gens ont très peur, peur d’aller même vaquer à leurs activités quotidiennes. Plus encore, pour les élections qui approchent, les gens ont peur de sortir ce jour-là pour voter.”
Le propriétaire de l’immeuble est débordé et dépassé par les événements. Il se dit ruiné par la présence des personnes déplacées internes qui occupent son immeuble :
“Ils sont venus, je suis allé dans ma plantation pour récolter de la nourriture, récolter du plantain, récolter de l’igname, chercher un peu d’argent, acheter du poisson séché à Down Beach, et leur donner. Maintenant, je n’ai plus d’argent.”
Face à ce flux de populations dans la petite ville de Limbe, et l’imminence du double scrutin du 9 février, les autorités déploient des moyens militaires sur le terrain.
Pas un kilomètre sans un dispositif sécuritaire : soldats armes au poing, véhicules militaires en patrouille, dressant des mitraillettes et des rubans de munitions sur leurs toits.
Avec DW français