Au regard de votre droit de réponse au sulfureux Nyamsi, je voudrais faire les mises au point suivantes :
1-Il ne s’agit pas d’un Conseil National de Transition, mais plutôt d’un conseil de résistance et de Transition dont la mission première est de rétablir l’ordre constitutionnel en Centrafrique et de poser les bases de la refondation de notre État.
2-Ce comité se veut inclusif, donc, représentatif de toutes les sensibilités politiques, sociales, culturelles et géographiques de la République centrafricaine.
3-Ce comité n’a ni été créé avec une quelconque complicité de la France ni d’une tierce puissance qui n’existe que dans l’imaginaire de M. Nyamsi. La mise en place du Comité de résistance et de Transition en territoire français se justifie par le fait que ses principaux acteurs résident depuis très longtemps dans ce pays, pour diverses raisons (familiales, professionnelles, académiques, et d’autres y même sont contraints à l’exil). Ce comité, une fois, composé son équipe, pourrait être transféré en Afghanistan, au Pakistan ou dans n’importe quel autre pays. Au-delà, nous sommes tous conscients de la paranoïa sécuritaire qui règne à Bangui, et qui combat systématiquement toute dynamique de lutte démocratique.
4-Désirant s’exprimer pour plaire à son patron Soro, qui, d’ailleurs finance son militantisme, M. Nyamsi s’efforce à créer une similitude entre le Conseil de Transition en Côte d’Ivoire et celui mis en place par des Centrafricains. Il convient ici de lui rappeler que les contextes à la fois politiques et juridiques se diffèrent très largement. Et si Guillaume Soro avait été expulsé du territoire français, comme le souligne Nyamsi, ce n’est pas la faute au Professeur Jean-François Akandji. Soro traîne des casseroles pour son implication évidente dans des coups d’État militaires dans son pays, après son éviction de la Côte d’Ivoire, il a tenté à maintes reprises de déstabiliser militairement son pays à partir d’un territoire étranger. Il est donc manifestement en conflit avec la loi. Ce qui est très loin d’être le cas du Professeur Akandji, qui, n’ayant jamais eu à faire face à aucune juridiction quelconque, a bien le droit, de se constituer, en vertu des articles 28 et 29 de la Constitution du 30 Mars afin d’attaquer la légitimité du pouvoir en place, qui, manifestement a déclaré la guerre au Peuple centrafricain en rompant avec l’ordre constitutionnel.
5-Il me semble aussi et surtout, que, philosophe de son état, M. Nyamsi est un novice du Droit, et donne l’air de manquer de lecture méthodique de la situation présente en Centrafrique. Car, s’il dit que le Président Touadera n’a pas encore commis le viol de la Constitution, tentant de faire une comparaison très maladroite avec la Côte d’Ivoire en 2020, il sied de lui rappeler que la Constitution de la CI n’est pas celle de la RCA, encore moins les contextes politiques et juridiques ne sont pas les mêmes.
a)En RCA, la Cour constitutionnelle a invalidé les décrets portant mise en place du Comité de rédaction de la nouvelle Constitution. La Loi dit que les décisions de la Cour constitutionnelle sont insusceptibles de recours. Or, le Président, malgré avoir pris acte de la décision de la Cour, a procédé à l’éviction de sa Présidente et d’un autre juge, au motif de leur admission à la retraite, violant ainsi manifestement le sacro-saint principe d’inamovibilité des juges de la Cour consacrée par la Loi mère. Cette situation a entraîné la rupture de l’ordre républicain, car la Cour constitutionnelle de la RCA, désormais illégitime et illégale ne saurait plus fonctionner ni assurer le contrôle des lois. Nous sommes clairement d’un vide constitutionnel, qui rompt définitivement à l’existence d’un État de droit. Pour cela, il s’agit ni plus ni moins d’un putsch constitutionnel pour lequel les forces vives de la Nation se doivent de dénoncer, pour appeler à la mise en place d’une Transition susceptible de rétablir l’ordre constitutionnel.
b)Si en Côte d’Ivoire, le Président Ouattara avait réussi son coup, c’est bien parce qu’il y avait une Cour chargée de veiller à la constitutionnalité des lois, qui plus est, valider en dernier ressort, le résultat des consultations populaires. Ce qui n’est pas le cas en Centrafrique. Ce qui m’amène à conclure que M. Nyamsi souffre d’une vraie schizophrénie, et pense que le fait de rassembler 1000 internautes autour d’un live, lui donnerait le pouvoir de parler aux centrafricains et nous faire des leçons de réthorique politique et juridique.
c)Faille-t-il le rappeler encore à M. Nyamsi que, sur sa terre, le Cameroun, règne depuis 40 ans un clan politique qui n’entend rien lâcher, et qu’il lui faudrait orienter son énergie de ce côté que de se mêler de ce qu’il est loin de maîtriser. Il n’aime pas la République centrafricaine plus que les centrafricains. Cela doit être clair pour lui et pour tous les autres panafri-cons qui gravitent autour des autorités de mon pays.
En conclusion, il me paraît essentiel de rappeler ici, que face au coup d’État constitutionnel opéré le 25 Octobre dernier en Centrafrique, tout ce qui nous reste, à nous démocrates, pour défendre l’État de droit et la stabilité de nos institutions, reste ce conseil de résistance. Car, il n’est point dans notre culture de prendre les armes contre nos autorités. Nous mènerons jusqu’à la fin la résistance démocratique et intellectuelle pour que triomphe notre Peuple.
Ben Wilson NGASSAN
Citoyen centrafricain
À lire aussi : Faustin-Archange Touadéra et Danielle Darlan : coulisses d’un bras de fer à Bangui