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DECLARATION POLITIQUE DE LA MDSP SUR LA SITUATION DE L’ECONOMIE CENTRAFRICAINE

 

La fin de l’année 2022 s’est terminée dans un contexte de rupture de l’ordre constitutionnel, d’asphyxie de la démocratie et de l’effondrement de l’Etat de droit, tout cela provoqué par la quête effrénée d’un troisième mandat par le Président Faustin Archange TOUADERA. Comme si cela ne suffisait pas, l’année 2023 débute dans un contexte plus cruel, celui de la désagrégation progressive de notre économie et celui d’une très faible mobilisation des ressources intérieures de l’Etat, aggravée par la suspension d’aides budgétaires de partenaires traditionnels et de l’aide publique au développement, la conséquence directe d’une mauvaise gouvernance publique et d’une diplomatie agressive et hasardeuse.

Dominique Désiré ERENON
Dr. Dominique Désiré ERENON

 

 

Nous, Centrafricaines et Centrafricains, attendions de la part du Gouvernement de Félix MOLOUA une politique économique ambitieuse pour réorienter l’activité du pays et tendre vers  l’équilibre budgétaire pour satisfaire nos droits économiques et sociaux. Nous assistons plutôt en ce début d’année à une série de décisions prises par les ministres des finances et de l’énergie puis par les ministres du commerce et des transports augmentant d’environ 77 % les prix des hydrocarbures (essence, gasoil et pétrole), et, d’environ 60 % les prix des transports urbains et interurbains (taxis, bus et taxi-motos). Nous constatons que la politique économique du Gouvernement Félix MOLOUA se décide sans réelle vision et sans préoccupation de l’intérêt général ce qui mène à une impasse économique et sociale nuisible à l’équilibre financier et conditions de développement de notre pays.

 

Ces récentes mesures réglementaires d’augmentation unilatérale des prix des produits pétroliers et des transports en commun montrent l’inconséquence du Gouvernement Félix MOLOUA par rapport aux conditions réelles de vies et de travail des Centrafricaines et Centrafricains.

 

Qui peut comprendre une telle hausse des prix ? Le Premier Ministre Félix MOLOUA et ses ministres ont-ils sérieusement mesuré l’impact de leurs arrêtés interministériels sur les travailleurs, les demandeurs d’emploi et les ménages centrafricains ? Cette hausse des prix est inacceptable pour le peuple.

 

Cette hausse des prix est cruelle et insupportable, par exemple pour un militaire ou homme du rang qui n’a pour solde mensuelle que 54.000 F CFA et qui doit désormais débourser au moins 900 F /jour soit 4500 F la semaine travaillée et 18.000 F le mois travaillé. Dans ces conditions, ce militaire ne disposerait réellement que de 36.000 F par mois pour se loger, se nourrir, se vêtir, se soigner et s’il est père de famille avec des enfants scolarisés, sans oublier l’assistance aux parents, c’est le calvaire assuré pour lui.

Cette hausse des prix est cruelle et insupportable pour les étudiants, surtout les non boursiers habitant les quartiers périphériques de Bangui et qui doivent se rendre quotidiennement à l’Université de Bangui.

 

Cette hausse des prix est cruelle et insupportable pour les conducteurs de taxis, bus et mototaxis qui doivent, le matin payer très cher le litre du carburant et, ensuite faire des versements  chaque soir à leurs patrons.

 

Cette hausse des prix est cruelle et insupportable pour les victimes du chômage, notamment les jeunes diplômés qui doivent se déplacer pour aller chercher du travail, passer des entretiens d’embauche ou déposer des dossiers de candidatures.

 

Cette hausse est cruelle et insupportable pour les ménages, les familles et les enfants qui subissent de plein fouet la détérioration brutale de leurs conditions de vie.

 

La politique économique du Gouvernement Félix MOLOUA ne semble guère reposer sur un projet sérieux pour les Centrafricaines et les Centrafricains car elle détruit le tissu social et conduit à la fuite des investisseurs. Sinon, elle serait tournée vers la création d’emplois, l’amélioration du niveau de vie, de la qualité de vie, de la réduction des inégalités, de la justice sociale et de la solidarité nationale, l’accroissement du PIB et un taux d’inflation le plus bas possible.

En conséquence, nous :

  1. dénonçons fermement la politique économique du Gouvernement Félix MOLOUA et considérons que toute augmentation des prix des produits pétroliers et des transports en commun est malvenue dans le contexte actuel et ne devrait se faire, le cas échéant, qu’après un dialogue social (Conseil Economique et Social, organisations syndicales et représentants de la société civile) dans un souci de préservation de l’équilibre économique et social dans notre pays ;
  2. demandons le retrait pur et simple des deux (2) récents arrêtés interministériels fixant à la hausse, d’une part les prix des hydrocarbures et, d’autre part les prix des transports urbains et interurbains ;
  3. demandons aux différentes associations syndicales de notre pays de se mobiliser pacifiquement pour faire valoir leurs droits économiques et sociaux ;
  4. tenons ce Gouvernement pour responsable de la désagrégation de l’économie centrafricaine, de la détérioration aigüe des conditions de vie et de travail des Centrafricaines et Centrafricains ;
  5. demandons aux Députés de la Nation, sous peine de complicité avec le Gouvernement, d’user de leurs pouvoirs constitutionnels pour interpeller et au besoin voter une motion de censure contre le Gouvernement que dirige M. Félix MOLOUA, un Premier Ministre à l’allure d’un intérimaire, taiseux et mystérieux sur les sujets les plus graves qui concernent notre nation.

Fait le 10 janvier 2023

Le Président de la MDSP

 

Dr Dominique Désiré ERENON

À lire aussi : Pourquoi Touadera a-t-il choisi Moloua pour la primature ?

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