Bangui (Corbeaunews-Centrafrique) – La pandémie de la covid-19, qui depuis deux mois domine l’actualité mondiale avec ses corollaires, devrait -il imposer un mutisme face aux multiples crimes sexuels commis par certains prêtres centrafricains auxquels on peut citer le cas de Dieu-Béni Banda ?
La question que se posent les familles des victimes, totalement dépitées, comment se fait-il que la hiérarchie religieuse et la justice pourtant saisies tentent d’étouffer ces différentes affaires de viols et pédophilie au grand dam des pauvres adolescentes ?
Certains prêtres ont-ils choisi le sacerdoce pour assouvir leur désir pédophile ou violer des filles ou c’est l’isolement amoureux et sexuel qui est à l’origine du passage à l’actes sur les enfants ?
Il convient de constater que ces deux explications ne semblent être juste, plus probable que le pédophile ou violeur voit en l’institution religieuse une protection contre ses penchants.
Le prêtre pédophile ou violeur se trouve dans un rôle privilégié vis-à-vis de l’enfant, il a une autorité et un rôle éducatif sur l’enfant vulnérable, la prêtrise en elle-même constitue un contexte facilitant.
Dieu-Béni BANDA, prêtre et professeur de latin au Séminaire de Sibut a fait siennes, toutes ces prérogatives pour abuser en toute impunité, de jeunes adolescentes orphelines qui ont accepté de faire sacrifice de leur vie en devenant des sœurs.
Le prêtre pédophile et violeur a jeté son dévolu sur quelques jeunes filles, utilisa toute sa ruse et son intelligence pour endosser le rôle du protecteur bienveillant, de la personne de confiance pour construire une relation d’emprise avec les jeunes filles de 13/15 ans, ses futures victimes sexuelles.
Des témoignages recueillis d’une famille, qui souhaite garder l’anonymat de peur de représailles, Jackie, une orpheline de 14 ans, au terme d’un cours de latin a été attirée dans un guet -apens classique par le prêtre, Dieu-Béni Banda, qui lui demanda d’entrer dans sa chambre pour récupérer du linge sale. Une fois que sa cible s’est introduite dans sa chambre, il s’empressa de verrouiller la porte puis la violée, malgré ses plaintes de pitié. C’est le début du calvaire de cette jeune fille devenue un objet sexuel d’un individu sans foi ni loi que rien n’arrête et cela dura des mois dans le silence total de l’institution religieuse.
Le prêtre indélicat utilisera le même stratagème pour briser sans vergogne la vie d’autres orphelines dont l’une prénommée Cynthia serait même tombée enceinte. Le prêtre avec la complicité d’un de ses frères la cache chez un autre frère qui vit au quartier Lakouanga.
Le calvaire de Cynthia est loin de connaître un heureux dénouement dans la famille du prédateur, car elle a subi au quotidien des violences physiques, qui ont entrainé la perte du bébé né dans des conditions jusqu’ici non élucidées par les autorités judiciaires. Le père de cette dernière M.K qui est un gendarme a aussi déposé plainte contre le pervers sexuel caché sous la soutane et attend que justice soit rendu à sa fille dans un pays où règne l’impunité.
Depuis la dénonciation du prêtre, dénonciation du prête, les langues des victimes qui se chiffrent à plusieurs dizaines commencent à se délier.
Les instances judiciaires centrafricaines sont saisies, mais rendront-elles réellement justice aux victimes afin qu’elles puissent se reconstruire un jour ? Rien n’est moins sûre, car de source proche d’enquêteurs en charge des sulfureux dossiers du prêtre, ce dernier aurait reconnu tous les faits qui lui sont reprochés et proposerait une compensation financière aux familles pour étouffer les affaires, ce que refusent les familles qui veulent aller au bout des procédures en cours.
En attendant, le pervers sexuel qui par ailleurs bénéficie du soutien d’un membre de sa famille proche, un très haut dignitaire de la hiérarchie religieuse en Centrafrique, qui a joué de son autorité pour l’affecter au séminaire de Bangui, le temps de le soustraire à la justice centrafricaine et l’envoyer suivre une formation en Europe.
Les familles ont saisi des associations internationales de lutte contre la pédophilie qui travaillent sur le dossier, mais aussi se mobilisent pour informer directement le Pape François de ces sordides affaires qui, hélas ternissent l’image du clergé et autres serviteurs de Dieu en République Centrafricaine.
Anicet Kamat
Journaliste indépendant